Des héros, des énigmes, des magiciens, de la fantasy en tout genre
Difficile de donner un résumé d’une anthologie aussi riche que celle-ci. Mes nouvelles préférées sont La Foi (Poul et Karen Anderson), Les Neufs Fils d’Or (Andre Norton) et L’Or ou l’Argent (Emma Bull). Dans la première, des enfants enlevés nourrissons par les gobelins rêvent au jour où ils atteignent la hauteur de la Mesure pour pouvoir partir dans la Verte Campagne. Mais un petit très fûté se rend compte un jour qu’atteindre la Mesure signifie devenir le dîner des gobelins… Dans Les Neufs Fils d’Or, une vieille magicienne trouve par hasard ou par destinée neufs enfants, descendants des anciens rois magiciens. Son rôle est de les former en un groupe soudé qui reconquerra le pays envahi par des homme-démons. Enfin, dans la dernière nouvelle, une jeune sorcière part en quête de sa préceptrice partie à la recherche du prince du pays disparu. Au bout de sa route, de nombreuses énigmes lui permettront d’atteindre avec sagesse ses objectifs et gagner plus que prévu.
Des liens plus ou moins évidents avec Tolkien
Il est une chose certaine dans cette anthologie, c’est que toutes, absolument toutes les nouvelles sont vraiment excellentes. Enfantine et sombre dans La Foi, drôle et acide dans La révolte des fées Dragées de Mike Resnick, décalée et loufoque dans Le Pont de Terry Pratchett, chaque nouvelle a un style et une écriture qui lui est propre, produit de l’imagination de grands auteurs de fantasy. Véritable kaléidoscope de toute la diversité de la fantasy, chaque lecteur trouvera son content et aura ses récits préférés.
Toutefois, si un lecteur non averti commence cette anthologie, il aura du mal à y distinguer une logique. En réalité, ce livre n’aurait pas dû être la fusion totale des trois livres originaux, ou du moins il aurait dû être divisé en trois grandes parties afin de permettre au lecteur de retrouver le lien. En effet, difficile de trouver les similitudes entre une magicienne réunissant neuf enfants pour reformer une lignée perdue (Les Neufs Fils d’Or) et un jeune homme essayant de retrouver son père le long du fleuve du temps dans un monde tubulaire (Sur la route du fleuve de Gregory Benford). À l’origine, trois thèmes étaient abordés dans trois livres distincts : les anciens rois et royaumes, le temps qui passe et l’éveil de jeunes femmes héroïques. Le distinguo entre les trois était pensé et aurait donc dû être conservé.
Tolkien est un grand auteur, un immense écrivain qui a révolutionné et influencé tous les auteurs de fantasy. Des nouvelles de l’anthologie telles que Jusqu'au bout des airs (Karen Haber), Le Roi de l’hiver (Jane Yolen) ou encore Rapte le Juste (Stephen Donaldson) sont de vibrantes et passionnantes références à l’œuvre et à l’imagination de Tolkien.
Ces trois dernières nouvelles sont liées à des extraits de l’œuvre de Tolkien. Afin de justifier que chacun des textes sélectionnés dans cette anthologie ont effectivement un rapport avec le travail de Tolkien ou découlent de son influence, cette superbe initiative aurait peut-être pu être reproduite pour chaque récit afin de donner toute sa puissance au livre.
En conclusion, l’anthologie de Martin H. Greenberg regroupe de très belles nouvelles écrites par de grands auteurs. Le seul souci de taille est que si une bonne partie des textes présentés ici sont effectivement issus de l’influence de Tolkien ou en sont un hommage, nous pouvons nous questionner sur la place de certaines autres malgré la qualité de leur récit et de leur écriture. Les amoureux de la fantasy ne seront donc pas déçus par cette anthologie mais les fans inconditionnels de Tolkien pourront parfois se sentir spoliés.