Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mer. févr. 10, 2010 5:59 pm

MF a écrit :Et tu sais, je ne crois pas que Roland soit méprisant.
J'ai même peur que ce soit le contraire.
Je suis trop gentil, ça me perdra.

MF a écrit :Et puis, lorsqu'il te dit "connerie", je te dis "tu as tort, parce que je crois que ceci ou que cela...". En réalité, il s'économise...
C'est vrai. Je n'ai encore traité personne de suppositoire de Satan.
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Message par Lem » mer. févr. 10, 2010 5:59 pm

Roland C. Wagner a écrit :Depuis quand dire que quelqu'un a écrit une/des connerie(s) relève-t-il du mépris ?
Toujours.

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mer. févr. 10, 2010 6:00 pm

Lem a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :Depuis quand dire que quelqu'un a écrit une/des connerie(s) relève-t-il du mépris ?
Toujours.
Foutaise.
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Message par Lem » mer. févr. 10, 2010 6:06 pm

MF a écrit :Et tu sais, je ne crois pas que Roland soit méprisant.
J'ai même peur que ce soit le contraire.
Ben voyons.

1. Self-service : la critique ironique, voire farceuse, que j'ai osé faire

2. Service de salle (tout sauf méprisant( : préface absconse, limite incompréhensible (…) employer le terme de "connerie" pour qualifier l'affirmation en question relève tout au plus de l'expression d'une opinion (…) montagne de bullshit (…) plan marketing

Il ne manque que les photos.

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Lensman
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Message par Lensman » mer. févr. 10, 2010 6:08 pm

Lem a écrit : Il ne manque que les photos.
Ne réveille pas le loup qui dort, malheureux!
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dracosolis
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Message par dracosolis » mer. févr. 10, 2010 6:09 pm

Lem a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :Depuis quand dire que quelqu'un a écrit une/des connerie(s) relève-t-il du mépris ?
Toujours.
ah donc, on doit les laisser faire en disant que c'est bien, bien essayé, mais que peut-être, ils se sont trompés?
c'est là que j'appelle ça du mépris

quand tu appelles un tas de fumier une rose, ça enlève pas l'odeur
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Message par Lem » mer. févr. 10, 2010 6:13 pm

dracosolis a écrit :c'est là que j'appelle ça du mépris
"Tu te trompes", "tu fais fausse route" "je ne crois pas", "c'est faux", "ça ne marche pas" et quelques centaines d'autres formules permettent de dire clairement ce qu'on pense sans une once de mépris. Mais peu importe. Je suis sensible à ce truc-là ; ça vous fait marrer. C'est sans issue.

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MF
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Message par MF » mer. févr. 10, 2010 6:13 pm

Lensman a écrit :Je finis pas me demander si la "norme littéraire" ne passe pas en grande partie à côté de la littérature — littérature au sens que des gens lisent des textes et éprouvent, ce faisant, un intérêt et un plaisir —, ce qui semble paradoxal!
Il semble bien qu'annuellement, la cérémonie des César montre que la "norme cinématographique" passe en grande partie à coté du cinéma.
C'est toute la beauté de l'exception culturelle française. Elle se doit de rester exceptionnelle, surtout maintenant que nous ne savons même plus identifier la nationalité...
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mer. févr. 10, 2010 6:15 pm

Lem a écrit :
MF a écrit :Et tu sais, je ne crois pas que Roland soit méprisant.
J'ai même peur que ce soit le contraire.
Ben voyons.

1. Self-service : la critique ironique, voire farceuse, que j'ai osé faire
Je laisse chacun juge :

On peut être surpris de découvrir, dans la préface d’une anthologie de nouvelles de science-fiction, une expression telle que ad majorem dei gloriam (1). Un rapide survol de l’histoire du genre depuis ses origines, voire ses prémisses, suggèrerait plutôt que ceux qui y sacrifient, y compris nombre d’évidents croyants, en ont employé les outils spécifiques pour interroger et remettre en cause les concepts de sacré et de divinité. Hormis quelques exceptions, glorifier le Seigneur n’a jamais fait partie de leurs préoccupations et objectifs. Et s’il y en a parmi eux qui ont mis en scène des épiphanies, celles-ci débouchent le plus souvent sur des théories cosmologiques plutôt que cosmogoniques.

Dans Il est parmi nous, de Norman Spinrad, le satori « ultime » d’Amanda, la chercheuse spirituelle imprégnée de bouddhisme zen et de mystique amérindienne, est suscité par la collision de deux matrices en apparence incompatibles : une certaine philosophie New Age (2) et la physique quantique. Ce qui est, est réel, le credo d’Amanda, prend alors tout son sens ; s’il n’y a que le vide derrière les voiles de maya, eh bien, les voiles de maya sont la réalité, et c’est dans cette réalité plaquée sur du vide que vit l’être humain. Parce qu’au-delà de la physique, il n’y a rien (3).

Tel pourrait être l’un des principaux messages qui se dégagent du corpus de la littérature de science-fiction, et Gérard Klein l’a fort bien symbolisé dans sa nouvelle « Cache-cache », où c’est une équation qui permet de dévoiler une entité que d’aucuns qualifieraient de transcendantale. La courte nouvelle d’Arhur C. Clarke intitulée « Les Neuf Milliards de noms de Dieu » mérite elle aussi qu’on s’y attarde : des moines (tibétains) écrivent les noms de Dieu, et lorsque tous l’auront été, l’univers aura atteint son but. Les règles présidant à l’écriture de ces noms étant transcriptibles en langage de programmation, l’ordinateur va considérablement accélérer cette rédaction, et l’univers aura accompli ce pourquoi il a été créé.

Postuler que, s’il y a un dieu, ou quelque chose d’approchant, c’est par les mathématiques qu’on peut le trouver, revient à évacuer la notion de transcendance. Dans cette optique, il n’y a rien au-delà de la physique, pas de transcendance, pas de « surnature ». Et James Morrow suit une logique identique lorsqu’il fait découvrir et remorquer le cadavre de Dieu sur les océans dans sa « trilogie de Jéhovah ». Même chez les plus « mystiques » des écrivains de science-fiction, la métaphysique est réductible à la physique.

C’est néanmoins une idée diamétralement opposée que développe Serge Lehman dans sa préface à Retour sur l’horizon. Poursuivant sa quête des raisons du déni dont la science-fiction souffre en France, il suggère que la cause profonde en serait une « variable cachée » — la métaphysique. Et de convoquer Gérard Klein, Maurice Renard, H. G. Wells, Olaf Stapledon et — n’en jetez plus — H. P. Lovecraft, dont la « carrière littéraire [a été] presque entièrement dévolue à l’invocation des Grands Anciens dans le Mythe de Cthulhu ».

Voilà une affirmation méritant à l’évidence qu’on s’y arrête. En appeler à un auteur dont le matérialisme ne fait aucun doute pour justifier la présence de la métaphysique comme « variable cachée » de la S-F ne relève-t-il pas de l’équilibrisme théorique ? Lehman ne serait-il pas en train de convoquer l’hétéroclitisme (4) au service de sa thèse ?

Dans son essai « “Anticipation rétrograde” : primitivisme et occultisme dans la réception lovecraftienne en France de 1953 à 1957 » (5) , Michel Meurger, rappelant l’influence de Mircea Eliade dans la France de l’Après-guerre, écrit : « Eliade nie l’existence de mythes modernes, sous prétexte qu’ils manqueraient de “précédents”. […] En fait, Eliade refuse l’immense domaine de l’imaginaire profane qui nous a apporté les mythes de l’aéronautique, puis de l’astronautique, des mythes évolutionnistes et paléontologiques, en un mot tout l’immense imaginaire de la science dont la science-fiction est une expression littéraire. » Et, plus loin : « L’œuvre lovecraftienne, décontextualisée, peut paraître offrir une légitimité à un primitivisme contemporain ; témoigneraient de cette intention ces civilisations de l’Ere primaire ou secondaire, bien plus sophistiquées que les nôtres, et la place qu’occupent les rituels et les idoles dans ses nouvelles. Cette vue superficielle ne résiste cependant pas à l’analyse. Ces civilisations toutes-puissantes de l’aube des temps ne sont pas humaines. Elles sont l’œuvre de créatures extraterrestres venues coloniser la Terre. » Et enfin : « Cependant, par défaut d’analyse du statut de l’originel et du rituel dans l’œuvre lovecraftienne, leur simple existence peut amener le critique à un contresens. L’œuvre de HPL peut en effet être interprétée comme odyssée rétrograde. »

Les surréalistes français des années cinquante ne se sont pas gênés pour suivre l’interprétation primitiviste selon laquelle : « le mythe exprime une vérité. La “mythologie personnelle” de HPL, tout en étant individuelle, exprime des contenus collectifs, toute une histoire inconnue des hommes, présentée d’un point de vue occultiste. » Et Jacques Bergier, ce merveilleux mythomane à l’imagination débordante, d’écrire en 1954 dans la préface à La Couleur tombée du ciel : « Sa cosmogonie et sa mythologie nous effraient parce qu’elles sont possibles. »

Passons pudiquement sur la présentation de Lovecraft faite dans Le Matin des magiciens, présentation qui devait ancrer l’image fausse du « reclus de Providence » dans l’imaginaire collectif français.

Certes, nombre d’entités créées par Lovecraft sont au-delà de la compréhension humaine, mais elles demeurent dépendantes des lois physiques qui régissent notre univers. Elles n’ont rien de transcendantal, ni de surnaturel. Comme le rappelle Michel Meurger, ce sont des extraterrestres, et leur passage sur Terre n’est qu’une étape de leur évolution : « La perspective cosmique de Lovecraft […] exclut tout primitivisme. Il ne privilégie aucune forme de la vie universelle, chacune d’entre elles étant soumise au même rythme de naissance, croissance, apogée et déclin. La loi de ce milieu est la compétition darwinienne. […] A l’idéologie statique du primitivisme qui “idéalise” la perfection, HPL oppose le dynamisme évolutionniste. »

Serge Lehman opère donc un contresens total lorsqu’il prend Lovecraft comme exemple. D’ailleurs, HPL employait lui-même le terme de « pseudo-mythologie », voire celui de « Yog-Sothothery », dont on peut supposer que la nuance légèrement ironique n’échappera à personne. Il convient également de rappeler qu’il n’est pas l’inventeur de l’expression « Mythe de Cthulhu », forgée après sa mort par August Derleth pour désigner sa propre interprétation de la pseudo-mythologie lovecraftienne (6).

Cette longue digression au sujet de Lovecraft n’est ni gratuite, ni innocente. Un peu plus loin, Lehman botte en effet en touche : « Explorer en détail un tel sujet [la métaphysique en science-fiction] m’entraînerait hors des limites de cette préface. Je devrais au minimum poser le problème des fausses sciences et des phénomènes parareligieux dans lesquels la S-F joue un rôle. »

En effet. Et sans doute aurait-il mieux valu le poser avant de citer Lovecraft.

Et sans doute aurait-il fallu le poser tout court.

Car la réception de Lovecraft en France montre à l’évidence que non seulement il n’y a pas eu rejet d’une éventuelle dimension métaphysique de ses textes, mais mise en avant d’une telle dimension avec des arguments forgés de toute pièce à partir d’erreurs d’interprétation. Pour rester dans un ordre d’idées similaire, on peut donc supposer que ce n’est pas la « variable cachée » qui susciterait déni et rejet, mais le fait que la science-fiction n’apporte pas de réponse métaphysique aux « problèmes classiques de la destination, du propre de l’homme, de l’immortalité et de la nature du réel ». Problèmes que, selon Lehman, « La science-fiction a trouvé[s] […] où la haute culture les avait laissés : au carrefour désert de la science, de la philosophie, de la religion et de l’art » et qu’elle « a maintenus en vie clandestinement tout au long du xxe siècle derrière l’écran de son panthéon baroque et graduellement réaménagés avant de les transmettre dans les termes où le monde les affronte aujourd’hui : Singularité, aliens, posthumains, cybermonde . »

Cette histoire inconnue de la science-fiction que Serge Lehman révèle à nos yeux incrédules ne rappelle-t-elle pas l’histoire inconnue des hommes chère aux hétéroclites (7) ?

Ben si, un peu, quand même.

En dépit de ses incohérences, que l’on devine sans doute au fil de cet article, la préface de Retour sur l’horizon évoque en effet de troublante manière la démarche qui présida en son temps à la réception de Lovecraft dans notre pays. Serge Hutin titrait un article « Lovecraft était un initié » (8 ), Lehman aurait pu sous-titrer sa préface « les écrivains de science-fiction sont des initiés ». Son emploi à plusieurs reprises de l’expression « Notre Club » (9) possède d’ailleurs un délicieux parfum d’appellation de société secrète détentrice d’un savoir ignoré du commun des mortels.

Seulement, Lehman lui-même ne semble pas vraiment convaincu par sa propre thèse. Et lorsqu’il prophétise au conditionnel la mort prochaine de la science-fiction, c’est avec plusieurs paires de gants bien épais, au cas où. Dans la situation du joueur qui vient de passer tout le match à essayer de marquer contre son camp sans jamais y parvenir, il se retourne brutalement, fonce vers le but adverse et, profitant de l’effet de surprise, loge le ballon dans la lucarne : « Que la frontière avec le reste de la littérature soit devenue plus perméable ne signifie pas qu’elle a disparu. La S-F reste une expérience . »

Après un tel florilège, l’invention, tout à la fin de la préface, du terme de « parachronie », pour désigner une « uchronie sans point de divergence », ne devrait surprendre personne. Le mot est certes joli, mais à quoi bon rebaptiser les bons vieux univers parallèles ?

Et pourquoi peut-on lire dans le prière d’insérer que Serge Lehman a « révélé toute une génération d’auteurs » avec Escales sur l’horizon (Fleuve Noir - 1998), alors qu’un seul des seize auteurs de ladite anthologie a commencé à publier moins de cinq ans avant sa parution ?

Gageons que la réponse à ces questions relève de la métaphysique et passons donc aux textes de ce Retour sur l’horizon.


Notes :

(1). Soit « pour la plus grande gloire de Dieu ».

(2). Ce terme est employé ici dans son sens étatsunien, où il recouvre un fourre-tout allant, pour simplifier, du yoga aux mystiques du lavement bien profond.

(3). Dans le même ordre d’idées, on peut s’interroger sur le fait que le trône de Dieu soit vide dans Vélum de Hal Duncan.

(4). Dans son « Portrait de Pierre Versins », Bertrand Méheust reproduit la déclaration suivante de l’auteur de L’Encyclopédie de l’Utopie, des Voyages extraordinaires et de la Science-fiction : « Par hétéroclite, j’entends non seulement ceux qui barbotent dans l’analogie et qui décrètent que, puisqu’un petit pois et un canard sont verts tous deux, ils sont tous les deux, d’évidence, des peintures de feu Véronèse, mais aussi ceux pour qui les témoignages remplacent les faits. » L’intégralité du texte de Méheust est téléchargeable à l’URL suivant : http://bertrand.meheust.free.fr/documen ... ersins.pdf

(5). In : Lovecraft et la S.-F. / 1, Cahier d’études lovecraftiennes - III, Éditions Encrage, 1991.

(6). Interprétation très personnelle où Derleth opère la fusion des trois axes de l’œuvre lovecraftienne en y ajoutant des détails de son cru, comme par exemple l’association du « panthéon » lovecraftien aux quatre éléments, ouvrant la voie aux visions biaisées et aux fantasmes des surréalistes, primitivistes et occultistes français évoqués plus haut.

(7). Rappelons qu’Histoire inconnue des hommes depuis cent mille ans, de Robert Charroux, archétype de l’essai occulto-primitiviste, fut un best-seller en son temps.

(8 ). Article de 1971, repris dans Garichankar n°2, février 1982.

(9). Les majuscules sont de Lehman.

Lem a écrit :2. Service de salle (tout sauf méprisant( : préface absconse, limite incompréhensible (…) employer le terme de "connerie" pour qualifier l'affirmation en question relève tout au plus de l'expression d'une opinion (…) montagne de bullshit (…) plan marketing
Oké, j'ai compris. Si l'on émet le moindre doute, si l'on se permet la moindre saillie (de taureau) humoristique sur le génial produit de ta pensée sublime, on est méprisant.

Ben j'suis désolé, mes parents m'ont sans doute appris plein de trucs pas terribles, mais pas le mépris, ça faisait pas partie de la culture familiale.
Lem a écrit :Il ne manque que les photos.
Monsieur est servi.

[Modération (Stéphane)]Cette magnifique image m'avait échappé. Comme il n'est jamais trop tard pour supprimer les photos scatologiques, au revoir l'image.[/Modération]

Là, tu abuses. C'était à la demande expresse de M. Serge Lehman, Grand Initiateur de cette enfilade.

M'en fous, j'en ai une autre :

[Modération (Stéphane)]Que je supprime[/Modération]

Comme tu voudras ;

Image
Modifié en dernier par Roland C. Wagner le mer. févr. 10, 2010 10:06 pm, modifié 2 fois.
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Lensman
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Message par Lensman » mer. févr. 10, 2010 6:18 pm

MF a écrit :
Lensman a écrit :Je finis pas me demander si la "norme littéraire" ne passe pas en grande partie à côté de la littérature — littérature au sens que des gens lisent des textes et éprouvent, ce faisant, un intérêt et un plaisir —, ce qui semble paradoxal!
Il semble bien qu'annuellement, la cérémonie des César montre que la "norme cinématographique" passe en grande partie à coté du cinéma.
C'est toute la beauté de l'exception culturelle française. Elle se doit de rester exceptionnelle, surtout maintenant que nous ne savons même plus identifier la nationalité...
Remarque, Alexandre Dumas est au Panthéon… un auteur qui travaillait avec une équipe de nègres…
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Message par kemar » mer. févr. 10, 2010 6:24 pm

On discutait de la horde il y a quelques pages.
Yannick Dahan, le réa, traite du même type de problème évoqué sur le déni de la culture populaire au sens large, étendu pour le coup au cinéma de genre:

http://tv.lepost.fr/2010/02/08/1929617_ ... tor=RSS-30

(ne faites pas attention au titre, ce n'est pas forcément révélateur du contenu)

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dracosolis
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Message par dracosolis » mer. févr. 10, 2010 6:26 pm

Lem a écrit :
dracosolis a écrit :c'est là que j'appelle ça du mépris
"Tu te trompes", "tu fais fausse route" "je ne crois pas", "c'est faux", "ça ne marche pas" et quelques centaines d'autres formules permettent de dire clairement ce qu'on pense sans une once de mépris. Mais peu importe. Je suis sensible à ce truc-là ; ça vous fait marrer. C'est sans issue.
c'est pas que ça nous fasse marrer, dear, c'est que nous assumons sans vaseline le fait de dire des conneries éventuellement

je pense qu'à notre âge on n'a plus besoin de renforcement positif pour croire à l'éventuelle nécessité de réviser nos positions 8)

moi tu me dis des choses avec ce ton feutré, c'est clair je ferai pas attention
tu me dis "là Drachoute, tu viens d'en sortir une belle parce que..." en revanche...



edit : évidemment, cela n'est fonctionnel qu'entre pairs et amis (ou au moins bienveillants)
(or je ne crois pas que Rô soit malveillant, pas une seconde, mais énervé ça oui)
Modifié en dernier par dracosolis le mer. févr. 10, 2010 6:43 pm, modifié 1 fois.
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Message par Lem » mer. févr. 10, 2010 6:28 pm

Pour liquider tout à fait ce malentendu…
MF a écrit :je te signale que ta tournure de phrase est méprisante pour les auteurs de SF qui ont, volontairement, en toute conscience et de manière qui était tout sauf empirique, mis en œuvre ce "certain usage du langage" que tu évoques.
C'est "semi-consciente" et "empirique" qui coincent, même si tu le tempères d'un "essentiellement".
Tu te trompes sur la partie en gras.

Ecrire de la SF tel que cela est majoritairement analysé ici n'a jamais été perçu ni présenté par les auteurs dans la perspective littéraire dont j'ai rendu compte dans mon post : à savoir "choisir d'abord un langage et voir ce qu'on peut raconter".

Au contraire, comme RCW l'a rappelé à propos de la transparence, il s'agit de décider d'abord ce qu'on veut raconter, puis de choisir le langage ad hoc.

C'est cette conception utilitaire de l'écriture qui est jugée non-littéraire.

Quand je parle de "semi-conscience" ou de "conscience empirique", cela signifie que certains auteurs, tout en conservant le cadre de l'écriture utilitaire, admettent qu'il y a une spécificité du texte SF, que certains actes de langage ont une portée ou un impact spécifiques. En ce sens, ils se rapprochent de la conception littéraire (cf encore une fois Card et les métaphores problématiques) mais ceux qui font la traversée sont rares : Delany, par exemple – et c'est évidemment significatif.

Comprends-tu mieux ?

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Message par Fabien Lyraud » mer. févr. 10, 2010 6:36 pm

Ecrire de la SF tel que cela est majoritairement analysé ici n'a jamais été perçu ni présenté par les auteurs dans la perspective littéraire dont j'ai rendu compte dans mon post : à savoir "choisir d'abord un langage et voir ce qu'on peut raconter".
Bien sûr qu'il y a une dimension langagière dans la SF, mais elle va bien au delà du verbal et de la rhétorique. Il y a toute une syntaxe des concepts, des idées ainsi qu'une syntaxe des images qui viennent se superposer à celle des mots. Et plus encore ce sont ces deux syntaxes qui permettent de créer le sens. Les mots ne deviennent que des outils à leur service. Quand un auteur de SF néologise ou détourne un mot de son usage pour déterminer un élément de son univers ou encore use de figure de rhétorique pour désigner un concept, c'est avant tout l'idée, le concept qui prime le mot. Donc en SF le contenu est plus important que l'expression alors que dans la littérature française traditionnelle c'est l'expression qui est le déterminant du texte. Je pense que pour cela on est d'accord. Mais tu dois étendre ton analyse au delà du verbal et t'intéresser aux rapports idées / langages. Et si je te dis ça ce n'est pas pour t'embêter mais parce que cela ne pourra que donner du relief à une théorie comme celle que tu bâtis. Se cantonner au verbal et parler de métaphore réifiée c'est rester au milieu du guet.
Bienvenu chez Pulp Factory :
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Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
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Message par MF » mer. févr. 10, 2010 6:43 pm

Lem a écrit :Tu te trompes sur la partie en gras.

Ecrire de la SF tel que cela est majoritairement analysé ici n'a jamais été perçu ni présenté par les auteurs dans la perspective littéraire dont j'ai rendu compte dans mon post : à savoir "choisir d'abord un langage et voir ce qu'on peut raconter".

Au contraire, comme RCW l'a rappelé à propos de la transparence, il s'agit de décider d'abord ce qu'on veut raconter, puis de choisir le langage ad hoc.

C'est cette conception utilitaire de l'écriture qui est jugée non-littéraire.

Quand je parle de "semi-conscience" ou de "conscience empirique", cela signifie que certains auteurs, tout en conservant le cadre de l'écriture utilitaire, admettent qu'il y a une spécificité du texte SF, que certains actes de langage ont une portée ou un impact spécifiques. En ce sens, ils se rapprochent de la conception littéraire (cf encore une fois Card et les métaphores problématiques) mais ceux qui font la traversée sont rares : Delany, par exemple – et c'est évidemment significatif.

Comprends-tu mieux ?
Tu te trompes aussi sur la partie en gras.

Je ne partage pas ta définition de langage. (merde, je suis d'accord avec Fabien...)

Tu restes avec une définition de "langage" figée. Celle des critiques littéraires. Des mots rassemblées dans un dictionnaire et des phrases structurés selon une syntaxe normative.

"Tout smouales étaient les Borogoves..." ne peut pas intégrer la littérature française parce que ces mots n'existent pas dans le dictionnaire littéraire.

Image ne peut pas intégrer la littérature française et pourtant il y a là un langage et il raconte des histoires merveilleuses.

Comprends-tu mieux ?
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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