Actusf : Tout d'abord pourquoi avoir fait cette anthologie ? Quelle était l'idée de départ ?
Jean-François Thomas : Ma participation – assez irrégulière, je dois l’avouer, mais constante cependant – aux Mercredis de la SF de Genève, puis Lausanne – m’a permis de constater que ces rencontres réunissaient bon nombre de jeunes auteurs des deux sexes ; jusqu’à près de trente personnes les grands soirs ! (Deux, les soirs de déprime…) Les discussions amicales m’ont montré que ces jeunes passionnés, d’une autre génération que celle des « anciens » que sont Georges Panchard, François Rouiller, Pascal Ducommun, Wildy Petoud et moi-même, ne connaissaient pas ou mal la science-fiction suisse. D’où l’idée de réaliser une anthologie historique sur le sujet.
Il existait déjà des anthologies de SF suisse romande, dont je rappelle les titres dans la préface. Mais elles n’ont publié que des textes inédits.
Lors d’un Salon du livre à Genève, j’ai proposé l’idée à Bernard Campiche, un des grands éditeurs suisses de littérature. Alors que je m’attendais à un refus poli, j’ai été surpris par la rapidité de sa réaction. Il m’a dit de la faire, sous condition de m’occuper des droits. Le piège se cachait là… J’ai probablement passé plus de temps à m’occuper de ces droits qu’à lire et sélectionner les textes ! Mais je ne le regrette pas ; j’ai appris énormément de choses sur le milieu de l’édition.
Actusf : Comment s'est fait le choix des textes ? Le sommaire balaie tout le XXème siècle, l'idée c'était de montrer qu'il y a eu de la science fiction en Suisse à toutes les époques ?
Jean-François Thomas : Je possédais déjà les bases du contenu. En 1985, j’avais conclu mes études de Lettres par un mémoire sur la science-fiction suisse romande. 200 pages (A4) au lieu des 50 exigées, une année de travail intensif, de la folie. Mais, en m’appuyant au départ sur l’Encyclopédie de Versins, j’avais réussi à trouver environ 150 textes, toutes catégories confondues (romans, essais, nouvelles) appartenant peu ou prou aux « conjectures romanesques rationnelles ».
J’ai donc relu, en me limitant aux nouvelles. Je ne voulais pas mettre d’extraits de romans dans cette anthologie. Relu et choisi. En parallèle, j’ai cherché des textes nouveaux, parus après 1985, et j’en ai trouvé un certain nombre, grâce aussi aux lectures des participants aux mercredis, que je remercie en passant. Là aussi, j’ai sélectionné. J’ai essayé de balayer large, en retenant des auteurs de chaque canton, des hommes et des femmes, des thèmes différents, dans l’idée de montrer la richesse et la diversité de l’imaginaire de la SF suisse romande.
Tout ça m’a pris en fait deux ans de travail.
Je me suis promené dans toutes les époques. La nouvelle la plus ancienne que j’ai trouvée est « L’Autopsie du docteur Z*** » d’Edouard Rod, qui date de 1884.
Actusf : Y'a-t-il des spécificités dans la science fiction suisse au niveau des thématiques par exemple ?
Jean-François Thomas : Oui. Les thèmes les plus fréquents, et ça n’étonnera personne, la Suisse étant une île au milieu de l’Europe, sont la fin du monde et les anti-utopies. Quelques exemples : Fins du monde :
Verniculus, Histoire de la Fin du monde ou la comète de 1904 (1872)
CF Ramuz, Présence de la mort (1922)
Noëlle Roger, Le Nouveau Déluge (1922)
Claude Pearson, La mort atomique (1947) Anti-utopies :
Jérôme Deshusses, Sodome-ouest (1966)
Jérôme Deshusses, Le Grand Soir (1971)
Anne Cuneo, La Vermine (1970) (vient d’être réédité chez Bernard Campiche)
Michel Bühler, Avril 1990 (1973)
Jean-Claude Fontanet, Les Panneaux (1978)
Jesn-Bernard Vuillème, La Tour intérieure (1979)
Yves Velan, Soft goulag (1977) La meilleure illustration d’île au milieu de l’Europe est donnée par la nouvelle de Bernard Comment, Château d’eau, qui figure dans l’anthologie. La Suisse s’inonde elle-même en retenant l’eau des quatre fleuves qui prennent sa source dans le pays (Rhône, Rhin, Inn, Tessin) et en construisant une muraille autour d’elle !
Actusf : Quelle place à Pierre Versin et le musée d'Yverdon –les-Bains ?
Jean-François Thomas : En Suisse ou pour moi ? Une place fondamentale dans les deux cas. C’est ma rencontre avec lui, peu après qu’il ait écrit l’Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science-fiction, qui m’a fait comprendre quelle était la littérature que j’aimais. Il m’a invité chez lui et encouragé a produire un fanzine, Futur antérieur, qui a connu sept numéros avant de disparaître. On peut dire que Pierre Versins m’a mis le pied à l’étrier. C’est en faisant don à la ville d’Yverdon-les-Bains de sa fabuleuse collection que la Maison d’Ailleurs est née. Après des débuts difficiles et bien des vicissitudes, la Maison d’Ailleurs rayonne aujourd’hui loin dans le monde entier. Grâce surtout à son énergique directeur Patrick Gyger. Je suis, pour ma part, l’actuel président du Conseil de fondation de cette institution, ayant succédé en 2001 à François Rouiller. Eh oui, la Suisse est petite… Sur Pierre Versins, on lira avec intérêt le livre hommage réalisé par Martine Thomé : Il venait de Céphée : il s’appelait Versins, L’Age d’Homme, février 2003, ISBN 2-8251-1736-6.
Actusf : Comment se porte la Science Fiction actuellement en Suisse ? Est-ce que le genre est vendeur ? Quel est l'état du marché ?
Jean-François Thomas : Il n’existe pas de collection spécialisée en science-fiction en Suisse, ni d’éditeur s’y consacrant. Il n’y a plus de fanzine. Nous sommes complètement dépendants du marché français en la matière.
Actusf : La Science Fiction a-t-elle le droit de cité dans les médias généralistes ou est-elle un "genre" comme en France avec des rayons spécifiques en librairie ?
Jean-François Thomas : C’est comme en France, un « genre », avec des rayons spécifiques en librairie, aujourd’hui inondés de fantasy. Dans les médias généralistes, quelques journalistes parlent des littératures de l’imaginaire : Antoine Duplan à L’Hebdo, Nicolas Dufour au Temps, moi-même dans les pages du quotidien 24 Heures et dans les colonnes du magazine littéraire Le Passe-Muraille.
Actusf : Quels sont les rapports avec la Suisse alémanique ? La science fiction franchit-elle facilement la barrière de la langue ?
Jean-François Thomas : Non. Il y a véritablement une barrière. La Suisse romande est tournée vers la France, la Suisse allemande vers l’Allemagne et la Suisse italienne vers l’Italie. Les barrières culturelles sont les plus difficiles à franchir. J’ai fait le même constat lors d’un séjour à Toronto. J’y ai découvert une belle librairie spécialisée, mais pas un seul auteur canadien francophone dans les rayons !
Cela dit, les traductions se font parfois. Mais surtout pour les romans.
Actusf : Aujourd'hui en France, on connait George Panchard et François Rouiller. Ils sont d'ailleurs au sommaire. On connaît également le prometteur Lucas Moreno et vous-même. Quels sont les autres auteurs à faire de la SF aujourd'hui chez vous ?
Jean-François Thomas : C’est là que ça devient intéressant. Il y a une véritable floraison de jeunes auteurs qui commencent à publier des nouvelles dans des anthologies ou des revues spécialisées. Ateliers d’écriture, participation assidue à des festivals et congrès, réunions informelles sont d’autres aspects de la grande activité déployée par ces jeunes auteurs. C’est le cas de Sandrine Bettinelli, Sébastien Cevey, Vincent Gerber, Vincent Gessler, Bertrand Graz, Simon Koch, André Ourednik, Laurence Rodriguez, David Ruzicka, Thomas Sandoz, Laurence Scheurer, Laurence Suhner (par ailleurs dessinatrice), Robin Tecon, Frédéric Jaccaud, Anthony Vallat, Lucas Moreno, (animateur d’Utopod). Certains ont déjà publié des romans, comme Yvan Bidiville, Florence Cochet, Emmanuelle Maia, Hervé Thiellement. L’Université se manifeste aussi sous l’impulsion de la vice-rectrice de l’Université de Lausanne, Danielle Chaperon et de Marc Atallah, assistant diplômé, qui a défendu une thèse sur le sujet. (Quelques Français vivant en Suisse se sont glissés dans cette liste, parviendrez-vous à les repérer ?) Il y a donc véritablement pour la première fois dans l’histoire littéraire de la Suisse romande, un mouvement lié aux littératures de l’imaginaire. Les auteurs s’y retrouvent et les anciens dont les noms ont déjà été cités y participant aussi ; l’âge est indifférent, tout le monde se tutoie. C’est très encourageant et motivant, ce soutien des uns par les autres. Emulation, mais pas compétition. Je suis persuadé qu’on lira, dans les prochaines années, de fort beaux récits sous la plume de ces aficionados ! Et je m’en réjouis ! Etant un des plus anciens, je me suis attribué le rôle de « passeur » avec cette anthologie historique. C’est pour cette raison que je ne m’y suis pas glissé avec une nouvelle, donnant délibérément la parole aux autres.
Actusf : Quels sont les rapports avec les éditeurs français ? Comment expliquer qu'il y a assez peu d'auteurs suisses publiés en français ?
Jean-François Thomas : Les rapports avec les éditeurs français sont excellents. Je pense qu’ils ne font pas la différence entre Français et francophones. Ce qu’ils privilégient, je crois, est simplement la qualité d’un texte. Gérard Klein a mis fin à un silence de vingt ans en publiant à nouveau un texte d’un auteur qui écrit en français, le Suisse Georges Panchard. Les éditions de l’Atalante font appel aux services de traducteur comme Lucas Moreno et ont noué des liens solides avec la Maison d’Ailleurs. L’explication du peu d’auteurs suisses publiés en français est simple : jusqu’à ces dernières années (disons quatre ans) il y avait très peu d’auteurs suisses intéressés par les littératures de l’imaginaire.
Actusf : Quels sont vos projets ? Pourrait-il y avoir une deuxième anthologie ?
Jean-François Thomas : Mes projets ?
Une nouvelle à paraître tout soudain dans le numéro spécial « 41 » de Galaxies. Deux nouvelles déjà rédigées (une de fantastique, une de SF), mais pas encore placées. Un roman jeunesse quasi terminé, auquel je dois rajouter trois chapitres et récupérer des objets disséminés dans la nature pour qu’il tienne la route. Une quarantaine de pages d’un roman SF qui avance très lentement.
Un vieux rêve, dont j’ignore s’il verra le jour, aucun éditeur ne s’étant jamais montré intéressé : une histoire de la science-fiction suisse…
Une deuxième anthologie ?
En ce moment, Anthony Vallat et Vincent Gessler sont les maîtres d’œuvres d’une anthologie de science-fiction suisse de textes inédits. Ils sont en train de recevoir et sélectionner les textes.
Merci pour votre intérêt et longue vie à ActuSF !
Jean-François Thomas : Ma participation – assez irrégulière, je dois l’avouer, mais constante cependant – aux Mercredis de la SF de Genève, puis Lausanne – m’a permis de constater que ces rencontres réunissaient bon nombre de jeunes auteurs des deux sexes ; jusqu’à près de trente personnes les grands soirs ! (Deux, les soirs de déprime…) Les discussions amicales m’ont montré que ces jeunes passionnés, d’une autre génération que celle des « anciens » que sont Georges Panchard, François Rouiller, Pascal Ducommun, Wildy Petoud et moi-même, ne connaissaient pas ou mal la science-fiction suisse. D’où l’idée de réaliser une anthologie historique sur le sujet.
Il existait déjà des anthologies de SF suisse romande, dont je rappelle les titres dans la préface. Mais elles n’ont publié que des textes inédits.
Lors d’un Salon du livre à Genève, j’ai proposé l’idée à Bernard Campiche, un des grands éditeurs suisses de littérature. Alors que je m’attendais à un refus poli, j’ai été surpris par la rapidité de sa réaction. Il m’a dit de la faire, sous condition de m’occuper des droits. Le piège se cachait là… J’ai probablement passé plus de temps à m’occuper de ces droits qu’à lire et sélectionner les textes ! Mais je ne le regrette pas ; j’ai appris énormément de choses sur le milieu de l’édition.
Actusf : Comment s'est fait le choix des textes ? Le sommaire balaie tout le XXème siècle, l'idée c'était de montrer qu'il y a eu de la science fiction en Suisse à toutes les époques ?
Jean-François Thomas : Je possédais déjà les bases du contenu. En 1985, j’avais conclu mes études de Lettres par un mémoire sur la science-fiction suisse romande. 200 pages (A4) au lieu des 50 exigées, une année de travail intensif, de la folie. Mais, en m’appuyant au départ sur l’Encyclopédie de Versins, j’avais réussi à trouver environ 150 textes, toutes catégories confondues (romans, essais, nouvelles) appartenant peu ou prou aux « conjectures romanesques rationnelles ».
J’ai donc relu, en me limitant aux nouvelles. Je ne voulais pas mettre d’extraits de romans dans cette anthologie. Relu et choisi. En parallèle, j’ai cherché des textes nouveaux, parus après 1985, et j’en ai trouvé un certain nombre, grâce aussi aux lectures des participants aux mercredis, que je remercie en passant. Là aussi, j’ai sélectionné. J’ai essayé de balayer large, en retenant des auteurs de chaque canton, des hommes et des femmes, des thèmes différents, dans l’idée de montrer la richesse et la diversité de l’imaginaire de la SF suisse romande.
Tout ça m’a pris en fait deux ans de travail.
Je me suis promené dans toutes les époques. La nouvelle la plus ancienne que j’ai trouvée est « L’Autopsie du docteur Z*** » d’Edouard Rod, qui date de 1884.
Actusf : Y'a-t-il des spécificités dans la science fiction suisse au niveau des thématiques par exemple ?
Jean-François Thomas : Oui. Les thèmes les plus fréquents, et ça n’étonnera personne, la Suisse étant une île au milieu de l’Europe, sont la fin du monde et les anti-utopies. Quelques exemples : Fins du monde :
Verniculus, Histoire de la Fin du monde ou la comète de 1904 (1872)
CF Ramuz, Présence de la mort (1922)
Noëlle Roger, Le Nouveau Déluge (1922)
Claude Pearson, La mort atomique (1947) Anti-utopies :
Jérôme Deshusses, Sodome-ouest (1966)
Jérôme Deshusses, Le Grand Soir (1971)
Anne Cuneo, La Vermine (1970) (vient d’être réédité chez Bernard Campiche)
Michel Bühler, Avril 1990 (1973)
Jean-Claude Fontanet, Les Panneaux (1978)
Jesn-Bernard Vuillème, La Tour intérieure (1979)
Yves Velan, Soft goulag (1977) La meilleure illustration d’île au milieu de l’Europe est donnée par la nouvelle de Bernard Comment, Château d’eau, qui figure dans l’anthologie. La Suisse s’inonde elle-même en retenant l’eau des quatre fleuves qui prennent sa source dans le pays (Rhône, Rhin, Inn, Tessin) et en construisant une muraille autour d’elle !
Actusf : Quelle place à Pierre Versin et le musée d'Yverdon –les-Bains ?
Jean-François Thomas : En Suisse ou pour moi ? Une place fondamentale dans les deux cas. C’est ma rencontre avec lui, peu après qu’il ait écrit l’Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science-fiction, qui m’a fait comprendre quelle était la littérature que j’aimais. Il m’a invité chez lui et encouragé a produire un fanzine, Futur antérieur, qui a connu sept numéros avant de disparaître. On peut dire que Pierre Versins m’a mis le pied à l’étrier. C’est en faisant don à la ville d’Yverdon-les-Bains de sa fabuleuse collection que la Maison d’Ailleurs est née. Après des débuts difficiles et bien des vicissitudes, la Maison d’Ailleurs rayonne aujourd’hui loin dans le monde entier. Grâce surtout à son énergique directeur Patrick Gyger. Je suis, pour ma part, l’actuel président du Conseil de fondation de cette institution, ayant succédé en 2001 à François Rouiller. Eh oui, la Suisse est petite… Sur Pierre Versins, on lira avec intérêt le livre hommage réalisé par Martine Thomé : Il venait de Céphée : il s’appelait Versins, L’Age d’Homme, février 2003, ISBN 2-8251-1736-6.
Actusf : Comment se porte la Science Fiction actuellement en Suisse ? Est-ce que le genre est vendeur ? Quel est l'état du marché ?
Jean-François Thomas : Il n’existe pas de collection spécialisée en science-fiction en Suisse, ni d’éditeur s’y consacrant. Il n’y a plus de fanzine. Nous sommes complètement dépendants du marché français en la matière.
Actusf : La Science Fiction a-t-elle le droit de cité dans les médias généralistes ou est-elle un "genre" comme en France avec des rayons spécifiques en librairie ?
Jean-François Thomas : C’est comme en France, un « genre », avec des rayons spécifiques en librairie, aujourd’hui inondés de fantasy. Dans les médias généralistes, quelques journalistes parlent des littératures de l’imaginaire : Antoine Duplan à L’Hebdo, Nicolas Dufour au Temps, moi-même dans les pages du quotidien 24 Heures et dans les colonnes du magazine littéraire Le Passe-Muraille.
Actusf : Quels sont les rapports avec la Suisse alémanique ? La science fiction franchit-elle facilement la barrière de la langue ?
Jean-François Thomas : Non. Il y a véritablement une barrière. La Suisse romande est tournée vers la France, la Suisse allemande vers l’Allemagne et la Suisse italienne vers l’Italie. Les barrières culturelles sont les plus difficiles à franchir. J’ai fait le même constat lors d’un séjour à Toronto. J’y ai découvert une belle librairie spécialisée, mais pas un seul auteur canadien francophone dans les rayons !
Cela dit, les traductions se font parfois. Mais surtout pour les romans.
Actusf : Aujourd'hui en France, on connait George Panchard et François Rouiller. Ils sont d'ailleurs au sommaire. On connaît également le prometteur Lucas Moreno et vous-même. Quels sont les autres auteurs à faire de la SF aujourd'hui chez vous ?
Jean-François Thomas : C’est là que ça devient intéressant. Il y a une véritable floraison de jeunes auteurs qui commencent à publier des nouvelles dans des anthologies ou des revues spécialisées. Ateliers d’écriture, participation assidue à des festivals et congrès, réunions informelles sont d’autres aspects de la grande activité déployée par ces jeunes auteurs. C’est le cas de Sandrine Bettinelli, Sébastien Cevey, Vincent Gerber, Vincent Gessler, Bertrand Graz, Simon Koch, André Ourednik, Laurence Rodriguez, David Ruzicka, Thomas Sandoz, Laurence Scheurer, Laurence Suhner (par ailleurs dessinatrice), Robin Tecon, Frédéric Jaccaud, Anthony Vallat, Lucas Moreno, (animateur d’Utopod). Certains ont déjà publié des romans, comme Yvan Bidiville, Florence Cochet, Emmanuelle Maia, Hervé Thiellement. L’Université se manifeste aussi sous l’impulsion de la vice-rectrice de l’Université de Lausanne, Danielle Chaperon et de Marc Atallah, assistant diplômé, qui a défendu une thèse sur le sujet. (Quelques Français vivant en Suisse se sont glissés dans cette liste, parviendrez-vous à les repérer ?) Il y a donc véritablement pour la première fois dans l’histoire littéraire de la Suisse romande, un mouvement lié aux littératures de l’imaginaire. Les auteurs s’y retrouvent et les anciens dont les noms ont déjà été cités y participant aussi ; l’âge est indifférent, tout le monde se tutoie. C’est très encourageant et motivant, ce soutien des uns par les autres. Emulation, mais pas compétition. Je suis persuadé qu’on lira, dans les prochaines années, de fort beaux récits sous la plume de ces aficionados ! Et je m’en réjouis ! Etant un des plus anciens, je me suis attribué le rôle de « passeur » avec cette anthologie historique. C’est pour cette raison que je ne m’y suis pas glissé avec une nouvelle, donnant délibérément la parole aux autres.
Actusf : Quels sont les rapports avec les éditeurs français ? Comment expliquer qu'il y a assez peu d'auteurs suisses publiés en français ?
Jean-François Thomas : Les rapports avec les éditeurs français sont excellents. Je pense qu’ils ne font pas la différence entre Français et francophones. Ce qu’ils privilégient, je crois, est simplement la qualité d’un texte. Gérard Klein a mis fin à un silence de vingt ans en publiant à nouveau un texte d’un auteur qui écrit en français, le Suisse Georges Panchard. Les éditions de l’Atalante font appel aux services de traducteur comme Lucas Moreno et ont noué des liens solides avec la Maison d’Ailleurs. L’explication du peu d’auteurs suisses publiés en français est simple : jusqu’à ces dernières années (disons quatre ans) il y avait très peu d’auteurs suisses intéressés par les littératures de l’imaginaire.
Actusf : Quels sont vos projets ? Pourrait-il y avoir une deuxième anthologie ?
Jean-François Thomas : Mes projets ?
Une nouvelle à paraître tout soudain dans le numéro spécial « 41 » de Galaxies. Deux nouvelles déjà rédigées (une de fantastique, une de SF), mais pas encore placées. Un roman jeunesse quasi terminé, auquel je dois rajouter trois chapitres et récupérer des objets disséminés dans la nature pour qu’il tienne la route. Une quarantaine de pages d’un roman SF qui avance très lentement.
Un vieux rêve, dont j’ignore s’il verra le jour, aucun éditeur ne s’étant jamais montré intéressé : une histoire de la science-fiction suisse…
Une deuxième anthologie ?
En ce moment, Anthony Vallat et Vincent Gessler sont les maîtres d’œuvres d’une anthologie de science-fiction suisse de textes inédits. Ils sont en train de recevoir et sélectionner les textes.
Merci pour votre intérêt et longue vie à ActuSF !