Du sense of wonder à la SF métaphysique

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MF
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Message par MF » jeu. janv. 21, 2010 1:00 pm

dracosolis a écrit :sfistes = tarés qui tiennent pour vraies des métaphores
ça vous va comme def ?
C'est sans doute pas si simple.

Tu aurais écrit "sfistes = tarés qui acceptent, provisoirement, et parfois par pur plaisir -ou perversion ?- pour vraies, des métaphores" j'aurais sans doute adhéré.

Pour revenir sur le fond, je vais prendre pour tenter d'illustrer ce que je perçois derrière tout cela (SoW, imprégnation, SVI...) deux romans dont nous avons déjà largement parlé sur ce fil, écrit l'un et l'autre par un auteur de SF de la période fin XXe - début XXIe (un certain Roland C. Wagner qui aurait, paraît-il, connu à cette époque un non négligeable succès d'estime) : L.G.M. et La Saison de la Sorcière.
Du premier, l'auteur nous dit que c'est un texte de SF et du second que c'est un texte d'Urban-Fantasy. Peux-on le croire et quelle est l'attitude du lecteur que je suis face à ces deux romans ?

L.G.M.
Tant que l'auteur ne me décrit pas son martien comme mesurant trois mètres de haut, d'une couleur jaune fluo avec des zébrures roses et doté des 8 pseudopodes, de 2 bouches cornées et de 3 yeux, dont 1 au milieu du thorax, je SAIS que c'est un petit homme vert rigolard, avec des oreilles décollées, et une tendance naturelle à m'apparaître inopinément sur l'épaule en s'écriant "Salut Toto !".
Que cette capacité marsienne à apparaître n'importe où, à se déplacer sans contingence temporelle, soit dû à un usage particulier de la physique quantique, aux propriétés pour nous inconnues de l'hyperespace, à la capacité des martiens à distordre l'espace-temps, à l'existence de trou de ver seulement perceptibles par l.g.m., je (en tant que lecteur) m'en contrefiche.
A partir du moment où j'accepte le petit homme vert, sans doute parce que je l'ai accepté précédemment (effet de rémanence ?), j'embarque dans ma crédulité provisoire tout ce qui ne m'éjecte pas du récit.

La Saison de la Sorcière
Le texte repose sur le fait que la magie existe, qu'elle est complètement surnaturelle, sans aucune explication rationnelle. Ce ne serait donc pas de la SF. Dans le meilleur des cas du Fantastique, dans le pire de la Fantasy.
L'auteur croit-il à la magie et diffuse-t-il sa croyance à travers son récit ? L'auteur ne serait-il qu'un de ces affreux hétéroclites au passage desquels nous ne pouvons nous empêcher de lever deux doigts en un cornuto protecteur ou un verre de bière en signe de ralliement ?
Peut-être... sauf que ce n'est pas l'auteur qui assène l'existence de la magie pure, irrationnelle, mais un de ses narrateurs.
Ce narrateur qui, confronté à des situations pour lui inexplicables, et ne trouvant pas d'explication rationnelle, se raccroche, naïf qu'il est, à l'irrationnel.
Puis-je, moi lecteur, le croire ? Bien sûr que non et pour au moins 3 motifs :
- à force de lire Brown, Sheckley, Lem, Dick, Gibbson... je SAIS que je ne peux pas faire confiance à un narrateur ; que la réalité alternative, ce n'est pas moi qui la vit mais le narrateur et, partant, que son "témoignage" doit être sujet à caution ;
- je sais qu'il existe une théorie scientifique postulant que 3/4 de la densité énergétique de l'univers serait constitué d'énergie sombre (ou noire comme la magie du même nom) ; et que la mobilisation de cette énergie pourrait expliquer des phénomènes autrement inexplicables :
- l'auteur donne le moyen technologique de mobilisation et d'usage de cette "magie" : le réseau internet.
Moyennant ces 3 motifs, ma suspension volontaire d'incrédulité peut être maintenue puisque je peux apporter, lors de ma lecture, des facteurs de crédibilité temporaire complémentaires ; je comble les trous avec des éléments liés à mon "merveilleux".
Je mobilise donc mon SoW pour ranger ce texte dans mon corpus SF et conclure que si ce texte est bien de la SF, l'auteur n'est pas un hétéroclite.
Ce qui, évidemment, nécessitera que je lui offre une bière à la première occasion.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

Lem

Message par Lem » jeu. janv. 21, 2010 1:36 pm

Lensman a écrit :C'est peut-être le terme (?) "image" qui me pose problème, parce que j'ai tendance à le réduire au visuel. D'où je dirais plutôt qu'il y a transformation d'une idée en objet. En SF, il doit arriver que cette idée soit particulièrement spéculative.
Prenons un exemple kleinien. Partons de ses Tueurs de temps.
Sous ces mots, il y a une expression bien connue : tuer le temps.
Quelle est son acception classique ? En gros : ne pas sentir le temps passer . Supprimer l'expérience subjective de la durée, de l'ennui.
C'est une métaphore : une chose – ne pas percevoir – est décrite comme une autre chose – tuer.
S'agit-il d'une idée particulièrement spéculative ? Non. C'est une expression dont le pouvoir suggestif, poétique, repose sur l'écart entre la chose originelle et la chose reformulée. Tout le monde la comprend sans explication. Je suppose qu'un grammatologue y discernerait une trace de pensée animiste, comme dans toutes les expressions où le monde matériel se comporte comme une personne ("le soleil se lève", "l'aube caresse les montagnes", "la terre a passé son manteau hivernal" etc.) Mais ce n'est pas directement le sujet.

Maintenant, regardons ce qui se passe quand on réifie cette métaphore, quand on en fait une réalité concrète. Les tueurs de temps, qu'est-ce que c'est et à partir de quel moment est-ce de la science-fiction ?

1) On peut imaginer sans problème un roman où ce titre décrirait quelque chose de vrai, d'objectif, mais qui resterait non-SF. Par exemple, "les tueurs de temps" est le nom d'un cercle de bibliomanes qui se réunissent tous les soirs à dix heures dans un bar à vin près de la Seine pour parler de leurs dernières lectures parce que la littérature prouve que la vie ne suffit pas. L'expression-source n'est pas réifiée pour autant car les bibliomanes ne tuent pas réellement le temps ; la métaphore, même utilisée comme nom attribué à une chose concrète, reste métaphore.

2) Un cas plus délicat pourrait survenir dans un autre roman où "les tueurs de temps" seraient des gangsters-hypnotiseurs. Capables de faire perdre totalement conscience à leurs victimes et de les manipuler comme des marionnettes, ils les utiliseraient pour commettre des crimes en toute sécurité : même capturés et interrogés, les sujets seraient incapables de se rappeler leurs actes. Leur mémoire comporterait des gaps flagrants, le temps aurait été "tué" en eux. Mais si on s'en tient là, on n'est toujours pas dans la SF (même avec l'apport d'hypnose spéculative) car l'écart entre la métaphore "tuer le temps" et la réalité concrète décrite dans le livre ("hypnotiser") reste perceptible, l'effet poétique est toujours devant.
Je discerne cependant des cas de figure où ce dispositif peut produire l'Effet (par exemple, s'il y a un certain type de discours sur la nature de l'hypnose, la nature du temps, etc..) et changer la nature du texte mais je ne m'étends pas.

3) Imaginons maintenant un texte où "les tueurs de temps" sont toujours des gangsters mais capables d'arrêter vraiment le temps. De le figer. Monsieur X, membre de ce groupe, se promène boulevard Saint-Germain. Par une vitrine, il aperçoit une vendeuse en train de faire sa caisse, arrête le temps (tout est figé sur place, le soleil, les oiseaux dans le ciel, les passants, le flot de la Seine toute proche), entre dans la boutique, tape dans la caisse puis s'en va et remet le temps en route. Personne n'a rien vu, personne n'a de souvenir de quoi que ce soit, la vendeuse fait ses comptes et constate qu'il lui manque une somme importante qui était là une minute plus tôt, etc.
Il y a plein d'histoires de SF comme ça. Je me souviens d'une nouvelle de Lafferty, entre autres : Les six doigts du temps. Qu'il y ait une explication scientifique, superscientifique ou simplement vaguement rationnelle du prodige n'est pas décisif puisque, même en l'absence d'explication (comme chez Lafferty), le fan "sent" que c'est de la SF (ce qui n'exclut pas qu'un amateur de fantastique puisse revendiquer le texte par ailleurs ; l'important est ici qu'on puisse légitimement classer le texte dans la SF – donc affirmer qu'au minimum, c'en est). L'Effet SF se produit au spectacle du temps suspendu, arrêté, transformé en objet. Il reste une distance entre ce qui se passe dans le texte (figer) et le mot utilisé pour le décrire (tuer) mais force est de constater que la réification rend cette distance négligeable. Intuitivement, il n'est pas possible de nier que tuer le temps, c'est exactement ça : l'arrêter, le matérialiser sous la forme d'une scène parfaitement immobile. Pourquoi ? Mystère.

4) Enfin, revenons à la source avec les Tueurs de temps de GK. Je ne me souviens plus des détails du roman (malheur à moi) mais même si je me trompe dans ma remémoration, la démonstration reste valable dans la mesure où elle s'applique à la SF en général. Le livre comporte un ou plusieurs voyages dans le temps – à bord d'un vaisseau, je crois bien. Les Tueurs du titre, ce sont les membres de l'équipage. Qui niera qu'il s'agit là de SF ? Il suffit d'imaginer ces types rassemblés sur la passerelle de leur navire et programmant des sauts temporels pour sentir que le titre dit vrai : ce sont bien des tueurs de temps – au sens propre et non plus figuré. Le vaisseau et la situation des personnages dans un monde futur ne sont d'ailleurs pas nécessaire : tout voyageur temporel peut être décrit comme un tueur de temps, même s'il opère à Paris aujourd'hui. Pourquoi ? Parce que le temps qui est tué ici, ce n'est pas "le mouvement" (comme dans l'exemple du boulevard Saint-Germain) mais "la succession causale". C'est cette acception qui est détruite par le voyage temporel, c'est cette signification qui est "tuée". Le vaisseau temporel et sa capacité à remonter vers l'amont ou descendre vers l'aval réifie a contrario l'idée du temps comme succession causale – en bouleversant la causalité – de la même manière que l'homme du boulevard Saint-Germain réifie a contrario l'idée du temps comme mouvement – en l'arrêtant.

(Un cas-limite intéressant : après la publication de la Relativité Générale, il n'aurait pas été surprenant qu'Einstein soit surnommé par la presse "le tueur de temps". Ne venait-il pas de liquider la représentation classique du temps comme référentiel absolu ? D'une manière étrange, la phrase produit un très léger Effet et un membre de Notre Club pourrait sans problème le cultiver et l'amplifier. Par exemple, en écrivant un roman sur une civilisation de voyageurs temporels qui se réfère à son père fondateur, Einstein, comme au "tueur de temps".)

Vois-tu mieux, Oncle, l'intérêt de cette démarche ? On parle ici d'esthétique, de rapport au langage, au moins autant que de jeu avec les idées.

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Message par Lensman » jeu. janv. 21, 2010 1:48 pm

Lem a écrit :
Vois-tu mieux, Oncle, l'intérêt de cette démarche ? On parle ici d'esthétique, de rapport au langage, au moins autant que de jeu avec les idées.
Je vois effectivement que ça ne m'intéresse pas beaucoup. Ce ne sont pas les raisons pour lesquelles je lis de la SF, et je vois des idées spéculatives là où tu n'en vois pas (et réciproquement, sans doute). J'ai personnellement très peu d'intérêt pour les jeux de langage (sauf les jeux de mots, pour faire rire les copains…).
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » jeu. janv. 21, 2010 1:51 pm

Lensman a écrit :Je vois effectivement que ça ne m'intéresse pas beaucoup.
Quel dommage.
Mais aucun problème du moment que tu ne dis pas "ce n'est pas intéressant en soi, ça ne mène nulle part". Parce que ce n'est pas vrai. Il y a beaucoup de choses à trouver par là.

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silramil
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Message par silramil » jeu. janv. 21, 2010 1:58 pm

Mmm.

Dans Les Tueurs de temps, un vaisseau spatial est pris par erreur au piège d'une mine temporelle. Ils découvrent qu'ils sont dans un lointain passé et ne peuvent rentrer chez eux. Ils utilisent leur technologie pour conquérir le système solaire où ils ont atterri, notamment parce que leur capitaine pense découvrir les responsables de leur déplacement temporel par ce moyen. En définitive, ils parviennent à causer suffisamment de problèmes pour que les empires temporels indirectement responsables finissent par les ramener à leur époque.
Je laisse volontairement de côté de nombreux détails significatifs, mais le titre "Tueurs de temps" renvoie surtout au fait que des soldats luttent contre le temps, mais pas contre le phénomène physique du "temps", mais contre des "maîtres du temps", en quelque sorte. Il me semble qu'il faudrait un meilleur exemple de métaphore.

La réification de métaphore n'est qu'un phénomène parmi d'autres dans la science-fiction, et cela ne lui est pas exclusif. L'imagination scientifique, la fantasy et le fantastique peuvent l'employer également. Le Horla, exemple cité plus haut, m'a toujours paru fort abusivement récupéré par les tenants de la SF. La créature qui pourrait exister ailleurs que dans l'imagination délirante de celui qui tient le journal n'est absolument pas définie. Seuls ses effets sont perceptibles : hypnose, absorption de fluide, et de vie. Supposer qu'il s'agit d'un mutant, d'un extraterrestre ou de toute chose rationalisable n'est pas plus (ni moins) autorisé que de supposer qu'il s'agit d'une sorte de fantôme ou de vampire.
Quelle que soit l'interprétation (fantastique ou imagination scientifique), la même réification a lieu.

Cette réification, de métaphores, de concepts, de tout ce qu'on veut, n'est qu'une des manifestations de la poétique de la science-fiction, centrée autour de la matérialisation de ses objets. Il s'agit de rendre concrets, solides, dans l'esprit du lecteur, des objets fictionnels. C'est un phénomène intéressant, mais ce n'est ni central, ni exclusif à la SF.
Modifié en dernier par silramil le jeu. janv. 21, 2010 1:58 pm, modifié 1 fois.

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Lensman
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Message par Lensman » jeu. janv. 21, 2010 1:58 pm

Lem a écrit :
Lensman a écrit :Je vois effectivement que ça ne m'intéresse pas beaucoup.
Quel dommage.
Mais aucun problème du moment que tu ne dis pas "ce n'est pas intéressant en soi, ça ne mène nulle part". Parce que ce n'est pas vrai. Il y a beaucoup de choses à trouver par là.
En quoi est-ce dommage? Ce n'est pas intéressant en soi, pour moi en tout cas, et ça ne mène nulle par si on veut définir la SF en général. S'il s'agit de repérer des éléments de langage dans des textes de SF, pourquoi pas?
Le discours sur la métaphysique me semblait plus intéressant, en fin de compte, car il semblait y avoir un peu plus de fond, derrière, et que je pouvais argumenter. Là, c'est juste sans intérêt, pour moi, et ça me donne l'impression qu'on passe à côté de la richesse du phénomène SF.
Oncle Joe

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Erion
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Message par Erion » jeu. janv. 21, 2010 2:01 pm

Lem a écrit :
Lensman a écrit :Je vois effectivement que ça ne m'intéresse pas beaucoup.
Quel dommage.
Mais aucun problème du moment que tu ne dis pas "ce n'est pas intéressant en soi, ça ne mène nulle part". Parce que ce n'est pas vrai. Il y a beaucoup de choses à trouver par là.
Oh, il peut dire "ca peut être intéressant, mais ça ne mène nulle part".

Les jeux de langage, c'est sympa, mais sans les idées, c'est vain.

Ceci dit, comment tu distingues la "métaphore réifiée" et la mine décrite par Zola ? Là, on a une métaphore (surtout la mort de la mine) adaptée à une chose. Si c'était de la SF, la mine en question serait un organisme vivant basé sur de la roche.
Du coup, ce que je vois surtout, c'est l'idée, plus que l'image. Si un auteur de SF mettait en scène une mine "vivante", je penserais à Germinal d'abord. Ce qui différencie, c'est l'idée, le sens, le sujet/objet.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Message par silramil » jeu. janv. 21, 2010 2:01 pm

MF : tu peux aussi considérer que La saison de la sorcière est de la fantasy urbaine, ou que c'est indécidable. Mais de toute façon, je ne vois pas le rapport avec l'hétéroclitisme.

(maintenant, peut-être fais-tu rentrer la fantasy urbaine dans la SF, à chacun ses découpages...)

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Message par MF » jeu. janv. 21, 2010 2:02 pm

Lem a écrit :Prenons un exemple kleinien. Partons de ses Tueurs de temps...
...
Il y a plein d'histoires de SF comme ça...
Procrastination, un des romans du Disque-Monde de Pratchett.

Maintenant, savoir si le descripteur le plus pertinent est "réification d'une idée" ou "nonsense" ?

Ma faveur, toute personnelle, j'en conviens, va à nonsense.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
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Message par silramil » jeu. janv. 21, 2010 2:06 pm

Ah, sinon, l'expression de "tueur de temps" serait encore plus appropriée dans un texte mettant en scène un bon garçon armé d'une épée magique, qui débusquerait la tour dans laquelle se cache le temps, entouré par ses démons vieillesse et entropie, pour le tuer et garantir l'éternité à tous les êtres vivants.
Une fois le temps tué, tout le monde serait immortel.
ça me paraît être une réification de métaphore encore plus littérale que de dire qu'un voyageur temporel, en annulant des successions causales, devient un tueur de temps.

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Message par Lensman » jeu. janv. 21, 2010 2:07 pm

MF a écrit :
Lem a écrit :Prenons un exemple kleinien. Partons de ses Tueurs de temps...
...
Il y a plein d'histoires de SF comme ça...
Procrastination, un des romans du Disque-Monde de Pratchett.

Maintenant, savoir si le descripteur le plus pertinent est "réification d'une idée" ou "nonsense" ?

Ma faveur, toute personnelle, j'en conviens, va à nonsense.
Dans le monde qui n'est pas de fiction (acte manqué: je n'arrivais pas à écrire le mot "fiction"!) , est-ce qu'on va dire que Clément Ader ou les frères Wright "réifient" des machines volantes? Personnellement, je dis qu'ils les inventent. On peut faire pareil en fiction, je ne vois pas trop l'intérêt de l'emploi des termes "réifier" ou "réification"…
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le jeu. janv. 21, 2010 2:13 pm, modifié 1 fois.

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Message par MF » jeu. janv. 21, 2010 2:07 pm

silramil a écrit :MF : tu peux aussi considérer que La saison de la sorcière est de la fantasy urbaine, ou que c'est indécidable.
Tu peux.
C'est sans doute qu'il te manque un des 3 item que j'ai énoncés.
Mais de toute façon, je ne vois pas le rapport avec l'hétéroclitisme.
Moi non plus. Relire ma signature.
(maintenant, peut-être fais-tu rentrer la fantasy urbaine dans la SF, à chacun ses découpages...)
As tu lu ce que j'ai écrit ?
Si oui, lequels de mes arguments réfutes-tu ?
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Message par Roland C. Wagner » jeu. janv. 21, 2010 2:14 pm

silramil a écrit :MF : tu peux aussi considérer que La saison de la sorcière est de la fantasy urbaine, ou que c'est indécidable.
En fait, Sylvie, qui a une bien meilleure mémoire que moi, vient de me rappeler que j'ai tout fait pour que ça soit indécidable.

Du coup, je me demande ce qu'en penserait un lecteur habitué à l'urban fantasy (et/ou au fantastique) mais pas à la science-fiction.

Je me demande aussi si la perception du livre aurait été différente s'il était paru sous l'étiquette fantasy, ou fantastique.
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Message par silramil » jeu. janv. 21, 2010 2:16 pm

MF a écrit : Peut-être... sauf que ce n'est pas l'auteur qui assène l'existence de la magie pure, irrationnelle, mais un de ses narrateurs.
Ce narrateur qui, confronté à des situations pour lui inexplicables, et ne trouvant pas d'explication rationnelle, se raccroche, naïf qu'il est, à l'irrationnel.
Puis-je, moi lecteur, le croire ? Bien sûr que non et pour au moins 3 motifs :
- à force de lire Brown, Sheckley, Lem, Dick, Gibbson... je SAIS que je ne peux pas faire confiance à un narrateur ; que la réalité alternative, ce n'est pas moi qui la vit mais le narrateur et, partant, que son "témoignage" doit être sujet à caution ;
Si tu considères que le témoignage est sujet à caution, peu importent les deux éléments supplémentaires que tu cites, car c'est toi, en tant que lecteur, qui en juge et qui les apporte.
Un lecteur peut donc considérer que c'est de la SF, de la fantasy urbaine, ou laisser cela en suspens.
L'élément important, ici, est que le "sense of wonder" est déclenché sans qu'il soit certain qu'il s'agisse de science-fiction.

Maintenant, je voulais simplement indiquer que la mention de l'hétéroclitisme n'avait aucun rapport avec le raisonnement que tu tenais. Ce texte pourrait être bien des choses, sans être de la SF, mais cela n'impliquerait pas pour autant que son auteur soit hétéroclite.
Si c'était simplement de ta part du second degré ou de l'ironie, ignore ma remarque à ce sujet.

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Message par MF » jeu. janv. 21, 2010 2:18 pm

Roland C. Wagner a écrit :Je me demande aussi si la perception du livre aurait été différente s'il était paru sous l'étiquette fantasy, ou fantastique.
Ou sous pseudo.

Il est clair que quand j'ouvre un de tes livres, je prends une posture de lecteur SF.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
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