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La vie secrète des robots

Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 27/03/25  -  Livre
ISBN : 9782381631691
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J’ai été activé, donc j’ai un but, se dit le bot. J’ai un but, donc je sers. Il récita le Mantra du Réveil, suite de sous-programmes vérifiant qu’il tournait avec une efficacité optimale, puis se détacha de sa niche de stockage. Ses cellules d’alimentation étaient à pleine charge, ses systèmes fonctionnels, tout allait bien. Son horloge interne se synchronisa avec Vaisseau et il prit conscience qu’un temps certain avait passé depuis sa précédente activation — mais, pour lui, ça n’avait rien représenté, et rester oisif aurait été bien plus affreux.
« Je sers, annonça le bot à Vaisseau.
– Je t’assigne la tâche neuf cent quarante-quatre dans la file d’attente d’entretien, répondit Vaisseau. Noté ?
– Noté », dit le bot.

Suzanne Palmer est née en 1968 dans le Massachusetts, en Nouvelle-Angleterre, État qu’elle n’a jamais réellement quitté. Aujourd’hui administratrice système sous Linux en milieu universitaire, elle confesse toutefois une passion pour les arts en général, au point de leur avoir consacré ses études initiales. Sa science-fiction, pour l’essentiel publiée dans les pages de la revue américaine Asimov’s, est de celle qui s’amuse des idées et concepts. Et avec un brio tel qu’elle fut saluée par le prix des lecteurs de la revue à sept reprises, et deux fois par le prestigieux prix Hugo.
Sans équivalent en langue anglaise, composé avec le sérieux propre à la collection
« Quarante-Deux », le présent recueil rassemble le meilleur d’une autrice jusqu’ici inconnue dans nos contrées francophones — n’était une unique nouvelle parue en avant-première dans la revue Bifrost.

SylvainB   - le 27/10/2025

Suzanne Palmer - La vie secrète des robots; collection de nouvelles merveilleuses

On connait peu en France Suzanne Palmer qui publie depuis 2005. Elle a l’insigne honneur d’avoir eu deux de ses nouvelles récompensées par le prix Hugo et les éditions du Bélial ont eu la bonne idée de sortir un recueil, La vie secrète des robots en collaboration avec Quarante-deux.

Des pépites…

Et on commence bien avec La vie secrète des bots : sur un vaisseau spatial, bot 9 doit éliminer un nuisible (un rat ?) mais l’enjeu est ailleurs car le vaisseau doit percuter une nef alien pour sauver la Terre. Mais bot 9 ne veut pas mourir et élabore un stratagème pour sauver tout le monde. Cette histoire a reçu le prix Hugo de la meilleure nouvelle longue en 2018 et c’est mérité tant le résultat est amusant, inventif. On retrouve les mêmes personnages dans Les Bots de l’arche perdue, à nouveau prix Hugo de la meilleure nouvelle longue en 2022. Cette fois-ci des bots se prennent pour l’équipage (qui est en sommeil cryogénique). Lorsque le vaisseau arrive à un point où il a besoin d’une intervention humaine, les choses se compliquent et il rappelle à lui Bot 9. C’est très réussi (il paraît qu’il existe une troisième histoire dans le même univers, à suivre). On retrouve la même qualité avec Joe 33%, l’histoire de Joe et de ses implants « intelligents », qui développent leur envie de survivre. Idem avec Scinque numéro trente-neuf où un robot réparateur recréée son compagnon humain… en robot.

Mais tout n’est pas bon

Cependant, certaines histoires sont plus convenues. C’est le cas avec Vol de retour, l’histoire de la vengeance de Fari, victime des hommes sur Caillou 17. Pas très bon. On a droit à quelque chose de très abscons avec La Boîte de tristesse :  Un inventeur, un garçon (son fils), une IA qui observe. C’est compliqué, voire incompréhensible. Dix poèmes pour les mossums, un pour l’homme se veut plus poétique : sur la planète Ékye, un poète en résidence affronte des mossums, des aliens en forme de pierre. Et ça l’inspire. Pourquoi pas. Le niveau remonte avec Ramener Icare : dans l’espace profond, un homme trouve une capsule contenant un humain dans un sale état. Il essaie de savoir ce qu’il lui est arrivé sur la station d’où il vient, mais peut-être aurait-il dû le laisser mourir… On repart dans l’abscons avec Pierres dans l’eau, cottage sur la montagne : une femme, un ruisseau, un cottage. Un monde qui s’écroule, des robots : what else ? Dans Tomber du bord du monde, une équipe découvre l’Hellébore, un vaisseau perdu depuis des années dans l’espace fracassé en deux. Et il y a deux survivants, un dans chaque moitié. On a déjà vu ça ailleurs.

Avec R.U.R. – 8 ?, Stout cherche une jambe pour son collègue robot dans une ville humaine en ruines, tandis qu’il se plaît à envier les humains et leur sens de la philosophie. Pourquoi pas ? Un recueil inégal donc, dont on retient les réussites.

 

Sylvain Bonnet

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