MF a écrit :silramil a écrit :Si je me fonde sur l'argument énoncé par toi-même au début de cette discussion parallèle, la narration joue à plein, ici. Dans un cas (La Saison de la sorcière) nous sommes confrontés à des personnages qui interprètent comme magie l'énergie qu'ils suscitent
Non. Ce n'est pas ce que j'ai écrit dans mon post, ni ce que j'ai lu dans le texte de Roland.
Relis moi : c'est moi (lecteur) qui ait rapporté la notion d'énergie.
Les personnages expose l'aspect concret, surnaturel et totalement irrationnel de la magie.
Et Roland a utilisé, à mon avis volontairement, les termes "surnaturel" et "irrationnel" pour jouer l'indécidabilité. Il n'a pas utilisé le terme "énergie".
hum. je ne parlais pas d'énergie, quand je disais "ton argument", mais de ceci
ce n'est pas l'auteur qui assène l'existence de la magie pure, irrationnelle, mais un de ses narrateurs.
Ce narrateur qui, confronté à des situations pour lui inexplicables, et ne trouvant pas d'explication rationnelle, se raccroche, naïf qu'il est, à l'irrationnel.
La source d'information est, à tes yeux, trop peu crédible, trop subjective, pour que tu lui accordes une entière confiance.
: si nous nous rallions à eux, c'est de la fantasy urbaine
Je ne me rallie pas à eux pour deux raisons déjà indiqué : 1°) je sais combien les auteurs de SF sont retors, donc j'ai forcément un doute sur l'objectivité des informations rapportées par un narrateur ; 2°) j'ai connaissance de théories scientifiques susceptibles de rationnaliser la magie exposée,
qui ne sont pas déniés par la narration. C'est cette faille que j'exploite.
ce n'est pas une "faille", c'est un vide narratif. Et tu n'exploites rien (car tu ne produis rien sinon un discours parallèle à l'oeuvre), tu remplis à ta guise les blancs du texte, ce qui est une activité passionnante, mais infinie et sans impact sur le texte lui-même.
Dans l'autre (Terremer), des éléments narratifs qui ne dépendent pas d'une subjectivité nous informent que des magiciens existent et qu'ils dominent certains aspects du monde rien qu'en les nommant.
Le narrateur omniscient comme source d'objectivité ? Je comprends mieux nos divergences à propos d'Ubik ^^
Moui. enfin, l'objectivité totale n'existe pas, simplement des degrés d'interprétation possible. La rouerie du narrateur peut entrer en ligne de compte et c'est au lecteur d'être vigilant. Sans aller jusqu'à considérer que ce qu'on pense du texte peut remplacer complètement ce qui est dit dans le texte.
Et ces interprétations n'ont de sens que dans un texte matérialiste, c'est-à-dire lourdement lié à une exigence de non-contradiction (son monde est censé exister indépendamment du récit). Spéculer sur la taille de Gargantua n'a guère d'intérêt, par exemple, vu qu'il en change selon ce que Rabelais lui fait faire.
Objectif s'oppose simplement ici à subjectif : si notre source d'information est un seul personnage susceptible d'être mal informé, ses infos sont plutôt subjectives, donc susceptibles d'être invalidées, soit par le texte, soit par une interprétation subtile ; si nos infos viennent d'un faisceau convergent de déclarations du narrateur, d'événements se produisant dans le texte et de croyances fondées sur l'observation de ce monde, alors nous sommes en présence d'infos objectives.
Et bien relis
La Saison. Tous les personnages, tous les événements, tous les témoignages convergent : c'est de la magie et rien d'autre. Ce sont donc d'après ta définition des informations objectives. Et pourtant, ça ne colle pas.
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Oui, ce sont des informations objectives selon ma lecture. Tu te rappelles sans doute que la première fois que ce roman a été mentionné dans le fil, j'ai tranché en faveur de la fantasy urbaine. J'ai admis depuis qu'il y avait une marge d'interprétation suffisante pour qu'il soit difficile de trancher. Cette marge d'interprétation est liée pour moi au caractère "émergent" de la magie dans ce bouquin : elle ne fait pas encore partie du quotidien comme la magie de Terremer - il reste donc possible qu'une analyse plus rationnelle intervienne par la suite, une fois que les personnages seront sortis de l'événement. Sauf que cette analyse, étant hors-champ, me paraît un peu gratuite.
Donc, tout en reconnaissant qu'une lecture en terme de science-fiction n'est pas exclue, je penche toujours personnellement vers la fantasy urbaine.