La Cité de Cristal

La Cité de Cristal

Après cinq longues années d'attente, le sixième tome des Chroniques d'Alvin le Faiseur est enfin sorti. La Cité de Cristal est annoncé comme l'avant-dernier tome de cette saga débutée en 1987 par Orson Scott Card. Sept tomes pour l'histoire du septième fils d'un septième fils vivant dans une Amérique où les États-Unis n'ont jamais été fondés. Ce cycle est fondé sur une étrange uchronie où le dix-neuvième siècle n'est pas celui que nous connaissons.

Décor uchronique

Beaucoup de gens ont fui la vieille Europe à la recherche de nouvelles terres, vers un monde plein d'avenir: l'Amérique. Parmi eux, nombreux sont ceux qui ont un talent. Pour certains, c'est un don, pour d'autres, un signe du diable. Alvin est le septième fils d’un septième fils. Il est un "faiseur" au destin exceptionnel qui doit accomplir une tâche: construire la cité de cristal. Mais, il ne sait comment, pourquoi et pour qui.

Direction Nueva Barcelona

Alvin part avec son beau-frère Arthur Stuart, vers Nueva Barcelona. Envoyé par sa femme Peggy, il ne sait pourquoi il doit aller là-bas. Sur place, il décide de se loger dans une pension tenue par un drôle de couple: Pap Orignal et Mam Écureuil. Abolitionnistes, ces derniers possèdent un orphelinat clandestin avec des enfants de toutes 'races': noirs, métis, indiens... Alors qu'Alvin commence à prendre ses repères dans cette ville, Nueva Barcelona est frappée par une épidémie de fièvre jaune... Le jeune faiseur tente d'endiguer au maximum la maladie, mais ses efforts vont rapidement se retourner contre lui, ses amis et l'orphelinat. Seul recours: la fuite. Ainsi, commence un exode où viendront se greffer des esclaves, des noirs affranchis et des Français.

L'histoire américaine revisitée

Orson Scott Card propose à travers cette saga une réinterprétation plutôt surprenante de l’Histoire Américaine. Il part de deux postulats: de petits changements à des instants précis modifient le futur et dans cette "nouvelle" version du futur, certains êtres humains restent suffisamment reconnaissables. Ainsi, on retrouve des personnages célèbres comme Jim Bowie ou encore Abraham Lincoln.

Essoufflement

Malgré les trois premiers tomes d'un cycle qui s'annonçait très prometteur, les tomes suivants se suivent et se ressemblent. L'essoufflement se ressent, le manque de nouvelles idées apparaît de plus en plus flagrant et on tombe dans une histoire sans surprise. Ce cycle fait preuve d'une grande irrégularité dans la trame et les rebondissements. On sent qu'après cinq ans, Orson Scott Card ne sait comment finir son histoire sans tomber dans la banalité. Malgré de très bonnes idées, un décor insolite d'une Amérique défigurée, l'auteur ne peut éviter les clichés et les grandes pensées moralisantes. Ainsi, Alvin prend position contre l’intolérance religieuse, l’esclavage et le massacre des Indiens d’Amérique. Extrêmement caricaturaux, les personnages d'Alvin et d'Arthur Stuart ne sont pas constants dans l'histoire : parfois naïfs, parfois avec un esprit de discernement surprenant, d'autres fois calculateurs. Bref, ces personnages restent beaucoup trop difficiles à cerner, trop irréguliers. On ne peut le nier l'auteur reste tout de même un conteur émérite et La Cité de Cristal se révèle, malgré les nombreuses imperfections, plaisant à lire. Mais on ne peut s'empêcher en refermant le livre de se dire qu'après cinq ans d'attente, Orson Scott Card aurait pu nous offrir beaucoup mieux.