Voici les ultimes réponses de Robin Hobb lors de notre interview dans le forum.
Ant a écrit: |
Good evening Mrs Hobb, I must state right away that my message is at the same time full of praise and perhaps a bit nasty. I indeed enjoyed very much your series of books translated in french under the title "L'assassin royal", i.e., I enjoyed it until volume #6. This 6th volume, the last I read, seemed to me very different from the former ones. The plot evolves more quickly and your ideas are disapointing in many ways. My feeling and belief is that you got tired of the story and wanted to get rid of it. I do not believe that you intended to write the next volumes when you wrote this #6. It would be easy to answer me that I am totally wrong and that you do not see what I mean. However, I expect a more sincere and detailed answer about the conflict that may arise between the author's whishes about the evolution of a story and the reader's, since, obvioulsy, your whish was to stop and theirs was that you continue on. In case my questions are not clear enough in my former sentences, here they are formulated differently: Did'nt you wish to stop the story of the royal assassin at the 6th volume ? What about the conflicts that may arise between your whishes concerning the length of a story and the editor's or the readers' ? Ant |
Robin Hobb : Attention : spoilers ci-dessous pour ceux qui n’ont pas fini de lire le cycle de L’Assassin royal.
Ne lisez pas plus loin si vous n’avez pas terminé tous les livres !
Ant, je crois que vous vous êtes déjà fait votre opinion quant à la réponse à cette question, et vous ne serez donc peut-être pas convaincu par ce que je pourrai vous dire. Par ailleurs, je suis désavantagée. Comme je lis mal le français, je ne sais pas exactement quelles parties de l’histoire figurent dans le tome six de L’Assassin royal en français.
Donc, je crains de ne pouvoir vous fournir qu’une réponse générale.
Je ne me rappelle pas avoir jamais souhaité terminer l’un ou l’autre des livres prématurément. Certaines parties de la série ont une tonalité différente, dans la mesure où certaines sont davantage portées sur l’action et d’autres sur l’introspection, selon ce que Fitz est en train de faire. Mais gardez à l’esprit que ce que vous avez lu comme le volume 6 fait partie en réalité d’un ouvrage plus gros. La division de l’histoire en plusieurs parties pour la publication française a été décidée par l’éditeur, et je ne sais donc pas très bien à quelle partie vous faites référence. Votre remarque sur la « différence de style » se réfère peut-être en réalité à un style qui est approprié pour cette partie de l’histoire.
Quand j’écrivais la deuxième moitié du cycle de L’Assassin royal (tomes 7 à 13 en français, NdT), je n’avais pas l’intention de terminer l’histoire par Fool’s Fate (qui correspond en français aux trois derniers volumes : Le Dragon de glace, L’Homme noir, Adieux et retrouvailles, NdT). En réalité, je pensais qu’une autre série de trois livres allait suivre celle-là.
Diverses raisons expliquent que je n’aie pas continué à les écrire. La première, comme je le disais plus tôt, est que j’avais passé dix ans de ma vie avec ces personnages très intenses, à écrire des livres très longs. C’est un exercice épuisant. J’avais vraiment besoin de faire une pause et de regarder l’ensemble avec du recul. Si vous y réfléchissez, vous verrez que j’ai fait une pause similaire en écrivant Les Aventuriers de la mer et le deuxième cycle de L’Assassin royal. Ça m’a aidée à revenir aux personnages dont j’adopte le point de vue à un moment de leur vie où il y avait assez d’action et de développements de l’intrigue pour maintenir l’attention du lecteur. Ce qui a épargné aux lecteurs le récit d’années passées à chasser, à s’occuper d’un jardin, à réparer le toit et à mener une vie tranquille avec le loup.
Ce n’était pas un mauvais endroit où s’arrêter. Tout comme à la fin du premier cycle, Fitz en est à un stade où il se trouve avec quelqu’un qu’il aime et il jouit d’une certaine tranquillité, d’un certain confort. Le Fou est parti mener sa vie ailleurs et Castelcerf, pour l’heure, connaît la paix. Ça ne durerait pas longtemps, bien sûr. Mais d’un autre côté, c’est le cas de beaucoup de « fins heureuses ». Le meilleur moment pour arrêter un livre, c’est celui où l’histoire suivante devrait logiquement commencer.
Si les livres et leur conclusion ne vous ont pas convaincu, je vous présente mes excuses. Aucun livre ne peut plaire à tous les lecteurs.