Evoquer le titre de ce roman-feuilleton dans ma chronique de Jean Dorsenne m'a donné envie de faire dans l'archéologie littéraire (on a déjà eu un fil sur Efremov, ca m'encourage).
Donc, Les Aventuriers du cie, les voyage d'un petit parisien dans la stratosphère, la Lune et les planètes (ouf) est un roman feuilleton d'anticpation plutôt orienté jeunesse, écris par RM de Nizerolles et publié par les éditions Ferenczi entre 1935 et 1937. Il sera réédité avec une coupe d'une moitié de l'intrigue en 1950-51.
Le feuilleton reprend le héros de Tintin paru dans un premier cycle des Aventuriers du ciel : les voyages aériens d'un petit parisien autour du monde. Autant les voyages aériens de ce cycle ce doivent plus présenter grand interêt aujourd'hui, autant les voyages spatiaux du cycle suivant révèle des trésors d'inventivité confinant à la poésie.
Et ce même si l'une des deux intrigues parallèles, celle qui se passe sur terre (en gros, les interminables préparatifs d'une expédition de secours aux aventuriers qui de leur côté ont toutes les peines du monde à retourner sur Terre, à croire qu'il le font exprès ces empotés) même si cette inrigue est de moindre interêt, mais a le mérite d'être divertissante -notemment dans sa chatoyante partie asiatique.
Le plus étonnant, c'est que ce don de poésie, avec toute sa charmante candeur, est tout à fait en accord avec l'aspect scientiste très naïf du roman, et y est même intimement mêlé.
Ainsi d'une des invetnions els plus étonnantes du roman : l'arrivée sur la planète Vénus ou résident les descendants des (faux) dieux grecs projetés dans l'espace par une explosion volcanique de l'Olympe (!), des Cyclopes projetés par l'explosion de l'Etna, des hydres...mignon n'est-il pas ?
Question délires déjantés, on peut aussi citer, dans le désordre :
Une fusée qui emporte dans sa gravitation une immense satellite-océan de Jupiter, et s'écrase avec lui sur une planète désertique ou cette eau tire d'un sommeil millénaire un peuple de nains à nez énormes et une faune monstrueuse.
Un peuple mercurien qui après une première vie immatérielle s'incarne en arbres parleurs s'ils sont bons et en fleurs carnivores s'ils sont mauvais (mignon aussi, ça).
Des faunes joviens évolué du cheval grâce à leur propre science (là je vois bien un commentaire à la Lewis Caroll "j'espère que vous savez comment cela se peut, car j'avoue que je l'ignore").
Une planète de conte de fées peuplée de nains et de géants, au ciel multicolore, avec son pays de cocagne aux ruisseaux de vin et aux arbres à pain d'épices (le tout expliqué scientifiquement bien sûr).
Des martiens suréquipés technologiquement et qui ont tellement observé la Terre qu'ils ont adoptés le francais comme langue mondiale (ça se (ré)invente pas).
Et ainsi de suite.
Ce petit pitch ne donne bien sûr qu'un aperçu partiel de l'inventivité de ce cycle, non seulement je n'ai pas fait toutes les planètes, mais les fascicules fourmillent de trouvailles mineures aussi délicieuses les unes que les autres, et font passer les aspects un peu faciles du cycles (grosses ficelles, tout ça, sans parler des idées désagréables du roman d'aventure de l'époque)
Bref, à mes yeux, voilà une oeuvre qui, sans avoir besoin de passer dans le camps de la littérature sophistiquée (ce qui est un autre choix, mais pas obligatoire à mon sens) donne ses lettres de noblesses à la culture la plus populaire.
Soslan