Du sense of wonder à la SF métaphysique

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bormandg
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Message par bormandg » mar. févr. 02, 2010 12:00 am

Lensman a écrit :D'ailleurs, finalement, tu l'as liquidée toi même, dans ta grandiose (et désespérée, je pense) description de la SF absorbant l'ensemble de la fiction…
Ce n'était pas la position de Houellebecq, ça? Faut que je relise Sortir du XX° siècle. 8)
Modifié en dernier par bormandg le mar. févr. 02, 2010 12:14 am, modifié 1 fois.
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » mar. févr. 02, 2010 12:06 am

dracosolis a écrit :
Gérard Klein a écrit :[

Après les auteurs, ce sont les acteurs qui peuvent se faire du souci. Mas ce n'est pas notre affaire et tout cela a été abondamment décrit dans la science-fiction.
Rock Machine (Norman Spinrad)
(un de mes préférés)

Vous êtes encore là, tous ? :shock:
Pour toi, je suis toujours là. Jour et nuit.
C'est du reste pour toi que j'ai publié ce livre.
Tu en doutais?
Mon immortalité est provisoire.

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Lensman
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Message par Lensman » mar. févr. 02, 2010 12:18 am

Draco, tu n'aurais pas un manuscrit à fourguer? ça fait depuis combien de temps qu'une Française n'a pas été publiée en A&D? Hé hé!
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dracosolis
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Message par dracosolis » mar. févr. 02, 2010 8:27 am

je n'ai jamais douté UNE seconde que Rock machine soit sorti POUR MOI GK ^^

sinon Tonton, dans la mesure où pour sortir un autre bouquin avant 2012, il faudrait que j'habite sur Mercure, je crains qu'A&D ne doive lorgner du côté de Katioucha pour cette grande première :lol:
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Le_navire
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Message par Le_navire » mar. févr. 02, 2010 11:22 am

dracosolis a écrit : sinon Tonton, dans la mesure où pour sortir un autre bouquin avant 2012, il faudrait que j'habite sur Mercure, je crains qu'A&D ne doive lorgner du côté de Katioucha pour cette grande première :lol:
:shock: Tu veux dire qu'A&D va désormais publier des livres d'histoire pour les réfractaires mal embouchés ?

C'est de la Sf, ça, ma chérie.
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dracosolis
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Message par dracosolis » mar. févr. 02, 2010 11:52 am

Le_navire a écrit :
dracosolis a écrit : sinon Tonton, dans la mesure où pour sortir un autre bouquin avant 2012, il faudrait que j'habite sur Mercure, je crains qu'A&D ne doive lorgner du côté de Katioucha pour cette grande première :lol:
:shock: Tu veux dire qu'A&D va désormais publier des livres d'histoire pour les réfractaires mal embouchés ?

C'est de la Sf, ça, ma chérie.
toi t'es en plein déni
(s y'a trop de métaphysique dans les bouquins de Kat'?) 8)

enfin, j'ai lu 3/4 nouvelles de la dame, m'a bien semblé que c'était de la sf
(ne me demandez pas à quoi je l'ai reconnu,e, je parlerai pas, même sous la torture)
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Le_navire
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Message par Le_navire » mar. févr. 02, 2010 1:12 pm

Nan mais draco, c'est parce que le prochain bouquin de Katioucha... Enfin voilà quoi. Parait que ce sera pas de la littérature. Quoi que connaissant Katioucha, même avec la meilleure volonté de monde, je doute qu'elle parvienne à faire autre chose que de la littérature. Elle serait capable d'en faire avec le bottin, et sans se planter sur un seul numéro de tel, elle.
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Lem

Message par Lem » mar. févr. 02, 2010 4:21 pm

Pfiou.
Je viens de lire un article (inédit, en manuscrit, je ne dis pas qui est l'auteur mais c'est quelqu'un d'honorablement connu dans le milieu scientifique), un article, oui, assez époustouflant, qui analyse les lois du monde de Tex Avery à partir de la physique d'Aristote et aussi de René Thom. (Ça fait un peu le même effet que de voir Galilée mathématiser l'Enfer de Dante). A la fin du papier, il y a une phrase ou Tex Avery est vu comme :
précurseur du retour à ce que Thom appelait une "métaphysique réaliste", seule capable, selon lui, de "redonner du sens au monde". Pour qui rêve d'un monde intelligible, la méta-sémio-physique avéryenne présente l'inestimable avantage de donner accès à une compréhension fine des mécanismes de l'âme enfantine.
Après notre intermède sur la science-fiction-fiction, je trouve ça très intéressant. Ça pourrait même déboucher sur une définition consensuelle : "la SF est la littérature de la métaphysique réaliste (au sens de Tex Avery)".

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jeandive
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Message par jeandive » mar. févr. 02, 2010 4:21 pm

c'est simple ( ouf ! ) mais assez synthetique ( qui a ecrit l'article ? :) )

http://fr.wikipedia.org/wiki/Science-fiction

pour roland , concernant le reel impact de gernsback ds le monde de la sf , je connaissais bien sur les livres cités ...en anglais , ( perso j'ai aussi celui ci Image que j'avais acheté pensant y trouver une section illustrée)
que je ne lis pas : je suis preneur d'un texte ( forcement moins complet ) en français ! Qui ne doit pas exister je suppose ( je vais relire l'histoire de la sf de sadoul...)

sinon en relisant , je trouve étonnant la séparation faite par GK entre la " populaire" et la " litteraire" sur un sujet comme celui de ce fil censé parler ( entre autre !!! ) de la science-fiction tout court ...

donc a priori , cela se précise sur une definition de la science-fiction " moderne " , et non plus de la science-fiction ( protosf , archéosf , sfmoderne , quoi d'autres ?)

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Le_navire
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Message par Le_navire » mar. févr. 02, 2010 4:33 pm

Lem a écrit : "la SF est la littérature de la métaphysique réaliste (au sens de Tex Avery)".
Mwahahaha, joli Lem.
En même temps, on est de plus en plus mal barrés côté déni, là... :lol:
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bormandg
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Message par bormandg » mar. févr. 02, 2010 4:39 pm

Le_navire a écrit :
Lem a écrit : "la SF est la littérature de la métaphysique réaliste (au sens de Tex Avery)".
Mwahahaha, joli Lem.
En même temps, on est de plus en plus mal barrés côté déni, là... :lol:
Eh bien, on fondera l'Académie Averyste. 8) :twisted:
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MF
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Message par MF » mar. févr. 02, 2010 5:31 pm

Lem a écrit :
MF a écrit :A défaut de pouvoir "négocier" avec un texte de SF, le critique littéraire le dénaturerait en usant de la métaphore (je reprends ton vocabulaire même si je préfèrerais "analogie").
En le (re)décalant dans l'humanière. En faisant le travail inverse de celui réalisé par l'auteur et en perdant ainsi tout ce qui caractérise l'aspect SF du texte.
C'est ça.
Et il me semble que, ce faisant, le critique littéraire se condamne à ne pas comprendre, voire à trouver que le texte SF ne parle de rien – car ce qui intéresse l'auteur (idéalement), c'est la consistance logique de son extrapolation avant le pouvoir métaphorique, ou analogique, de son objet.
Travailler à liquider le déni implique, entre autres, d'expliciter ce que fait la SF de ce point de vue, d'élargir ce qu'on appelle littérature pour faire une place à ce projet – bref, d'apprendre au mainstream à lire comme c'est écrit. Ce qui explique mon intérêt pour les questions d'esthétique, le statut de la métaphore et la réification. Ce n'est pas dénaturer la SF que de faire cela ; c'est transposer ses opérations dans le vocabulaire critique du mainstream.
Ça ne dénature peut-être pas, mais amha, ça ne sert à rien.
Tant que tu restes ancré sur le mot "métaphore", tu renvoies le critique à ce qu'il connait, à l'outil littéraire "métaphore", à la figure de style.

Or, et je crois que nous en sommes d'accord, ce n'est pas ce qu'utilise l'auteur, le créateur, lorsqu'il invente une relation dans l'espace des concepts.

Je ne crois pas que l'auteur génère un décalage d'un champ lexical à un autre, ou utilise une analogie, lorsqu'il se demande "Et si...". Il invente une réalité autre.
C'est toi, lecteur, à la recherche d'analogies, qui peut éventuellement y voir une "métaphore réifiée".

Je suis persuadé que plus tu utilises le terme de "métaphore" pour convaincre un littéraire, plus tu vas à l'encontre de ton objectif car tu le replaces dans SON univers : celui des figures de style ; tu le renvoies à SON référentiel normatif.

Quant à l'esthétique... les instances prescriptrices du domaine littéraire n'ont-elles pas déjà définis ce qu'est l'esthétique en littérature ? Et tu vas aller leur expliquer qu'ils se sont plantés ? Bon courage...
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Aldaran
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Message par Aldaran » mar. févr. 02, 2010 5:50 pm

jeandive a écrit :sinon en relisant, je trouve étonnant la séparation faite par GK entre la "populaire" et la "litteraire" sur un sujet comme celui de ce fil censé parler (entre autre !!!) de la science-fiction tout court...
donc a priori, cela se précise sur une definition de la science-fiction "moderne", et non plus de la science-fiction (protosf, archéosf, sfmoderne, quoi d'autres ?)
Il sépare "populaire" et "littéraire" ou dit simplement qu'une certaine SF est plus exigeante qu'une autre ?
Si j'ai un peu cerné la SF qu'aime Gérard, c'est davantage celle qui pousse à la réflexion que celle qui est bien écrite. Encore mieux si le tout y est, évidemment, mais j'ai l'impression que le premier point a plus d'importance.
(Je vais me faire remonter les bretelles si je n'ai pas bien cerné...)

Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » mar. févr. 02, 2010 5:54 pm

A propos de figures de style, Jakobson a comparé les genres littéraires à des figures de style dans leur rapport avec le monde. Pour lui le roman réaliste peut être considéré comme une métaphore tandis que la poésie est de l'ordre de la métonymie. Si l'on en croit le célébre linguiste le critique a donc l'habitude de voir la métaphore dans le roman. Manque de pot ça marche pas avec la SF (et pas non plus avec la fantasy d'ailleurs).
Ce qui faudrait voir c'est à quelle figure de style l'on peut assimiler la SF dans son rapport au monde.
Bienvenu chez Pulp Factory :
http://pulp-factory.ovh


Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com

Lem

Message par Lem » mar. févr. 02, 2010 6:09 pm

MF a écrit :Je suis persuadé que plus tu utilises le terme de "métaphore" pour convaincre un littéraire, plus tu vas à l'encontre de ton objectif car tu le replaces dans SON univers : celui des figures de style ; tu le renvoies à SON référentiel normatif.
Non.
Je pars de son référentiel – la métaphore – pour lui expliquer qu'il doit s'en séparer. Je lui montre que ce qui est premier, ce n'est pas la métaphore mais sa réification sous forme d'objets, de scénarios ou de mondes concrets dont la beauté repose sur la consistance logique. J'ouvre un chemin entre sa façon de lire et la nôtre.
Quant à l'esthétique (entendue ici comme "science de l'œuvre d'art"), tu fais peu de cas de l'opposition entre le Beau et le Sublime tels que définis au XVIIIème siècle. En France, pour faire très simple, le Beau est posé comme l'émotion esthétique de ce qui simple, clair, bien délimité dans l'espace, de belles proportions, etc. (Les jardins à la française.) Et le Sublime est considéré comme l'extrême du Beau : ce qui est parfait.
En Angleterre, c'est différent; Le Sublime y est considéré comme le contraire du Beau : tout ce qui met en scène l'énorme, l'inachevé, le grotesque, l'indicible, l'obscur, le terrifiant. Ce n'est pas pour rien que les Anglais se sont choisis Shakespeare (et plus tard Milton) comme père fondateur ; ce n'est pas pour rien non plus que le Sublime a servi de charte esthétique au roman gothique, chaîne littéraire dont le dernier maillon est Frankenstein.
Dans cette optique anglo-saxonne, le spectre du sentiment esthétique n'est complet que s'il va d'une extrémité à l'autre: la sensibilité humaine est réputée avoir besoin de l'une et de l'autre.. Dans l'optique française, qui comme chacun sait a préféré Molière et Racine à Rabelais pour se codifier elle-même, la sensibilité est comme amputée du l'obscur, de l'énorme, de l'inachevé ; le seul parcours légitime est celui qui mène à la simplicité extrême, la clarté parfaite, la juste proportion, etc.
Source du différentiel entre anglos et franchouilles sur la question du fantastique et de la SF ? C'est un sujet intéressant et l'esthétique est l'endroit où il se montre. Je ne vais donc pas expliquer que quiconque s'est trompé mais analyser l'origine d'une conception de l'œuvre d'art qui fait l'impasse (ou plutôt réoriente – mais c'est un autre sujet) sur toute une partie du sentiment esthétique.

Je ne te convaincrai pas naturellement mais ce n'est pas grave. C'est mon truc, après tout. Et puis, aux environs de la page 500, "ça ne sert à rien", "tu n'y arriveras pas" et autres "c'est perdu d'avance", j'ai fini par m'y faire.

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