Lensman a écrit :Askaris a écrit :
Ces années là marquèrent la brève rencontre entre les ancêtres écosophistes de l'écologie politique, les mouvements néo-shamanistes, les héritiers des théosophes et autres mouvements spiritistes du 19°, les transhumanistes naissants, les scientologues et les associations de mythopoeïtes.
A ce stade d'éclectisme, il ne manque plus qu'un raton laveur...
Je me demande tout de même s'il n'est pas possible d'affiner un peu l'approche, et de dégager des tendances très différentes qui ne se mélangent pas si bien..
Oncle Joe
Hé, hé, hé ! Rassurez-vous, je ne suis pas en train de refaire le monde et de dessiner des généalogies illusoires avec écoles, sous-écoles et sous-embranchements....
Si je devais imager ma pensée, je dessinerais des faisceaux d'influences croisées avec des imbrications diverses selons les auteurs et leurs parcours...
Il se trouve, pour reprendre l'exemple d'Herbert (par hasard, hein...) qu'il a vécu en Orégon, en Californie puis dans l'État de Washington. Durant son séjour californien il s'est lié d'amitié avec de nombreux auteurs de SF, a participé à des conventions de fans et cotoyé le noyau dur des poulains de Campbell chez Analog. Il a également fait la découverte du jungisme et des pratiques zen. C'est là également (avec des amis comme Vance ou Anderson) qu'il s'est passionné pour l'écosophie et le problème des Natives (qui étaient ses voisins). On retrouvera tout au long de son oeuvre les problématiques croisées de la protection des ressources naturelles, de la résistance des cultures minoritaires et du développement personnel. En cela, l'écriture d'Herbert témoigne d'une urgente et brûlante actualité en prise avec les enjeux sociétaux de la société américaine des 60's. Ainsi, beaucoup imaginent que Frank faisait allusion au Proche-Orient et aux Fedayins palestiniens, alors qu'il pensait beaucoup plus aux mouvements d'émancipation et aux guerillas d'Amérique Latine ou d'Indochine...
La New Wave est tout ce que l'on voudra sauf une littérature d'évasion...C'est ce qui la rend précieuse et riche de significations pour nous. Certains ont appelé ce lien entre littérature et société, "littérature vivante", d'autres, dans le contexte américain, font référence au "storytelling", phénomène culturel qui dépasse de loin le marketing politique.
Quelque part, la Fantasy est fille des mythes chrétiens et de leur sécularisation, les super-héros de comics renvoient aux fantasmes dirigistes de l'entre-deux-guerres et le mythe de l'homme providentiel, le fantastique à la Cthulhu imbriquerait peurs anciennes et fantasmes nouveaux (c'est un bijou de récit hors-genre...) tandis que la SF remplacerait le père Noël par Frankenstein et le missel par la psychanalyse.
Tout cela est encore flou, mais j'aime à penser que la SF de grande qualité nous parle souvent du monde qui l'a vu naître...
PS: pour l'anecdote, j'ai toujours été fasciné par le nombres de fachos qui adorent Dune et ne se doutent certainement pas qu'ils lisent de travers Frank Herbert (dont les positions humanistes sont pourtant de notoriété publique). Ce qui prouve qu'un livre n'attire pas toujours à lui le public qu'il mérite ....(a contrario Lovecraft n'aurait pas aimé m'avoir comme lecteur...)