Un petit retour en arrière pour resituer l'ensemble s'impose avant de parler de ce nouveau roman d'Orson Scott Card. Ce dernier a écrit Le Cycle d'Ender comprenant quatre tomes contant (comme son nom l'indique) les aventures d'Ender, un jeune garçon précoce et extrêmement intelligent. Celui-ci est envoyé à l'école de guerre pour être formé et devenir un stratège militaire hors-pair. Ainsi, les premiers volumes sont centrés sur ce personnage extraordinaire.
Fort de son succès, Orson Scott Card a choisi de creuser le filon en reprenant les personnages du premier tome La Stratégie d'Ender : les parents d'Ender, son frère Peter, et ses amis ou ennemis de l'école de Guerre (Bean, son ami génétiquement modifié, Petra... Et Achille, le tueur psychotique). De la sorte, l'auteur a pu commencer un nouveau cycle en parallèle à l'histoire d'Ender, mais axé sur le personnage de Bean. Après La Stratégie de l'ombre et L'Ombre de l'Hégémon, voici donc Les Marionnettes de l'ombre.
Un cycle, cyclique dans les idées
Dans le dernier tome, Bean avait réussi à déjouer une partie des plans machiavéliques d'Achille. La Chine avait envahi l'Inde. Quant à Peter, il accédait au poste d'Hégémon. On aurait pu penser que cela se terminerait ainsi, et bien non. Voilà l’art de faire d’une idée, un cycle à la fin incertaine, et dont on finit par se lasser. Car pour lire ce nouvel épisode, il faut être un vrai fan, accro à la stratégie militaire et non, un simple amateur. D'ailleurs, dans ses remerciements, Orson Scott Card avoue avoir écrit ce roman à l'aide d'aficionados, leur proposant de lire les cinq premiers chapitres et de donner leur avis, leur suggestion pour la suite. Pourquoi faut-il que les écrivains s'évertuent à poursuivre des cycles qui ont déjà une fin ? C'est la chute assurée dans les méandres du déjà lu, de l'ennui et forcément, de l'amertume.
Bean, le héros sans peur, ni reproche
Tout le roman ou presque est basé sur deux personnages et tout gravite autour d'eux. Bean, seul survivant d'une expérience génétique, ultra–intelligent, sait qu'il mourra avant d'atteindre ses 20 ans. Il refuse d'avoir des enfants de peur de leur transmettre cette tare génétique, la clé d'Anton.
Peter, l'enfant qui s'apitoie sur son sort
Peter, lui est l'aîné d'une famille de trois enfants. Le problème, c'est que son frère n'est autre que Ender et sa sœur, Valentine, est partie le rejoindre. Il sait qu'il est le moins aimé des trois par ses parents. Il pense être seul, abandonné et ne pas avoir d'amis sur Terre, comme dans l'espace. Alors, pour prouver sa valeur, Peter décide de libérer Achille et de le garder sous la main pour l'utiliser. Tel est pris qui croyait prendre. Une nouvelle guerre commence.
Un charme qui n'opère plus
Conteur né, Orson Scott Card a l'art de raconter de nouvelles histoires et de capter l'attention du lecteur. Mais à force de nous resservir les mêmes choses, le charme n'opère plus. On s'ennuie des problèmes existentiels des héros et on a qu'une envie, c'est de leur donner une bonne paire de claques et de leur demander d'arrêter leurs enfantillages. Quant à ses rivalités planétaires, trame de fond de ce cycle, elles sont redondantes et ennuyeuses au possible. Orson Scott Card nous noie dans des propos trop bien pensants : arrêtons la guerre, soyons tolérants, et j'en passe. Sa vision de la religion est trop simple, trop puérile. Bref, un roman trop lisse en ces temps de conflits.