Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Erion
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Message par Erion » lun. févr. 08, 2010 5:47 pm

Lem a écrit : Chacun réagit à cette situation comme il l'entend, comme il le souhaite, comme il le peut. Personnellement, j'ai eu tout au long de ces cinq cents pages et quelques l'impression que le déni, pour beaucoup de mes contradicteurs, au fond, c'est très bien. Très confortable, presque cosy. Qu'on est si bien entre nous. Qu'on n'a rien à gagner voire tout à perdre à essayer d'ouvrir.

C'est un choix, ce n'est pas le mien.
Grossière déformation.

Le jour où le genre (la SF) se vendra beaucoup, il sera reconnu par les prescripteurs. C'est ce qui s'est passé partout. C'est le travail des éditeurs. Penser qu'un critique peut changer ça, c'est non seulement illusoire, mais mégalomaniaque. Je sais que tu vas répondre "mais il faut bien faire quelque chose !", oui, et à chaque fois, la réponse est la même : les auteurs doivent écrire, et les éditeurs doivent tout faire pour que ce qu'ils écrivent soit connu des lecteurs potentiels.
Si Gernsback et Campbell ont eu un impact, c'est en créant le réseau, en diffusant l'information sur ce qui se publiait, en construisant une communauté. Cela n'a pas eu lieu en Europe. Les prescripteurs n'ont rien à voir dans ce phénomène.

Ensuite, dans l'hypothèse où la SF serait reconnue des prescripteurs sans le soutien d'un public et de lecteurs, cela signifiera mécaniquement que ne seront mis en avant que les auteurs reconnus par les prescripteurs, et pas le reste. C'est donc manipuler le genre pour se conformer aux desideratas des prescripteurs, et non en fonction des goûts du public.

Trouver désirable le destin de la poésie, c'est pas vraiment ce que je souhaite à la SF (une littérature reconnue, mais abandonnée par le public).
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Lem

Message par Lem » lun. févr. 08, 2010 5:50 pm

bormandg a écrit :dresser une liste de titres "mainstream" qui contredisent ton affirmation et celle de Gérard…
Franchement, je serais curieux de voir cette liste. Tu devrais trouver le temps.
Tu peux aussi y ajouter les livres qui traitent des autres sujets (espace, temps, surhomme, immortel, etc.) Tu vas obtenir… quoi ? Un total représentant 0,000000000000001% de tout le corpus.
Maintenant, établis le rapport pour la fiction spéculative. Rien qu'avec les "grands sujets" évoqués dans mon post, on doit arriver à 30 ou 40 % des textes.
Dans un cas, c'est négligeable.
Dans l'autre, c'est massif.
D'où (hypothétiquement) le contraste et la perception du parfum M, aliment du déni.

(Et pour ton premier exemple, me sortir un livre que Bragelonne vient de rééditer n'est peut-être pas la démonstration la plus efficace ; ça tendrait plutôt à prouver que la fiction spéculative considère naturellement ces sujets-là comme les siens.)

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Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » lun. févr. 08, 2010 6:04 pm

Si Gernsback et Campbell ont eu un impact, c'est en créant le réseau, en diffusant l'information sur ce qui se publiait, en construisant une communauté.
Le mot magique a été lâché : réseau. Le réseau est le modèle sur lequel est construit la société de l'information si l'on en croit des sociologues comme Daniel Bell ou Manuel Castells. La SF a construit un modéle subculturel sur le modèle du réseau et ce dès les années 30 aux USA. Un réseau a tendance à vouloir s'étendre et se consolider. Quelques années plus tard il me semble que le rock'n roll dans le domaine musical allait avoir le même type de construction.
Mais en France depuis près de trente ans il y a chez les politiques et chez bon nombre de décideurs économiques, sociaux et culturels un refus de cette société de l'information. La France doit tout faire pour rester une société industrielle et ne pas passer au modèle suivant. Donc c'est peut être aussi pour ça que les littératures de l'imaginaire ne progressent pas vraiment.
A mon avis le jour où la France décidera de consolider la société de l'information je suis persuadé que les choses changeront.
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Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
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Lem

Message par Lem » lun. févr. 08, 2010 6:08 pm

MF a écrit :Même pas derrière un pilier de Notre-Dame ?
Paul Claudel a écrit :J'étais debout, près du deuxième pilier, à droite, du côté de la sacristie. Les enfants de la Maitrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. En un instant mon cœur fut touché et je crus."
Je n'appelle pas ça "voir un dieu ou Dieu (réifié) en action". J'appelle ça se convertir au christianisme.
Dracosolis a écrit :le fils du dieu de l'orage" Aarto Pasilinaaa
"Rutja, velu, la stature imposante, se leva. Il portait une cape en fourrure d'ours, une coiffure de plumes de rapace et un gourdin noueux à la ceinture. Il regarda calmement son père et les autres dieux puis dit d'une voix puissante "Je suis prêt à tout. [...] Absolument tout !"» Et c'est ainsi que le fils du dieu de l'Orage descend aujourd'hui du ciel jusqu'en Finlande avec pour mission de reconvertir les Finnois à la vraie foi de leurs ancêtres. Tel un Candide venu du fond des âges, il découvre avec stupéfaction les mystères de la condition humaine et les méandres incompréhensibles de la civilisation. Son apparence ayant de quoi terroriser les populations, il se réincarne en un paisible propriétaire terrien mais n'hésite pas à frapper de la foudre quiconque lui déplaît. Réussira-t-il à atteindre son objectif ? C'est ce que nous conte avec son humour habituel Arto Paasilinna dans ce nouveau roman, détonant mélange de fable sociale et d'épopée mythologique..."
Science-fantasy, apparemment. Le texte est paru chez Denoël en 95, au début de la liquidation du déni mais allez… Je suis large. Un.
(Par ailleurs, Paasilinna a aussi écrit Le cantique de l'apocalypse joyeuse, un post-apo rural-communiste (une sorte de Malevil souriant) plutôt réussi. C'est un habitué, semble-t-il.

Lem

Message par Lem » lun. févr. 08, 2010 6:37 pm

Erion a écrit :Grossière déformation.
Ah, ça faisait longtemps. C'est quoi, cette fois-ci ? Mensonge ? Hypocrisie ?
Le jour où le genre (la SF) se vendra beaucoup, il sera reconnu par les prescripteurs.
C'est faux. La SF s'est bien vendue dans les années 70 ; elle n'a pas été reconnue. La BD pour adulte était confidentielle avant sa légitimation ; elle a explosé après.
Si Gernsback et Campbell ont eu un impact, c'est en créant le réseau, en diffusant l'information sur ce qui se publiait, en construisant une communauté. Cela n'a pas eu lieu en Europe.
Il y a un réseau de la SF en France. Il date du début des années 50 – et même des années 30-40 si on veut bien se souvenir que Bergier, Gallet, Pauwells, Queneau, Vian, Bridenne étaient déjà là à ce moment-là et s'intéressaient au genre. Aujourd'hui, ce réseau comprend plusieurs centaines de personnes. On y trouve des auteurs (dans toutes les maisons d'édition et dont certains sont connus hors des frontières), des graphistes (idem), des cinéastes (idem), des critiques (idem, plus toute la presse), des éditeurs (idem), des traducteurs (idem), des gens des médias et de l'internet (idem). On y trouve des centaines de fans. En tout, ça doit faire cinq ou six cents personnes dans à peu près tous les milieux imaginables – y compris dans le milieu scientifique –avec touts les connections souhaitables à l'international. Qu'est-ce que tu veux de plus ?
Trouver désirable le destin de la poésie, c'est pas vraiment ce que je souhaite à la SF (une littérature reconnue, mais abandonnée par le public).
Dans la pire des hypothèses, qui n'a rien d'impossible hélas, la SF continuera d'être illégitime et sera en plus abandonnée par le public.
Modifié en dernier par Lem le lun. févr. 08, 2010 7:13 pm, modifié 1 fois.

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » lun. févr. 08, 2010 6:55 pm

Lem a écrit :Dans la pire des hypothèses, qui n'a rien d'impossible hélas, la SF continuera d'être illégitime
illégitime, adjectif
Sens 1 Qualifie un enfant qui est né en dehors d'un mariage. Synonyme adultérin Anglais illegitimate
Sens 2 Injustifié. Synonyme irréfléchi Anglais unwarranted
Sens 3 Qui ne correspond pas à la moralité.
Lem a écrit :et sera en plus abandonnée par le public.
Tu as regardé dans ta boule de cristal ?
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Message par Lem » lun. févr. 08, 2010 7:01 pm

Roland C. Wagner a écrit :illégitime, adjectif
Oui, tu as remarqué ? "Genre illégitime" est une métaphore.

Sinon, pas de boule de cristal. J'entends ce que disent nos amis les éditeurs. J'enregistre ce que racontent les auteurs qui ont connu les décennies précédentes. Pas de boule de cristal mais une vue sur les courbes décennales. Ce n'est pas très gai.
Cela dit, ça peut très bien redémarrer. La SF est un truc cyclique. J'ai un sérieux doute, pour diverses raisons, mais je peux me tromper. Et je n'essaie pas de convaincre quiconque ici de faire quelque chose ; j'explique juste ce que, moi, je fais.

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » lun. févr. 08, 2010 7:04 pm

Lem a écrit :une vue sur les courbes. Ce n'est pas très gai.
Tu parles de lézards à gros seins, là ?
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Message par Lem » lun. févr. 08, 2010 7:06 pm

Un jour, il faudra m'expliquer cette obsession.
(Et d'abord, y a-t-il ne serait qu'un texte en SF où on trouve ces choses ?)

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » lun. févr. 08, 2010 7:14 pm

Lem a écrit :Un jour, il faudra m'expliquer cette obsession.
C'est une métaphore.
Lem a écrit :(Et d'abord, y a-t-il ne serait qu'un texte en SF où on trouve ces choses ?)
C'est prévu.
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Message par Lem » lun. févr. 08, 2010 7:14 pm

Ah ! C'est un projet.
Rien à dire. "Toute licence en art" (Léon Trotski).

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Message par Roland C. Wagner » lun. févr. 08, 2010 7:15 pm

Lem a écrit :Ah ! C'est un projet.
Non, c'est une réification.
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Erion
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Message par Erion » lun. févr. 08, 2010 7:43 pm

Lem a écrit : C'est faux. La SF s'est bien vendue dans les années 70 ; elle n'a pas été reconnue. La BD pour adulte était confidentielle avant sa légitimation ; elle a explosé après.
Dans les années 70 : Un numéro d'Apostrophe, Temps X. Après, faut que les structures éditoriales suivent et continuent. Ce qui n'a pas été le cas. J'en reviens toujours à la même chose : la reconnaissance de la SF, c'est le boulot des éditeurs, leur capacité à mobiliser, capitaliser.
Il y a un réseau de la SF en France. Il date du début des années 50 – et même des années 30-40 si on veut bien se souvenir que Bergier, Gallet, Pauwells, Queneau, Vian, Bridenne étaient déjà là à ce moment-là et s'intéressaient au genre. Aujourd'hui, ce réseau comprend plusieurs centaines de personnes. On y trouve des auteurs (dans toutes les maisons d'édition et dont certains sont connus hors des frontières), des graphistes (idem), des cinéastes (idem), des critiques (idem, plus toute la presse), des éditeurs (idem), des traducteurs (idem), des gens des médias et de l'internet (idem). On y trouve des centaines de fans. En tout, ça doit faire cinq ou six cents personnes dans à peu près tous les milieux imaginables – y compris dans le milieu scientifique –avec touts les connections souhaitables à l'international. Qu'est-ce que tu veux de plus ?
Ouais, comparer 5 à 600 personnes avec les pulps de Gernsback. Tout va bien. Y'a vraiment eu 500 à 600 personnes dans les conventions françaises de SF ? Sérieux ?
Dans la pire des hypothèses, qui n'a rien d'impossible hélas, la SF continuera d'être illégitime et sera en plus abandonnée par le public.
L'illégitimité n'a rien à voir avec l'abandon du public. Tu ne peux PAS démontrer que la reconnaissance par les prescripteurs va attirer des lecteurs. C'est juste une histoire qui va intéresser le ghetto de la littérature générale, mais c'est tout. La légitimité et la reconnaissance n'ont JAMAIS empêché un genre de se développer et de prospérer.
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Message par Lem » lun. févr. 08, 2010 7:57 pm

Erion a écrit :Ouais, comparer 5 à 600 personnes avec les pulps de Gernsback. Tout va bien. Y'a vraiment eu 500 à 600 personnes dans les conventions françaises de SF ? Sérieux ?
Tu me parles réseau. Je te réponds qu'il y en a un. Réseau ne signifie pas "somme totale de tous les lecteurs". Il y a bien des gens qui lisent de la SF mais ne sont pas des fans.
Tu ne peux PAS démontrer que la reconnaissance par les prescripteurs va attirer des lecteurs.
Non. C'est juste une hypothèse : ce serait plus facile, je pense. Mais je peux me tromper.

Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » lun. févr. 08, 2010 8:02 pm

Tu ne peux PAS démontrer que la reconnaissance par les prescripteurs va attirer des lecteurs
Je plussoie. Ca risque même d'être le contraire. La reconnaissance publique doit entraîner une reconnaissance par les prescripteurs. L'inverse est suicidaire. La reconnaissance par les prescripteurs risque de faire croire au grand public qu'il s'agit là d'un genre semi officiel. Ca marche malheureusement comme ça. Il faut oeuvrer pour une reconnaissance publique via la TV, le web et les nouveaux supports de communications qu'il propose, ne pas oublier la radio (média encore très prisé par les ados.) et même le peu de presse écrite qui reste (même si ce dernier médium est en perte de vitesse). Il faut faire feu de tout bois.
C'est le boulot des éditeurs.
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