Interview 2018 : André-François Ruaud pour le projet d’archives Roland C. Wagner

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A l'occasion de la parution de n° 138 de la revue Yellow Submarine qui comprend un dossier consacré à Roland C. Wagner, découvrez une interview d'André-François Ruaud par Vivian Amalric.

Vivian Amalric : En quoi consiste votre projet d’archives de Roland C. Wagner ?
André-François Ruaud : Roland a disparu il y a déjà six ans et, cet été, j’ai pris mon courage à deux mains et me suis rendu chez sa compagne, Sylvie Denis, qui m’a gentiment permis d’ouvrir tous les cartons et malles d’archives, ainsi que de rallumer son ordinateur, qui ne l’avait plus été depuis sa mort. Nous avons également essayé de faire fonctionner ses deux disques durs externes, mais en vain pour le moment. J’ai ainsi récupéré tout un matériau fascinant…


Vivian Amalric : Quoi, par exemple ?
André-François Ruaud : Il y avait dans son ordinateur le texte de quelques interviews, dont l’une dont j’ignore vraiment où elle est parue ; mais aussi et surtout, des tonnes de fragments de Rêves de Gloire, son dernier chef-d’œuvre. Prochainement un ami universitaire (et écrivain), Nicolas Labarre, doit effectuer une comparaison avec un logiciel d’anti-fraude entre ces fragments et le texte du roman paru chez L’Atalante, afin de nous assurer de ce qui est réellement inédit. Il y avait aussi le premier chapitre du dixième « Futurs Mystères de Paris », et des tas de morceaux ou de chapitres du space opera auquel Roland travaillait alors. Sur papier, j’ai trouvé par exemple plusieurs chapitres d’un roman, je pense qu’il s’agit de fragment de L’Autoroute de l’aube, mais il faut que je vérifie si ce ne sont pas des morceaux inédits. Et puis il y avait une photocopie de sa toute première nouvelle parue en fanzine, des tas d’autres fanzines, des articles, des nouvelles dont certaines inédites, des notes…

[...] c’est une sorte de grand portrait de l’auteur à travers ses propres mots et au fil du temps, c’est fascinant [...]

Vivian Amalric : Et qu’allez-vous faire de tout cela ?
André-François Ruaud : Eh bien, mon idée c’est de publier une série de trois ou quatre volumes d’archives : le premier vient juste de sortir, il réunit en un volume de 464 pages une série d’entretiens qui couvrent toute sa carrière, 32 en tout, issus de fanzines, de magazines, de catalogues et de sites, c’est une sorte de grand portrait de l’auteur à travers ses propres mots et au fil du temps, c’est fascinant, Roland était une personnalité brillante, un auteur prolixe et bavard, passionné, se plonger dans toutes ces interviews est une expérience unique. J’y ai ajouté pas mal de documents, quelques fragments, des photos et des reproductions de couvertures de fanzines, j’ai également retrouvé quatre fragments autobiographiques qui n’avaient été diffusés qu’à un nombre ridicule d’exemplaires, et puis quatre petits articles parodiques.

Vivian Amalric : Quelle est la forme de cette publication?
André-François Ruaud : Roland venait du fandom, et moi aussi : le milieu des fanzines, dans les années 1980 et 90, formait une véritable petite « contre culture », Roland n’a jamais renié cela et ces archives paraissent donc sous la forme du n°138 de mon propre fanzine, Yellow Submarine.

"Et puis l’an prochain, je sortirai sous la forme du n°139 un autre volume d’archives, des textes par et sur Roland, et tout ce qui se sera avéré de bien inédit des fragments et débuts retrouvés."

Vivian Amalric : 138, fichtre, ce n’est pas rien !
André-François Ruaud : Je publie Yellow Submarine depuis mars 1983 — très irrégulièrement, certes, mais à force ça commence à chiffrer… Et puis l’an prochain, je sortirai sous la forme du n°139 un autre volume d’archives, des textes par et sur Roland, et tout ce qui se sera avéré de bien inédit des fragments et débuts retrouvés. Je continue à explorer tout cela, avec l’aide précieuse d’autres amis de l’auteur, et puis l’été prochain il est prévu que les quatre cartons qui repose chez la maman de la première compagne de Roland soient apportés chez Michel Pagel, et pour avoir eu un inventaire succinct du contenu de deux des quatre cartons, je sais qu’il y a encore des petites perles à exhumer.

Vivian Amalric : Et ensuite ?
André-François Ruaud : Je vais également sortir un énorme volume de toutes les nouvelles de Roland (à l’exception de celles réunies dans Les Chroniques du désespoir et bien entendu de celles qui sont publiées chez l’Atalante), et il y en a, je continue à en retrouver en ce moment, dans les endroits les plus étonnants (un copain vient de m’en fournir une parue dans un bulletin municipal de la région parisienne, par exemple). J’envisage éventuellement un autre volume d’entretiens, peut-être (il en existe au moins trois, très longs, sous forme uniquement audio, qu’un copain est en train de mettre au propre, dont une venant de Radio Libertaire et miraculeusement retrouvée sur des cassettes par un ami), et puis une petite édition du texte « director’s cut » du Serpent d’angoisse, retrouvé également dans l’ordi de Roland… Tout cela devrait sortir en tirages limités, sous l’égide des Moutons électriques. Tout ce matériau brut, ces documents, nous y « piocherons » afin de proposer en librairie quelques jolis recueils inédits… À commencer dés mars 2019 par Ce qui n’est pas nommé, un recueil de quatre novellas dont une inédite. Et puis il y aura quelques nouvelles sorties en poche Hélios, à commencer par Le Paysage déchiré (texte revu par Roland), en juin 2019.

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