Ainsi que vous le précisez plus haut, vous travaillez et peaufinez vos textes. Est-ce que vous pourriez nous expliquer comment vous retravaillez sur la base d'un premier jet ? Est-ce que vous faites intervenir des lecteurs de confiance (comme des amis auteurs de longue date, ce genre de chose) ? Faites-vous reposer votre texte ? Est-ce que vous montrez votre premier jet, ou bien préférez-vous toujours le relire avant de le confronter à un regard extérieur ?
Je ne pratique pas le premier jet (laugh now), car je ne supporte pas d'abandonner un paragraphe potentiellement boiteux pour passer au suivant. Dès qu'un paragraphe est achevé, il subit un traitement immédiat. Et ainsi de suite... Ma première tâche, chaque matin ou presque, est de relire ce qui a été produit la veille. Je fonctionne en prenant en quelque sorte de plus en plus de distance avec l'objet. Je ne suis pas un auteur au kilomètre. Ce qui fait que ma productivité journalière (laugh now) n'est pas fameuse. Un gars comme Fabrice Colin me bat à plate couture (applause).
Est-ce que vous travaillez sur plusieurs projets à la fois, ou bien, êtes-vous trop pris par chaque récit pour multiplier vos implications dans des textes différents ?
Non, je ne planche en général que sur un texte à la fois. Je prends peu de notes, je gère la plupart des choses avec le disque dur organique, et il n'est pas très stable. J'ai une partition quand même qui me permet de commencer à brosser le livre suivant. Durant une de mes récentes rencontres, les élèves qui avaient rencontré avant moi un vrai écrivain, m'ont demandé si j'avais moi aussi des carnets. Je leur ai sorti mon magnifique Moleskine en peau de koala (je m'étais dit qu'avoir un Moleskine me permettrait d'adopter une posture tout de suite plus littéraire), qui est quasi intégralement recouvert de dessins d'enfant (il m'arrive, entre autres, de le prêter dans le train quand j'ai à côté des mouflets qui s'emmerdent), avec quelques vagues embryons de notes que généralement je n'arrive même pas à relire.