Réalisé par Edward Drake, Cosmic Sin compte parmi son casting Bruce Willis, Frank Grillon et Brandon Thomas Lee.
Et si Cosmic Sin, film de SF aux gros bras avec Bruce Willis et sur fond d’une invasion extraterrestre, réinventait à lui seul le concept de bouse intergalactique ? Navrant ou hilarant, à vous de choisir…
Sur une planète éloignée de la Terre, un couple s’apprête à s’étreindre fiévreusement quand débarquent brusquement, hors-champ dans l’obscurité, des aliens sanguinaires et capables de prendre possession de corps humains. Sous prétexte d’une téléportation quantique de ces méchantes bestioles sur notre planète bleue, le film justifie ni une ni deux une invasion extraterrestre à mi-chemin entre le film de zombies et le survival SF. À la rescousse de la race humaine, heureusement (ou pas) : des scientifiques et une escouade de soldats dont le briscard James Ford (Bruce Willis), général sans pitié sorti de sa retraite pour tout dézinguer.
Cosmic Sin est un film de science-fiction signé par un inconnu, Edward Drake, et sorti sous nos latitudes exclusivement en VOD (du côté de Prime Vidéo, notamment). Au premier abord, le long-métrage dispose de deux atouts à son actif : il promet de dérouler une histoire belliqueuse de SF à plein tube (avec des aliens, des vaisseaux et tout le toutim…), tout en s’apprêtant à remettre au combat tambour battant le vétéran Bruce Willis en première ligne. Le vieux briscard, comme fatigué de ses multiples castagnes dans la série Die Hard (McTiernan, entre autres), se trouve accoudé à un bar où il finit par s’empoigner frénétiquement avec quelques jeunes avortons trop fanfarons – le ton série Z est donné. Bientôt, ce dernier est approché par des pontes de l’armée pour intégrer un commando d’élite censé stopper des extraterrestres zombies se téléportant sur la Terre pour tout contaminer et détruire.
Bon, au départ, on veut bien laisser le bénéfice du doute à Cosmic Sin. Qu’importe la tonalité résolument nanardesque se dégageant de chaque plan ou presque, et ce dès les premières secondes, on accepte ses décors « cheap » et redondants parce que son scénario semble a priori suffisamment dense et réflexif pour justifier le voyage, aussi fauché soit-il – on espère alors naviguer quelque part entre Alien et Oblivion. Au cours d’un préambule ronflant et déclamatoire, le spectateur apprend donc qu’après cinq siècles d’expansionnisme terrien aux confins de la galaxie, rien ne va plus nulle part. Aux abords de la Terre, des clans se livrent à une guerre civile sans fin et sans merci. Pour couronner ce tableau, le pitch évoque en creux des chercheurs parvenus à tirer profit de la mécanique quantique, que cela soit en matière de téléportation ou d’armement (bombe quantique, eh oui). Bref, tout ça est bien beau mais très vite, le scénario ne sait pas trop quoi faire de tous ces ingrédients égrainés en grande pompe. Si bien que passé le premier quart d’heure, Cosmic Sin ressemble à un univers en carton-pâte au sein duquel s’entrechoquent piteusement tout un tas d’arguments bancals supposés en faire un authentique space-opera.
Or, la situation ne s’améliore guère au fil du temps. Si ce n’était que la qualité médiocre des effets spéciaux et la piètre touche des costumes, le problème ne serait disons que cosmétique. Mais en moins d’1h30, Cosmic Sin réussit l’impossible pari de cocher toutes les cases, vraiment toutes, du nanar ultime. Très vite, l’invraisemblance de l’histoire passe pour un défaut secondaire et on se tord de rire devant les deux ou trois hangars servant de décor au film. Même Bruce Willis, que l’intrigue vend au spectateur comme un boucher impitoyable, n’apparaît que comme la caricature mollassonne de ses personnages habituels à la gâchette facile. L’on peut d’ailleurs logiquement se demander si l’essentiel du budget de Cosmic Sin n’est pas passé dans le salaire de l’acteur. Reste que si le long-métrage vaut pour quelque chose, c’est sans doute pour sa capacité à faire rire à ses dépens ses spectateurs devant ses innombrables faiblesses. De là à prétendre au pire film de 2021, il n’y a qu’un pas. Et si cette parodie qui s’ignore ne vous suffit pas, sachez qu’un autre navet intersidéral sur fond de SF avec Bruce Willis est sorti peu avant : Anti-Life (John Suits, 2021). À croire que Bruce Willis veut concurrencer Nicolas Cage sur son propre terrain…
Alexandre Jourdain