Roland C. Wagner a écrit :Lensman a écrit :Shalmaneser a écrit :Toute notre littérature moderne est fondée sur la référence aux textes antiques et à la Bible, déjà. Je vois mal comment tu pourrais soutenir le contraire.
C'est sûr... on écrit en français, aussi (pour les auteurs de SF francophone), et ce n'est pas neutre, comme langue. Mais bon!!!
M'étonnerait qu'il y ait des masses de références bibliques chez les auteurs indiens ou japonais.
Chez les auteurs japonais, de SF notamment, il y a pas mal de références bibliques dans tout plein de romans... et en littérature générale, il y a Endo Shusaku qui est en plein dedans...
J'en profite pour reprendre un rapide échange entre oncle joe et MF il y a déjà plusieurs pages au sujet de l’acte de création dans la SF et du rapport avec les cultures monothéistes et polythéistes. Sur l’Inde, aucune idée, mais pour la Chine par exemple, il semblerait (je tiens ça de source japonaise, à prendre avec les précautions d’usage) que la SF ait été considérée là-bas comme une littérature servant à transmettre et faire comprendre les dernières évolutions technologiques, et à expliquer les sciences aux enfants. Tout ça n’a pas empêché la SF de s’y développer, mais la faire accepter comme autre chose que de la littérature jeunesse, et comme un genre à part entière, est un combat qui dure encore actuellement.
Pour le Japon, en-dehors de l’auteur japonais cité par Erion il y a un moment (j’en profite pour apporter une petite correction : l’auteur de
l’essence du roman est Tsubouchi Shôyo, et non Uchida Fuchian), qui rejette les romans à la Jules Verne de son idéal romanesque, le rejet-déni au Japon opère un peu de la même manière qu’en France, je crois... C’est-à-dire un dénigrement des instances légitimantes et des médias, par exemple. Ce qui est étonnant, c’est qu’il y a une sorte d’attirance-rejet, avec le refus de considérer la SF comme quelque chose de sérieux, alors que plein d’auteurs reconnus (Murakami Haruki entre autres) en utilisent les codes.
Quelques critiques là-bas relèvent l’influence de Star wars et du cinéma de SF dans la perception de la science-fiction : pour eux, cela a amené les écrivains de SF à s’interroger sur leur écriture et aura permis aux codes du genre de se développer auprès du grand public, et à la littérature générale d’utiliser certains codes de la SF. Les membres de la communauté SF au Japon sont plutôt contents de voir ces codes utilisés par les auteurs de mainstream, ils y voient une certaine reconnaissance. Même si ces éléments ne sont effectivement pas présentés comme tels, les auteurs n’hésitent pas à les utiliser, sans que cela choque outre mesure. Oe Kenzaburo a ainsi écrit un roman de SF (et présenté comme tel), même si le dit roman n’a pas eu de succès et n’est mentionné nulle part, à ma connaissance…
Au Japon, j’ai l’impression que la SF aura permis d’enrichir la littérature en général, hors considération de genre, ce qui ne l’a pas empêchée de continuer à exister en tant que genre distinct, l’accès à une certaine légitimité n’ayant pas entraîné de disparition du genre dans la littérature générale.