Interview de Guy Gavriel Kay

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Elbakin.net publie une interview de Guy Gavriel Kay.

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Dans une interview récente pour le National Post, vous dites en parlant des lecteurs : "Je ne leur donne pas de la Fantasy dans le sens où ils le comprennent. Je fais de l’histoire avec un brin de fantastique." A la lecture de ceci, il semble implicite qu’il y a une division parmi les lecteurs de Fantasy, par exemple avec ceux qui ne lisent que des sous-genres particuliers. Dans le même temps, vous avez souligné que vous bénéficiez vous-même d’une certaine perméabilité dans les frontières du genre. Qu’est-ce qui selon vous motive à la fois la division de la littérature en genres – est-ce que c’est uniquement pour des raisons commerciales ? – et cette perméabilité que l’on constate aujourd’hui ?
Guy Gavriel Kay : Cette citation a un contexte : ce sont les lecteurs des "traditionnels" 5-10 volumes de Fantasy épique, avec les attentes que ceux-ci entraînent (mondes magiques, autres races, Bien contre Mal, énormes batailles). Une des choses les plus sympas avec Under Heaven jusqu’ici, en termes de retour, c’est de constater que de nombreux critiques qui font partie du monde de la Fantasy ont été très tôt très généreux et enthousiastes à son sujet. Ca fait du bien. C’est peut-être que, à être si tête de mule (un Canadien de l’Ouest, qu’y puis-je ?) et à rester sur la même chose pendant si longtemps, une part essentielle du marché de la Fantasy a évolué ou est en train d’évoluer un peu vers ce que j’essaie de faire. C’est un peu tôt pour dire, on verra bien. Je suis tout à fait d’accord avec l’idée d’une fragmentation dans la culture… Par contre je ne le limiterais pas à une discussion sur ce genre. Notre société toute entière est fragmentée et subdivisée, et le monde en ligne y joue un grand rôle. C’est tellement facile de trouver et choisir ses cyber-voisins et parler uniquement de ce que vous aimez lire (ou jouer, ou écouter, ou regarder) avec les autres qui partagent cet intérêt spécifique. Ce que je vois aussi c’est qu’en termes purement littéraires, une membrane autrefois rigide entre les courants principaux et les genres (de différents types) devient de plus en plus perméable. Je pense que Under Heaven pourrait (je le répète : il est trop tôt pour être sûr !) récolter les bénéfices de tout ça, ou jouer un rôle dans son développement. Je ne pense pas que tout ça soit "purement commercial", je pense que c’est démographique… une génération entière de lecteurs pour qui le fantastique constitue une part définie de leur courant principal.

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