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Interview Gabriel Katz sur La Maîtresse de Guerre
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Interview Gabriel Katz sur La Maîtresse de Guerre

Actusf : Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire ce roman et dans l'univers du Puits des Mémoires ? Qu'est-ce que tu avais envie de faire ?
Gabriel Katz : Ouvrir un nouvel horizon dans un univers en construction. Après la trilogie qui plongeait le lecteur dans un petit fief des Terres communes, puis dans l’énorme royaume de Woltan jusqu’aux confins du grand nord, j’avais envie de faire découvrir une nouvelle facette de ce monde. Le grand sud, le désert, une nouvelle civilisation et aussi la guerre, un aspect qui menace tout au long du Puits des mémoires, mais qui n’éclate jamais vraiment.
 
 
Actusf : Comment vois-tu Kaelyn, ton personnage principal ?
Gabriel Katz : Comme une « vraie » femme, justement. Pas comme la bonne vieille héroïne de fantasy, une farouche guerrière capable de découper tout le monde en rondelles (et encore moins l’inévitable tueuse-voleuse-ninja qui fait hiyaaa ! avec ses longues dagues effilées). Ni Xena ni ninja, donc. Kaelynn est juste une petite nana dont l’ambition est d’exercer un métier d’homme, dans un monde d’hommes.
 
Alors non, elle ne dispose pas d’une puissance incroyable, ni d’un pouvoir magique hérité de je ne sais quelle dynastie de dieux éteints : elle apprend. Sur le tas. Comme elle peut. C’est une fille de vingt ans, seule au milieu d’un royaume hostile, avec juste un petit bagage d’expérience qu’elle tient de son père maître d’armes, et la rage de s’en sortir. Ce qu’elle veut, c’est devenir Maîtresse de guerre, la plus haute distinction qui soit.
Ce livre est le début de son parcours.
 
 
Actusf : Tu t'étais mis dans la peau de trois garçons dans Le Puits des Mémoires. Est-ce que cela a été facile de glisser dans celle d'une femme ?
Gabriel Katz : Oui et non. Autant se glisser dans sa peau a été presque naturel, autant les écueils auxquels elle se heurte se sont révélés plus nombreux que je l’imaginais ! Le monde, c’est le mien, j’aurais dû m’en douter… Mais ce n’est qu’en me mettant vraiment dans les bottes de Kaelyn que j’ai compris à quel point tout allait être difficile pour elle. Bien sûr, il y a les obstacles qu’un homme aurait également rencontrés à sa place (la hiérarchie, le statut d’étranger, l’esclavage)… Mais on oublie – nous les hommes, qui n’avons pas à lutter doublement pour prouver notre valeur – tous les à priori négatifs qu’une femme doit affronter.
 
Sans compter que je l’ai dotée de la pire malédiction pour une femme dans un royaume en guerre : elle est jolie.
 
 
Actusf : Kaelyn est une guerrière et une femme amoureuse. C'est assez rare en fantasy d'avoir un personnage féminin. Y a-t-il un propos ou une revendication derrière cette héroïne ?
Gabriel Katz : Une revendication, c’est beaucoup dire. Mais oui, il y a quelque chose de féministe dans ce livre, même si je n’ai pas voulu en faire une caricature. Kaelyn n’est pas une grosse brutasse avec une hache de guerre dans chaque main, ce n’est pas un mec. D’où le fait que malgré son ambition, malgré son étonnant statut de combattante, malgré son énergie, sa volonté, elle reste une nana de vingt ans, et une nana de vingt ans peut tomber amoureuse et perdre ses moyens…
 
 
Actusf : On passe beaucoup d'un camp à l'autre, était-ce difficile en tant qu'écrivain de changer radicalement les environnements autour des deux héros ?
Gabriel Katz : C’est acrobatique… mais intéressant. Je n’avais pas envie de verser dans l’approche classique des romans sur fond de guerre : le camp des gentils, le camp des méchants, les premiers défendant bravement leurs familles, les seconds se livrant à des atrocités terribles. Et bien sûr à la fin les Humains triomphent des Orcs, et les survivants eurent beaucoup d’enfants.
 
Le sultanat d’Azman n’est peut-être pas le pays de barbares et de cannibales décrit par les envahisseurs… Mais ce n’en est pas moins un panier de crabes. On assassine à tours de bras, on complote, on trahit, on vend des esclaves… Qu’ils soient d’un côté ou de l’autre, je ne voulais pas que les héros se sentent « dans le camp du bien ». Ce qui compte, c’est leur survie.
 
 
Actusf : Un petit mot d'Hadrian, le comparse de Kaelyn. Il apparaît comme un guerrier un peu monolithique. Comment l'as-tu construit ?
Gabriel Katz : Hadrian est une machine. C’est le vétéran ultime, qui a tout fait, tout vu, et dont les faiblesses se comptent sur les doigts de la main d’un manchot. Il a appris à contrôler ses émotions au point que même dans l’intimité, il reste indéchiffrable. Militairement, socialement, il s’est hissé au sommet. On sait que c’est son énorme ambition qui l’a mené là où il est, mais comment ? C’est une autre histoire… Ce qui compte, c’est ce qu’il est devenu. Et en l’observant un peu, on se demande bien comment une petite nana comme Kaelyn pourrait un jour devenir Maîtresse de guerre…
 
 
Actusf : As-tu d'autres idées de romans dans ce même univers ?
Gabriel Katz : Beaucoup ! J’ai juste du mal à décider quel sera le suivant.
 
 
Actusf : Quels sont tes projets ? Sur quoi travailles-tu ?
Gabriel Katz : Sur la fin de mon prochain livre… Un thriller noir, fantastique, contemporain, à des années-lumière de cet univers de fantasy. 

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