Une valse pour les grotesques

Une valse pour les grotesques de Guillaume Chamanadjian, une belle réflexion sur la création !

Guillaume Chamanadjian s’est fait connaitre avec la trilogie Capitale du Sud, qui faisait partie du cycle La Tour de garde écrite conjointement avec Claire Duvivier. L’auteur revient chez le même éditeur Aux forges de Vulcain avec cette fois un one-shot dans un univers indépendant, Une Valse pour les grotesques, publié en octobre 2024.

Bienvenu à Schattengau

L’histoire se déroule au début du XIXe siècle à Schattengau, ville nichée au cœur des Alpes et créée par le savant-astrologue Mirabile. La ville est célèbre pour ses grotesques (des statues représentant d’étranges créatures) et son université, où Johan von Capriccio étudie l‘obstétrique et met ses talents de ciroplaste au service du professeur Gast. Il connait bien la ville et mène une vie tranquille, jusqu’à ce qu’il attire involontairement l’attention de Catherine von Grunewald, femme du margrave (le dirigeant de la cité).  Elle le charge d’essayer de comprendre la véritable nature de son fils, dont la naissance a été cachée car il est né difforme avec des cornes et des pattes de bouc. Sa route va aussi croiser celle d’une jeune mercenaire nommée Sofia, et de Renata, dame de compagnie à la cour. La cité de Schattengau a une grande importance dans le récit, étant au cœur de tout ce qui arrive, au point de presque constituer un véritable personnage. Elle a aussi la particularité de ne figurer sur aucune carte.

Réflexion sur la création

Schattengau semble avoir une place privilégiée dans le monde et une histoire particulière depuis sa fondation. L’Histoire de l’Europe y est même différente de celle que l’on connait dans nos livres d’histoire. Le roman flirte ainsi avec l’uchronie, tout en y ajoutant une touche particulière très bien trouvée. Tout l’intérêt du roman vient de cette découverte progressive de la ville de Schattengau et de ses origines. Pour cela Guillaume Chamanadjian déploie un très bon talent de conteur en donnant des éléments au fur et à mesure du récit, et en arrivant à particulièrement bien immerger son lecteur dans cette Cité si particulière. Le récit contient également son lot de rebondissements, même si le rythme est parfois inégal, avec une fin qui a tendance à traîner en longueur notamment. Les trois principaux personnages sont très réussis, bien construits sans jamais être caricaturaux.  L’art sous toutes ses formes a une grande place dans le roman et rend hommage à plusieurs formes de fictions.

Une Valse pour les grotesques montre ainsi tout le talent de conteur de Guillaume Chamanadjian qui nous offre un excellent roman tout en finesse avec une belle réflexion sur la création. Une très belle lecture à découvrir sans hésitation !