Dans les 10% de désaccord irréductibles, la "thèse M" prend beaucoup de place. Et vu que ce fil est supposé ne porter que sur elle...
Je continue donc:
Lem a écrit :Chacun réagit à cette situation comme il l'entend, comme il le souhaite, comme il le peut. Personnellement, j'ai eu tout au long de ces cinq cents pages et quelques l'impression que le déni, pour beaucoup de mes contradicteurs, au fond, c'est très bien. Très confortable, presque cosy. Qu'on est si bien entre nous. Qu'on n'a rien à gagner voire tout à perdre à essayer d'ouvrir.
C'est un choix, ce n'est pas le mien.
Le mien non plus. J'ai déjà répété comment l'acceptation du déni et la construction du ghetto-forteresse aboutiraient, AMA, à la mort de la fiction spéculative, aussi bien dans le ghetto que hors de lui.
Lem a écrit :J'irai donc répétant que la SF est de la littérature, ce qui n'implique nullement de dénaturer la SF mais d'élargir ce qu'on appelle littérature.
Tout comme je répèterai que la science fait partie de la culture, ce qui n'implique pas de dénaturer la science mais d'ouvrir la notion de culture.
Au point de jonction, les questions d'esthétique sont importantes et elles preuvent prendre des formes étonnantes (Aristote et Tex Avery par exemple – ou 'pataphysique et science-fiction…)
Rien à ajouter ou à modifier.
Lem a écrit :Persuadé qu'une partie du déni se nourrit de la perception"'american-only", je continuerai de retracer l'histoire du genre (puis de la subculture) vue d'ici et non des Etats-Unis. Ce ne sera pas "une autre histoire" et encore moins "une fausse histoire" mais simplement "la même histoire" telle qu'elle s'est produite ici – et qui ne commence donc pas par Gernsback.
Aucun doute là-dessus, il y a en France une partie non négligeable de la science-fiction française qui, tout en acceptant le fait et les apports américains (Gernsback, Campbell, fandom,...) sait aussi se référer aux sources françaises, et il importe de ne pas les oublier. De là à espérer que cela aidera vraiment dans la lutte contre le déni....
Lem a écrit :Et naturellement, je serai attentif à ce fameux parfum métaphysique que dégage le genre depuis l'origine et qui a, je crois, nourri le déni en raison directe de celui qui a frappé le métaphysique lui-même et semble céder aujourd'hui. On ne s'en est pas aperçu parce que dans science-fiction, le mot science a longtemps paru prendre toute la place. Mais comme je l'ai dit dans la préface, je crois que la SF a occupé une place singulière au XXème siècle. A la croisée de domaines réputés disjoints : science, philosophie, religion, art. Une place singulière – pour ne pas dire nexialiste.
Là, je rappelle encore une fois que le "parfum métaphysique" est général dans TOUTE la littérature et que, AMA, il n'a pu participer au déni, d'autant moins que le déni consiste, en général, à nier la valeur métaphysique des idées quand elles sont reprises en SF (on parle de pseudo-métaphysique pour bien prétendre qu'il n'y a pas de vcraie métaphysique). La littérature "mainstream" se veut à la croisée des domaines philosophique, religieux, artistique. Tout juste si elle ne prétend pas, parfois, revendiquer la science. Sur ce point là, l'objet de ce fil sjnmt, nous n'avons pas avancé.

"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."