Alain Damasio et la manière d'agir

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li-cam a écrit:
Des happenings sauvages du type de ceux qui sont organisés dans le monde de l'art contemporain ... des représentations de pièces de théatres politisées ou autre chose ... ou encore autre chose ?
Dans l'art contemporain, ce n'est pas trop dérangeant mais si le contenu devient expréssement politique, l'accueil sera sans doute plus froid pour ne pas dire musclé. Imaginer de nouvelles formes d'expressions politiques devient urgent pour palier le désintérêt ou le renoncement d'une frange de la population.
Je sollicite un diagnostic, docteur ... Quel est ton avis sur l'état actuel de la citoyenneté ? (Consommateur ? Citoyen ?)

Et une deuxième question :
"Change plutôt que tes désirs, l'ordre du monde"
Penses-tu écrire un jour une utopie ? (C'est pas que j'en rêve, mais si en fait Very Happy )


Salut Li-Cam

Tes questions sont précieuses mais ô combien difficiles… Nous sommes des millions de personnes à buter là-dessus. ce qui est sûr est que le monde de la militance change, tente d'innover, mais sur une base traditionnelle (grève, manifs, tracts…) qui reste très présente, trop ! J'avais lu un bon livre sur les actions militantes les plus originales : happenings oui, performances, mais pleins d'autres choses. Parler et écrire reste utile mais insuffisant parce qu'écouter et lire ne fondent que rarement une expérience commune. Je peux avoir 25 000 personnes qui ont lu la zone du dehors (c'est à peu près ça aujourd'hui) sans que ça suscite une inflexion politique visible ni un partage, donc à quoi bon, je me dis parfois ? La piste que j'explore pour les furtifs est de considérer que ce qui est vital aujourd'hui est de vivre des expériences communes — et pas simplement des expériences interconnectées. C'est pour ça que la manif reste intéressante, lorsqu'elle permet ce partage, ce moment de partage. Et une façon forte de le faire me semble articuler autour de l'idée d'habiter un espace, un même espace. Alors il y a le squat bien sûr, mais j'ai envie d'imaginer des habitats mobiles, déplacés, chaque jour changeant, des lieux d'élection. je rejoins un peu les TAZ de Hakim Bey mais avec l'idée d'habiter ensemble, de créer un espace neuf qui s'habite. J'appelle ça l'anarchitecture dans les Furtifs.

Et ça répond à ta seconde question : je ne conçois pas les dystopies sans un volet créatif utopique, comme dans la zone d'ailleurs, les deux derniers chapitres que beaucoup de gens n'aiment pas. J'aime l'utopie, c'est notre rôle d'en proposer et d'en montrer les potentialités. Les furtifs en proposeront quelques-unes !

à TRÈS BIENTÔT, BISOUS !
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