Fini. Je voulais le finir pour Pinal et dire à Mlle Niogret ce que j'en pensais, mais vu que c'était bien, j'ai pris mon temps.
J'ai beaucoup aimé la voix qu'elle donne à Chien, cette âpreté retenue, et qu'elle tient tout le long du livre. Bravo aussi pour la façon très physique de faire exister les personnages. C'est incarné, et parfois douloureux (comme un ongle ?).
L'histoire elle-même m'a surpris par sa liberté de construction, et j'aime tout ce qui se fait de libre. La fin est un peu plus convenue mais laisse quand même une forte impression. Du coup, je vais lire la nouvelle de Justine dans l'anthologie Magiciennes et Sorciers avec encore plus de gourmandise. Pas tout de suite. Là, je suis dans celle de Mlle Mazaurette, et c'est bien aussi.
(à peine) Plus d'avis
ici.
Don Lorenjy
Il y a vraiment plein de choses très intéressantes dans Chien du Heaume, qui vont bien au-delà du simple récit.
Attention : quelques spoilers !
Par petites touches, on voit se dessiner une polyphonie narrative qui devient réflexive, parce que le conteur se manifeste avec un regard un peu distancié sur Chien et parce que Chien tue un conteur dans le conte. Et si ça ce n'est pas de l'art…
Au-delà de toute la testostérone, de tous les mâles velus, Chien du Heaume est en fait un conflit de femmes. Quand j'en ai parlé avec Justine, elle en a convenu, et elle a dit qu'elle voyait Chien comme la femme puissante et maternante, "l'ourse", tandis qu'elle voyait Noalle comme la dame courtoise émergente, impuissante, qui a besoin du relais masculin pour exister. (D'ailleurs, cette image de l'ourse que Justine a spontanément évoquée à propos de Chien éveille pas mal d'échos quand on songe à l'épisode au cours duquel Bruec prend possession de son castel, un château à la fois si âpre et si douillet…)
La quête du nom est aussi une thématique très médiévale, qui renvoie à plein d'échos intertextuels.
Fin des spoilers.
Sinon, je suis assez frappé par la justesse de vue de Don Lorenjy sur son blog, dans la comparaison qu'il fait entre mes errements et la prose de Justine. J'en ai discuté avec elle, et ça cadre tout à fait avec nos façons de travailler.
Sarmate