Du sense of wonder à la SF métaphysique

Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » mer. févr. 10, 2010 12:04 am

bormandg a écrit :
Lensman a écrit : "Tout smouales étaient les borogoves". Quelques lecteurs ne se sont pas enfuis en hurlant d'horreur parce qu'il y avait des mots qu'il ne comprenaient pas. C'est vrai que la SF demande souvent de l'imagination AUSSI à ses lecteurs… c'est comme ça. On peu le regretter... heu..., non! On ne le regrette pas: c'est très bien!!!
Oncle Joe
Exemple mal choisi, Joe: ce texte (je parle de l'original de Charles Lutwidge Dodgson) est reconnu comme de la "littérature". 8)
Rassure-toi (?), tous les non amateurs de SF ne sont pas nécessairement cultivés…
Les amateurs de SF non plus: la première fois que j'ai lu ce texte (dans une antho Marabout), je devais avoir 14 ans, et j'ignorais complètement que c'était une référence à Lewis Carroll…
Oncle Joe

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » mer. févr. 10, 2010 12:51 am

dracosolis a écrit :
Lensman a écrit :
Lem a écrit :
Fabien Lyraud a écrit :Pour les relations SF médiatiques / sf littéraire Mike Ashley explique dans un article comment dans les années 60 alors que la SF commençait à marquer le pas, l'intérêt du public pour le genre a été réveillé par Star Trek. Il semblerait qu'aux USA les relations entre les deux soit assez différentes de chez nous…
Oui, en effet.
Il semblerait que ça ne se passe pas là-bas comme ici. Que nous n'ayons pas le même fond culturel, le même rapport à l'image et à l'écrit, le même rapport à la science, le même système éditorial, la même ouverture aux subcultures, la même population de trois cents millions de personnes sans parler des autres pays anglophones accessibles sans traduction, la même capacité de production des chaînes du cable etc.
Il semblerait que la SF ne puisse pas se développer ici en transposant les schémas US.
"Il semblerait" que nous touchions du doigt le problème.
Je me demande si, dans des pays proches de culture puissante (Italie, Allemagne, Espagne...), le "déni" de la SF est ressenti de la même façon, et ce qu'en pensent les acteurs et amateurs de SF de ces pays. Ont-ils ce même "complexe" vis à vis du monde culturel anglo-saxon (quant à la SF)? Ont-ils des "prescripteurs" aussi ringards que les nôtres?
Oncle Joe
c'est pas ringard le bon mot, je le crains
les prescripteurs souffrent, pour la plupart, surtout de "falta de Cultura"

c'est quoi un prescripteur ?
ben à la base, c'est la nana de la médiathèque qui commande les nouveaux bouquins.

Bien
et là j'en ai une sous la main, une lambda, vu que ma mère (littéraire, ancien prof, ex expert comptable classe A) est maire-adjoint "aux espaces verts et à la culture"
(si, si, on ne rigole pas avec le sens figuré dans les landes)

Donc, elle et moi nous baladons dans les rayons d'une des médiathèques qu'elle chapeaute, nous commençons sans trop d'énergie notre énième engueulot sur le thème "la sf c'est de la merde"
elle montrant le rayon criminel du doigt (une seule étagère) :
- regarde, est-ce qu'il y a UN seul roman valable dans cet étalage de daubes ?


j'en trouve trois (des vieux) asimov, Dick, simak (celui-là c'est ma mère qui l'a donné) (y'a pas Ballard qui est en litt gen ^^)

mais je la traine devant le rayon de litt gen (une gondole plus deux présentoirs) (séparé de celui des classiques) et je lui repose la même question en ajoutant :
- la sf c'est comme le mainstream, ça a son pourcentage de Jeanne Bourrin (sorry pas pu résister 8) et son pourcentage de Claude Simon
(elle trouve le Ballard, un Kawabata, et une quinzaine d'autres)
sourire, elle triomphe.
Moi:
- tu as regardé la taille des rayons avant de rigoler ? Proportionnellement t'as autant de Bourrins dans l'un que dans l'autre, le problème c'est que ta brave Melle X, connait à peine mieux le second que le premier et que en ce qui concerne les nouveautés en mainstream, je lui laisserai pas acheter tant de Musso, si j'étais toi.
Et la brave Melle X surgit alors pour nous expliquer qu'elle en a lu aucun, que ce qu'elle aime elle c'est Amélie Nothomb et que c'est merveilleux parce qu'une de mes collègues va en faire présenter un à l'oral du bac...
(aussitôt je note de faire envoyer des tueurs à gages à la dite collègue)

les prescripteurs d'accord c'est un peu ma mère (mais on peut la convaincre parfois, gaiman, simak, Ballard, Mc Carthy - cormak -elle a reconnu, du bout des lèvres mais elle a reconnu) mais alors Melle X aucune chance
et n'essayez pas lui causer métaphore et métaphysique à celle là
(pédagogie à la limite)
Pour les TAG (tueurs à gage) j'ai des prix mais ça dépend du département.
Pour toi, Draco, je ne prendrai aucune commission.
Mais je ne fais plus le travail personnellement.
Mon immortalité est provisoire.

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » mer. févr. 10, 2010 12:55 am

Lensman a écrit :
Lem a écrit :
Aldaran a écrit :Pourrais-tu souligner…
Quoi ? Je poste sur le doc Canal qui s'achève par une demande des réal français d'être pris au sérieux (correctement considérés et financés).
Oncle ricane un doute sur l'efficacité de la supplication et me fait un cours sur l'économie du cinéma.
C'était davantage une remarque désabusée qu'un ricanement... Mais il est vrai que je ricane souvent... Je ne me souviens pas avoir fait un cours sur l'économie du cinéma, mais je me souviens avoir juste dit qu'il y avait peu de mise de fond à mettre pour publier des Silverberg et des Egan français, si ceux-ci se manifestent. Nous espérons tous voir davantage de SF française publiée!
Oncle Joe
J'ai fait ce que j'ai pu.
Je fais ce que je peux.
Je me sens profondément (dés)encouragé par Érion, entre autres.
Qui font tellement plus.
Mon immortalité est provisoire.

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » mer. févr. 10, 2010 1:21 am

Lensman a écrit :
Lem a écrit :
Lensman a écrit :Si les "Grands Transparents" laissent des traces, même infimes, c'est qu'il existent. Ils sont donc réifiés (après, on peut toujours faire une erreur d'interpération et voir des traces là où il n'y en a pas, mais la n'est pas la question).
Quand Michel-Ange peint une image de Dieu, Dieu est-il réifié ? Existe-t-il ?
(Je suis heureux par ailleurs de voir que tu manipules désormais tous ces concepts avec une aisance parfaite.)
Biens sûr, Dieux existe, pour ceux qui en reconnaissent l'existence. Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire.
Oncle Joe
Cher Oncle, il est inutile de me mettre au pluriel. D'autant que l'ortografe de ce pluriel est discuté, entre le Concile de Trente et notre présente Académie.
Mon immortalité est provisoire.

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » mer. févr. 10, 2010 1:30 am

dracosolis a écrit :
Sand a écrit :dans mon cas, ce n'est pas le système critique que je disqualifais (osef, comme dit l'autre), mais l'assertion comme quoi du moment qu'on arrive au même résultat, on se fout de la méthode.

heu... comment dire...
pareil
Certes. Sans aucun doute. Mais le problème des femmes, c'est qu'elles sont intelligentes.
(Enfin parfois).
Tandis que les hommes ils doivent sans cesse prouver que…
???
Mon immortalité est provisoire.

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » mer. févr. 10, 2010 1:53 am

dracosolis
tu sais
on est des filles
on lit de la sf sans chercher de métaphores
et en plus la moitié d'entre nous est blonde
alors...
comment dire
C'est pour vous que j'écris, et que j'édite, plus ou moins la moitié blonde, je ne cherche pas le détail. Quoique j'ai un faible…
D'accord, je suis perdu comme l'a prédit Lem.
Trop tard. Mais je vous espère quand même.
Mon immortalité est provisoire.

Lem

Message par Lem » mer. févr. 10, 2010 1:59 am

bormandg a écrit :sous prétexte de "défendre la SF, Lem prétend lui enlever TOUT ce qui la constitue et vendre sous le nom de science-fiction une oeuvre de" masturbation intellectuelle mainstream" qui reprendrait son apparence en ayant été écrite sans la moindre spéculation SF et uniquement à titre de délire surréaliste
bormandg a écrit :Appeler évidence un tel montage de mensonges (et j'évite les autres qualificatifs qui me viennent à l'esprit) prouve que, pour toi, la Terre est plate parce que tu as décidé qu'il le faudrait pour justifier tes thèses
Tu as tort d'éviter les autres qualificatifs.
Quand la patrie est en danger, il faut renoncer à ces timidités de jeune fille.
Mais attention !
Ne fais pas l'erreur non plus d'être trop brutal, tu pourrais manquer ta cible car qui trop embrasse mal étreint.
Pour te faire bien comprendre à ce stade du débat, je te suggère de m'adresser une remontrance ferme mais mesurée comme "la falsification novlanguienne de Lem est une INSULTE visant à introduire des soi-disant œuvricules relevant de l'onanisme académicanthropique et composées de soixante pour cent de snobineries surréalistes, de trente-sept pour cent d'ordure oulipienne et le reste est non-identifié mais inéluctablement plus corrompu encore étant donné qu'on n'y trouve pas l'ombre de l'amorce d'une lueur de spéculation SF ce qui est PIRE qu'un mensonge, PIRE qu'une fraude, dissimulation, manipulation, hypocrisie, conspiration et ne se compare qu'avec les plus ignobles régressions de l'esprit cartésien en proie aux hyènes révisionnistes qui font feu de toute substance végétaloïde desséchée par le vent de l'acharnement primitiviste, tombée à terre dans la forêt de l'ignominie et ramassée par des glaneurs aux trognes repoussantes qui croient encore que la terre est plate et serviraient avec un empressement de COLLABOS tout régime théocratique que Lem rêve de réintroduire sous couvert de critique littéraire dissimulant mal sa fangeuse inspiration rinaldique et contre quoi il faut élever un clair appel à la RÉSISTANCE, repousser les suavités nauséeuses de la PROSTITUTION et maintenir contre vents méphitiques et marées de déjections le cercle de flammes PUR, introublé, immortel de la science-fiction."

Là, évidemment, je me le tiendrais pour dit.

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » mer. févr. 10, 2010 2:00 am

dracosolis a écrit :
Aldaran a écrit :

Draco :
Draco a écrit :Les prescripteurs d'accord c'est un peu ma mère (mais on peut la convaincre parfois, gaiman, simak, Ballard, Mc Carthy - cormak -elle a reconnu, du bout des lèvres mais elle a reconnu) mais alors Melle X aucune chance
Ce qui m'intéresse, là, c'est l'élément qui a réussi à la convaincre. Un magnum ? La lecture de ces ouvrages ? Parce que des prescripteurs plus haut placés les avaient déjà plus ou moins reconnus faute d'arguments contraires ?
recette pour convaincre ma mère (en deux temps)
phase un : le flingue
"si tu lis pas ce bouquin , je viens pas avec les gosses aux vacances"
phase deux : lecture
ben elle est pas plus con que ça, une fois lu, elle aime

l'ennui, c'est la phase trois :

"ah oué mais ça c'est pas de la SF, c'est de la littérature"
Ça, je voudrais pas me vanter, Dieu n'en a pas besoin, mais j'ai écrit là dessus il y a près de trente ans (Draco, tu ne me pardonneras jamais d'être aussi vieux mais je suis quand même immortel ce qui me laisse une chance) le procès en dissolution de la science-fiction qui prévient ce que dit ta mère.
Nah.
Mon immortalité est provisoire.

Gérard Klein
Messages : 1595
Enregistré le : ven. oct. 06, 2006 6:06 pm
Localisation : En face de la Fac Jussieu

Message par Gérard Klein » mer. févr. 10, 2010 2:13 am

Lem a écrit :
bormandg a écrit :sous prétexte de "défendre la SF, Lem prétend lui enlever TOUT ce qui la constitue et vendre sous le nom de science-fiction une oeuvre de" masturbation intellectuelle mainstream" qui reprendrait son apparence en ayant été écrite sans la moindre spéculation SF et uniquement à titre de délire surréaliste
bormandg a écrit :Appeler évidence un tel montage de mensonges (et j'évite les autres qualificatifs qui me viennent à l'esprit) prouve que, pour toi, la Terre est plate parce que tu as décidé qu'il le faudrait pour justifier tes thèses
Tu as tort d'éviter les autres qualificatifs.
Quand la patrie est en danger, il faut renoncer à ces timidités de jeune fille.
Mais attention !
Ne fais pas l'erreur non plus d'être trop brutal, tu pourrais manquer ta cible car qui trop embrasse mal étreint.
Pour te faire bien comprendre à ce stade du débat, je te suggère de m'adresser une remontrance ferme mais mesurée comme "la falsification novlanguienne de Lem est une INSULTE visant à introduire des soi-disant œuvricules relevant de l'onanisme académicanthropique et composées de soixante pour cent de snobineries surréalistes, de trente-sept pour cent d'ordure oulipienne et le reste est non-identifié mais inéluctablement plus corrompu encore étant donné qu'on n'y trouve pas l'ombre de l'amorce d'une lueur de spéculation SF ce qui est PIRE qu'un mensonge, PIRE qu'une fraude, dissimulation, manipulation, hypocrisie, conspiration et ne se compare qu'avec les plus ignobles régressions de l'esprit cartésien en proie aux hyènes révisionnistes qui font feu de toute substance végétaloïde desséchée par le vent de l'acharnement primitiviste, tombée à terre dans la forêt de l'ignominie et ramassée par des glaneurs aux trognes repoussantes qui croient encore que la terre est plate et serviraient avec un empressement de COLLABOS tout régime théocratique que Lem rêve de réintroduire sous couvert de critique littéraire dissimulant mal sa fangeuse inspiration rinaldique et contre quoi il faut élever un clair appel à la RÉSISTANCE, repousser les suavités nauséeuses de la PROSTITUTION et maintenir contre vents méphitiques et marées de déjections le cercle de flammes PUR, introublé, immortel de la science-fiction."

Là, évidemment, je me le tiendrais pour dit.
Sur le principe, je suis assez d'accord (sans très bien savoir avec qui), mais je suis en train de recalculer les pourcentages (en espérant l'aide éclairée de Draco) et tout cela me retarde dans l'exposé de mes conclusions, hélas.
Mon immortalité est provisoire.

Avatar du membre
Roland C. Wagner
Messages : 3588
Enregistré le : jeu. mars 23, 2006 11:47 am

Message par Roland C. Wagner » mer. févr. 10, 2010 9:28 am

Lem a écrit :
bormandg a écrit :sous prétexte de "défendre la SF, Lem prétend lui enlever TOUT ce qui la constitue et vendre sous le nom de science-fiction une oeuvre de" masturbation intellectuelle mainstream" qui reprendrait son apparence en ayant été écrite sans la moindre spéculation SF et uniquement à titre de délire surréaliste
bormandg a écrit :Appeler évidence un tel montage de mensonges (et j'évite les autres qualificatifs qui me viennent à l'esprit) prouve que, pour toi, la Terre est plate parce que tu as décidé qu'il le faudrait pour justifier tes thèses
Tu as tort d'éviter les autres qualificatifs.
Quand la patrie est en danger, il faut renoncer à ces timidités de jeune fille.
Mais attention !
Ne fais pas l'erreur non plus d'être trop brutal, tu pourrais manquer ta cible car qui trop embrasse mal étreint.
Pour te faire bien comprendre à ce stade du débat, je te suggère de m'adresser une remontrance ferme mais mesurée comme "la falsification novlanguienne de Lem est une INSULTE visant à introduire des soi-disant œuvricules relevant de l'onanisme académicanthropique et composées de soixante pour cent de snobineries surréalistes, de trente-sept pour cent d'ordure oulipienne et le reste est non-identifié mais inéluctablement plus corrompu encore étant donné qu'on n'y trouve pas l'ombre de l'amorce d'une lueur de spéculation SF ce qui est PIRE qu'un mensonge, PIRE qu'une fraude, dissimulation, manipulation, hypocrisie, conspiration et ne se compare qu'avec les plus ignobles régressions de l'esprit cartésien en proie aux hyènes révisionnistes qui font feu de toute substance végétaloïde desséchée par le vent de l'acharnement primitiviste, tombée à terre dans la forêt de l'ignominie et ramassée par des glaneurs aux trognes repoussantes qui croient encore que la terre est plate et serviraient avec un empressement de COLLABOS tout régime théocratique que Lem rêve de réintroduire sous couvert de critique littéraire dissimulant mal sa fangeuse inspiration rinaldique et contre quoi il faut élever un clair appel à la RÉSISTANCE, repousser les suavités nauséeuses de la PROSTITUTION et maintenir contre vents méphitiques et marées de déjections le cercle de flammes PUR, introublé, immortel de la science-fiction."

Là, évidemment, je me le tiendrais pour dit.
Évite juste de ramener le surréalisme là où il n'a rien à faire.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

الكاتب يكتب

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » mer. févr. 10, 2010 10:13 am

Lem a écrit :
Notre "désaccord" n'est donc pas celui que tu dis. J'aurais plutôt tendance à le décrire comme suit (je reprends tes termes) :

D'un côté les "réalistes-conjecturaux" qui s'intéressent aux idées, aux spéculations, et pour qui l'usage du langage est utilitaire.

De l'autre côté, moi-même (je ne sais pas qui me suit sur ce terrain) qui s'intéresse de la même manière aux idées et à l'usage du langage et qui, dans certains cas, considère que le jeu des idées peut être décrit comme un certain usage du langage ou vice-versa – ce qui permet d'extraire de l'œuvre des significations nouvelles.
Je suis tout à fait d'accord avec cette description.
Cependant, avant d'arriver à ce niveau, on est passé par une étape, me semble-t-il, où tu nous proposais la théorie de la métaphore réifiée non pas uniquement comme une description technique d'un procédé employé par l'auteur (plus ou moins consciemment, parfois comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, mais c'est intéressant), mais comme un processus beaucoup plus fondamental qui, quelque part, me donnait l'impression qu'on pourrait, aussi bien, faire l'économie de l'aspect spéculation ("Regardez! je tiens en équilibre sans les mains!") dans la description de la démarche de la SF.
Non pas un enrichissement de l'approche, mais plutôt un discours disant quelque part: "Cet aspect spéculation, en plus à avec ce terme "science" qui entraine rejet ou suspicion, on peut s'en passer pour caractériser de manière cohérente la SF."
Or, pour moi, la SF passe par la revendication ouverte de la spéculation, avant toute autre considération (parce que, pour le reste, il y a déjà, justement, tout le reste la littérature). Si elle passe au second plan, ou est dissimulée sous une autre apparence, l'intérêt de la démarche SF disparaît pour moi.
C'est pour cette raison, au moins, que les discussions sont si vives. Pour faire une métaphore amusante tirée de notre sous-culture, je rappellerai (je l'avais peut-être déjà donné, cet exemple) ce petit film de série B, "La créature est parmi nous", une suite de "L'étrange créature du lac noir", où la pauvre créature est opérée par des chirurgiens pour lui donner une apparence plus humaine. Le prix à payer ne vaut pas la chandelle (pour la créature…).
Cela dit, ce n'est même pas encore ce qui me pose le plus de problème. J'ai l'impression, sans arriver à pouvoir correctement le caractériser, qu'il y a au fond de ces discussions un désaccord assez profond d'ordre philosophique, et non pas simplement (sic) sur des questions assez absconses d'analyse littéraire et artistique, ou sur les différences d'appréciation quant au type de stratégie à employer pour lever le fameux "déni" (on pourrait se dire pour mettre tout le monde d'accord qu'on peut faire feu de tout bois, mais on sent que ça n'est pas satisfaisant, ce serait un compromis trop bancal ).
C'est ce qui rend les discussions parfois difficiles, mais passionnantes, aussi, de mon point de vue.
Un dernier point: SI il n'y avait pas de déni de la SF, je pense que ton approche serait mieux accueillie, y compris par ceux qui la comprennent mal. Pour continuer dans la métaphore (enfin, je préfère analogie…), je dirais que, si la SF est un couteau, on a l'impression que tu trouves le manche plus important que la lame, alors que je pencherais complètement du côté de la lame. Et pour moi, je préfère garder la lame: le manche, on peut arriver à bricoler quelque chose pour le remplacer. Sans lame, par contre…
Oncle Joe

Avatar du membre
Roland C. Wagner
Messages : 3588
Enregistré le : jeu. mars 23, 2006 11:47 am

Message par Roland C. Wagner » mer. févr. 10, 2010 10:37 am

Lensman a écrit :Or, pour moi, la SF passe par la revendication ouverte de la spéculation, avant toute autre considération (parce que, pour le reste, il y a déjà, justement, tout le reste la littérature). Si elle passe au second plan, ou est dissimulée sous une autre apparence, l'intérêt de la démarche SF disparaît pour moi.
+ 42
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

الكاتب يكتب

Avatar du membre
dracosolis
Messages : 7417
Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 8:08 pm
Contact :

Message par dracosolis » mer. févr. 10, 2010 11:17 am

Itou itou
Antéchrist N°4
Idéologue Relativiste à mi-temps
Antéchrist N°4 :

Lem

Message par Lem » mer. févr. 10, 2010 11:47 am

Lensman a écrit :si la SF est un couteau, on a l'impression que tu trouves le manche plus important que la lame, alors que je pencherais complètement du côté de la lame. Et pour moi, je préfère garder la lame: le manche, on peut arriver à bricoler quelque chose pour le remplacer. Sans lame, par contre…
Pour étendre ta métaphore à la critique (après tout, analyser, différencier, c'est trancher), je suis las d'aborder la SF avec un opinel ; je me bricole un couteau suisse.
On peut le dire encore plus simplement, si tu préfères : je ne suis plus un fan. Je lis la SF comme le reste de la littérature et ce qui la sépare de ce reste m'intéresse autant que ce qui l'en rapproche. Même chose pour les sciences et la philosophie. Je scrute les points de jonction parce que c'est là que je me trouve. D'une certaine manière, le mythe de l'unité formulé par GK n'en est plus un pour moi ; tout me semble intéressant, digne d'être mis en relation… C'est évidemment une position marginale mais ce n'est pas bien grave.

Avatar du membre
MF
Messages : 4466
Enregistré le : jeu. déc. 28, 2006 3:36 pm
Localisation : cactus-blockhaus

Message par MF » mer. févr. 10, 2010 11:59 am

Lem a écrit :Je lis la SF comme le reste de la littérature et ce qui la sépare de ce reste m'intéresse autant que ce qui l'en rapproche. Même chose pour les sciences et la philosophie. Je scrute les points de jonction parce que c'est là que je me trouve. D'une certaine manière, le mythe de l'unité formulé par GK n'en est plus un pour moi ; tout me semble intéressant, digne d'être mis en relation… C'est évidemment une position marginale mais ce n'est pas bien grave.
Je ne crois pas que cette position soit marginale.
Ça a été rappelé à plusieurs reprises le long de ce thread : la richesse (au sens complexité) nait aux interfaces.
Mais je crois que la SF est, justement, en elle même, un interface. C'est bien pour cela qu'il me semble impossible d'en formuler une définition stable. Les interfaces sont éminemment mobiles.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

Répondre

Retourner vers « Vos dernières lectures »