Les éditions Bragelonne viennent de poster un billet sur la traduction de La Roue du Temps de Robert Jordan qu'ils republient.
C'est ici.
Extrait de l'interview du nouveau traducteur Jean Claude Mallé :
"Une fois recruté par Alain et Stéphane, je me suis replongé dans les textes, et une évidence m'a sauté aux yeux. Comme souvent, lorsque la Fantasy américaine est arrivée en France, les éditeurs, les critiques et les rares universitaires qui s'y intéressaient l'ont tirée de force vers le territoire (fort respectable au demeurant) du roman historique, et particulièrement de la geste médiévale. Or ce que je retrouvais dans La Roue du Temps, plus nettement encore que dans le Conan, c'était l'esprit qui avait présidé à la découverte d'un continent puis à sa colonisation. (Qu'on songe au territoire de Deux Rivières, un avant-poste perdu au fin fond de nulle part au point que ses habitants n'ont plus conscience d'appartenir au royaume d'Andor – cette réalité-là, on en conviendra j'espère, n'a rien de spécialement médiéval.) J'y retrouvais aussi l'esprit qui avait inspiré la lutte pour l'indépendance de l'Amérique, juste avant la naissance du monde industriel que nous connaissons. D'où la nécessité d'un plus grand dynamisme dans l'histoire (tant au niveau du rythme que du style) afin de mieux rendre justice à des personnages dont la « conscience de soi » est de toute évidence pré-moderne, parce qu'ils appartiennent à un monde jeune et en constante expansion. Ces prémices posées, il ne « restait plus » qu'à traduire les textes sans se priver à l'occasion d'une certaine poésie médiévale (puisque Jordan lui-même ne se l'interdisait pas) mais en gardant à l'esprit que la vraie « référence » des Aiels (pour ne prendre qu'un exemple) ce sont les Cheyennes et non les ordres guerriers du Moyen Âge."
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