Lem a écrit :Vu qu'apparemment, tu es le seul à ressentir la SF comme tu la ressens, c'est pas évident pour définir la SF par ce moyen.
Je ne crois pas être le seul à trouver, par exemple, que les trois incipits ci-dessus ont un parfum SF caractéristique. Ma approche consiste à essayer d'analyser ce que je ressens. Certains s'y reconnaîtront et seront intéressés par ce qu'on peut en déduire ou trouver à partir de là. D'autres diront qu'ils ressentent "quelque chose comme ça" mais "pas tout à fait" et voudront peut-être essayer de savoir pourquoi. D'autres encore jugeront que ça ne ressemble en rien à leur expérience de la SF et se satisferont des analyses existantes. Je ne vois vraiment pas en quoi ça interdit le débat.[/quote]
Sauf que le parfum de SF, il nait non du ressenti, mais du SENS. C'est le sens qui guide l'usage, pas l'inverse. Que le sens produise une émotion, ben, c'est normal, c'est de la fiction, pas un essai. Mais le parcours inverse, ben non. Si tu lis du Patrick Grainville, tu auras des milliers de phrases du même genre que ce que tu cites, mais ça n'en fera pas une oeuvre de SF.
Extrait de L'atlantique et les amants :
"Ils ont fui sur leur moto. Soudés. En trombe. Défoncés de plaisir. Ensoleillés, intoxiqués d’odeurs.
Les falaises littorales presque rousses croulent sous le sabre des vagues. Oui, on dirait qu’elles culbutent, cavalerie tellurique, dans le carnage d’écume qui les taille, cet océan qui les foudroie de sa blancheur, les recrache plus loin et malmène leurs glaises dans les virages qui se couchent longuement, presque à toucher les flancs des cosmonautes hurlants. Car leur vaisseau ailé trace des arabesques et des fusements de joie. Ethérés, aveugles. Comme des anges cannibales. Dans la lyre du bruit, le tam-tam doré du moteur. Deux ogres déboulent sur Biarritz. Tout là-haut lévite un grand palais rouge. C’est une pierre double et altière, les deux branches d’un bijou taillé à la cime du roc. "
cosmonautes, vaisseau ailé, anges cannibales, ogres.
Et surtout, tu ne réponds pas à la question : que fais-tu si la même émotion est ressentie pour des oeuvres totalement différentes. Si tu ressens la même chose en lisant "L'homme qui a perdu la mer" et "100 ans de solitude", tu en déduis quoi ?