JFS a écrit: |
À la lecture de Janua Vera, j'avais été très impressionné par Le Confident. Vous pourriez donner quelques éléments sur vos sources d'inspiration, ce qui a motivé ce texte, ... ? |
Le Confident est né de contraintes et d'influences croisées.
D'une part, dans le cadre du projet que je m'étais construit pour donner une unité au recueil de nouvelles, je devais traiter un personnage de prêtre et le registre fantastique. D'autre part, tout en me conformant à ces obligations, j'ai voulu aussi répondre à un appel à textes qui portait sur les cinq sens. C'est en particulier la raison de la brièveté relative de la nouvelle, puisqu'elle devait être au plus de 50.000 signes, si mes souvenirs sont bons. L'idée du "vœu d'obscurité" m'a été inspirée d'une part par les reclus médiévaux, ces ermites qui se faisaient emmurer dans un mur d'église et y passaient le reste de leur existence, nourris par un guichet ; d'autre part, une courte nouvelle de Borges, L'Ecriture du Dieu, m'a inspiré l'idée de l'éblouissement mystique au plus profond d'un réduit carcéral et ténébreux. La réflexivité de la chute est aussi un jeu assez borgésien.
L'aspect le plus horrible de cette nouvelle, c'est qu'elle a été, dans un certain sens, prophétique. J'en avais rédigé à peu près les deux tiers quand mon père est mort brutalement, d'un accident vasculaire ; c'est moi qui ai découvert son corps. Cela a eu lieu pendant l'année 2004 que j'évoquais plus haut. Le choc a été terrible, et au deuil s'est ajouté la fiction du deuil, dans une mise en abîme vraiment noire. Je ne vois rien d'extraordinaire dans cette affreuse coïncidence ; mon père était en mauvaise santé, et à mon avis, la crainte de sa disparition s'exprimait inconsciemment dans la composition de cette nouvelle. Mais quand la mort a frappé, l'effet a vraiment été vertigineux.
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