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Le Mois de l'imaginaire : Qu'est-ce qui fait un bon roman d'imaginaire... la réponse de Christophe Siebert
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Le Mois de l'imaginaire : Qu'est-ce qui fait un bon roman d'imaginaire... la réponse de Christophe Siebert

Christophe Siebert est l'auteur du cycle de science fiction Mertvecgorod composé de sept romans.

Voici sa réponse : Je ne crois pas que l’imaginaire existe. Si on se place du point de vue des personnages (et de quel autre point de vue pourrait-on se placer pour comprendre un roman, je me le demande), le monde qui les entoure est le monde réel. Je lis donc de la SF, du fantastique ou de la fantasy dans le même état d’esprit que du polar ou de la littérature générale, et j’en attends les mêmes choses. (Et quand j’écris mes trucs d’anticipation horrifique blablabla, c’est bien sûr dans le même état d’esprit.) Pour moi, la fiction doit proposer une vision singulière, une langue forte et m’envoyer des torgnoles à répétition sans que je sache trop d’où va venir la prochaine. Je cite tout le temps cette lettre de Kafka, d’ailleurs tout le monde en cite les derniers mots, mais ça fait pas de mal de rabâcher un peu et surtout de la donner à lire en version un peu plus longue : « Il me semble d’ailleurs qu’on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? Pour qu’il nous rende heureux, comme tu l’écris ? Mon Dieu, nous serions tout aussi heureux si nous n’avions pas de livres, et des livres qui nous rendent heureux, nous pourrions à la rigueur en écrire nous-mêmes. En revanche, nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme un malheur dont nous souffririons beaucoup, comme la mort de quelqu’un que nous aimerions plus que nous-mêmes, comme si nous étions proscrits, condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes, comme un suicide – un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. »

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