Somna

Un thriller érotique et fantastique : Somna de Becky Cloonan & Tula Lotay

Une femme esseulée en pleine chasse aux sorcières

Bienvenue dans un village anglais du XVIIe siècle où Roland, bailli du village et chef des inquisiteurs puritains, fait brûler une femme reconnue coupable de sorcellerie. Elle s’appelait Greta et Ingrid, la femme de Roland, a du mal à s’imaginer le mal qu’elle a pu commettre. Ingrid est une femme qui s’ennuie dans sa routine, rêvant d’amour et, elle n’ose pas le dire, de sexe. Elle aime son mari mais ce dernier est choqué de la voir gémir (de plaisir) dans ses rêves. Car Ingrid rêve qu’une créature vient la visiter, l’invitant au plaisir et à la luxure. Est-ce d’ailleurs vraiment un rêve où le démon qui vient la tenter ? Une nuit, elle court se réfugier dans une grange où elle s’adonne au plaisir sous l’influence d’une voix… Le lendemain, elle voit Maya, sa meilleure amie, lorgner sur Sigurd, le mari de Greta. La voix -le démon ? - lui montrera ensuite Sigurd et Maya coucher ensemble… Pendant ce temps, des bruits courent sur Ingrid : est-elle la prochaine cible de l’inquisition puritaine ? Et si elle se retrouvait victime d’un complot ?

Un thriller érotique et fantastique

Peu connue en France, Becky Cloonan a travaillé comme dessinatrice chez Dark Horse comics sur Conan et aussi chez Marvel sur des miniséries consacrées à des personnages comme Norman Osborn ou Victor Von Doom alias Doctor Doom. Notons qu’elle a reçu quatre prix Eisner, dont un pour Somna en 2024. L’anglaise Tula Lotay, codessinatrice de cet album, a quant à elle remportée un prix Eisner pour Barnstormers, une série écrite par Scott Snyder. Somna, soyons clairs, ne peut laisser indifférent par son choix d’aborder de front deux thèmes : la persécution des sorcières et la sexualité féminine (mais les deux sont liés si on lit certains historiens). Le dessin est très bon, surtout les séquences « peintes » (c’est l’impression qu’elles donnent). L’histoire est très prenante, on suit Ingrid dans ses fantasmes mais aussi dans la machination dont elle va être la victime. Cela questionne aussi notre vision de la sexualité féminine, vue par des femmes. Et c’est tant mieux.

Une réussite qu’on ne peut que vous exhorter à lire.

Sylvain Bonnet