Né en 1979, Tom Lloyd est un jeune auteur britannique dont Isak le Blanc Regard est le premier roman, le tome 1 de sa série Une ère de Pénombre. Commencé lorsqu'il était étudiant, ce cycle en est désormais à son quatrième tome, sorti cette année. Le cinquième est en préparation. Pour l'anecdote, Tom Lloyd travaille dans le monde de l'édition.

Une nouvelle vie pour Isak.

Isak est un blanc-regard. Il appartient à cette catégorie d'homme qui sont plus forts que leurs semblables et qui vivent plus longtemps. Deux caractéristiques qui leur attirent méfiance et jalousie. Toute sa jeune vie, Isak a senti le poids de cette différence, son père en tête, le maudissant régulièrement pour avoir tué sa mère à sa naissance. Aussi lorsqu'un messager vient le chercher sur ordre de sire Bahl, il quitte sans trop de regret son géniteur et son entourage, même s'il ne sait pas encore les épreuves qui l'attendent...

Tortueux...

Isak le blanc-regard est un livre de fantasy plutôt étonnant par sa noirceur et son héros. Isak en est le principal atout. Possédant des dons extraordinaires et appelé à succéder à Sire Bahl, il va devoir apprendre à lutter contre ses ennemis mais surtout contre lui-même. Il est en effet atteint de crises de rage qui ne font pas bon ménage avec son nouveau statut dans l'aristocratie. Il doit surtout veiller à ce que cette partie sombre de son âme ne l'engloutisse complètement, faisant de lui un monstre. S'il est difficile de s'identifier ou d'avoir de l'empathie pour lui, il n'en reste pas moins que c'est un anti-héros plutôt intéressant à voir vivre et évoluer.

La noirceur du roman est également un des éléments clefs. Le monde décrit par Tom Lloyd est dur et âpre, les rapports humains se révélant particulièrement cruels à la cour de Sire Bahl. Pour tout dire celui-ci n'a d'ailleurs quasiment aucun ami, hormis son vieux professeur d'arme et sa servante. En tout cas, rarement roman de fantasy n'aura été moins coloré.

Le principal hic c'est sans doute l'ampleur qu'à voulu donner Tom Lloyd à son livre. Il se perd un peu dans toutes les dimensions de l'intrigue, lui faisant emprunter des chemins particulièrement tortueux, quitte à nous perdre un peu nous-même. Il faut un peu de persévérance pour venir à bout de ce premier tome plutôt compact. Il n'en reste pas moins qu'il faut lui donner sa chance. D'abord parce qu'ainsi que nous l'avons dit, c'est un premier roman, et que l'on espère que l'auteur a appris à élaguer dans les tomes suivants ce qui provoque les lourdeurs de celui-ci. Ensuite parce qu'il a su mélanger les dimensions politiques de son histoire avec des batailles aussi violentes que spectaculaires. C'est en tout cas un début plutôt intéressant.