Et si Adam avait survécu à la disparition d'Eden ?
Et si, créé avant la mort-même, il était immortel ? Il arpenterait le monde, épuisé par le cycle éternel de vie et de mort de l'humanité. Sous ses côtes, bat le cœur d'Ève ; dans sa mémoire, son souvenir faiblit pourtant.
Il n'est pas seul : disséminés à travers le monde, à l'abri des regards, les bêtes du Jardin agissent, exilés éternels mais puissants métamorphes : Pie, Corbeau, Chouette... leurs actions inconnues des hommes.
Mais voilà que des morceaux du Jardin réapparaissent, suscitant la convoitise. Avec l'aide des premiers animaux, Adam doit empêcher qu'il devienne le jouet de l'humanité. Après des siècles de solitude, pourra-t-il sauver son foyer perdu depuis longtemps ?
Le reconstruire pourrait bien être la clé pour reconstruire sa vie.
Recréer l’Éden
Voilà l’histoire d’Adam, le premier homme, qui parcourt le monde depuis… Combien de temps déjà ? Il ne le sait plus tellement il a enchaîné les vies, d’abord aux côtés d’Ève, puis seul. Pourquoi n’est-elle plus là d’ailleurs ? Immortel, Adam a le cœur d’Ève sous sa poitrine depuis qu’ils se les ont échangés au début des temps. Sur Terre, Adam est un martien mais il a de la compagnie : Pie, Corbeau, Chouette, tous des animaux du Jardin d’Éden qui ont fini par prendre forme humaine. Et les voici confrontés au retour de fragments de l’Éden : ici une rose, ici autre chose. Adam se retrouve au cœur des manigances des humains, ses enfants, qui vont le pousser à la violence. Mais si reconstruire le Jardin pouvait donner sens à sa vie ? Et à celle d’Ève ?
Un roman poétique
Et voici donc les nouvelles aventures d’Adam, le premier homme de la Bible (maintenant séparé d’Ève, il faut lire le roman pour comprendre pourquoi), perdu dans notre modernité et perclus des cicatrices (physiques) de notre histoire. Les oiseaux du paradis est un roman qui prend son temps pour créer une ambiance au final très mélancolique. Progressivement, le lecteur prend en empathie cet Adam un peu bourru, hors du temps, qui rêve au fond de revoir son monde perdu. Et, reconnaissons-le, on se prend au jeu, on (c’est-à-dire moi et bientôt vous) a envie de savoir ce qui s’est passé et surtout ce qu’il va lui arriver. Car le pauvre Adam est une créature bien seule, comme nous tous au fond : voilà la triste condition humaine. À lire donc.
Sylvain Bonnet