Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Lem

Message par Lem » lun. févr. 15, 2010 1:02 pm

Sand a écrit :Si c'était si simple (bis)
Ce n'est pas simple. Mais c'est un programme qui a un sens.
ne pas occulter mon "3 lecteurs ?", c'était important
Pour un écrivain pro, trois lecteurs (métaphoriquement), c'est important. Je serais bien le dernier à le nier.
Je te fais un aveu candide. Depuis que je suis tombé dans la SF, à l'âge de dix ans, j'entends une foule de gens me dire : "j'ai aimé, ce n'est pas de la SF" ; "il n'y a pas de science, ce n'est pas de la SF" ; "il y a de la science, ce n'est pas de la SF" ; "c'est bien écrit, ce n'est pas de la SF" ; "je viens de voir l'armée des douze singes, j'ai adoré, c'est bizarre, parce que je déteste la SF" ; "j'ai lu Dune, c'est super, ce n'est pas de la SF" ; "Jules Verne, ce n'est pas de la SF" ; et même sur ce que j'écris : "dans Faust, tu parles vraiment du présent, ce n'est pas de la SF" ; etc etc.
Tout le monde ici a entendu ces choses.
Je crois sincèrement que le public potentiel du genre en France est très respectable. Mais que tant son image sera aussi incohérente, ces effets de brouillage perdureront et maintiendront au-dessus de nos têtes ce putain de plafond de verre.
Il faut affirmer que la SF (écrite) est de la littérature, que la SF en tant que culture est légitime, qu'elle n'est pas american-only et que son rapport à la science n'est pas univoque.
Et on sait aussi que ça ne marche pas sur une échelle de temps humaine.
N'exagérons rien. A mon avis, c'est jouable en une dizaine d'années.

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MF
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Message par MF » lun. févr. 15, 2010 1:15 pm

Lem a écrit :
MF a écrit :Il n'est donc pas étonnant que, si la science a bien un tropisme métaphysique, la science-fiction en ait un aussi.
Je pense que regarder les choses de cette façon permet de les remettre dans le bon ordre.
Certainement, mais c'est loin d'épuiser le sujet.
D'abord, parce que ta reformulation ne dit rien de R.
Ensuite, parce que la représentation de la science vidangeant peu à peu la métaphysique est aujourd'hui caduque. Tu es bien placé pour le savoir. Il y a un domaine M dans lequel la science reconnaît ne pas pouvoir aller. Non par respect pour les croyances ou convictions mais parce que ce domaine se manifeste comme limite épistémologique/expérimentale.
C'est l'une des raisons du "retour de la métaphysique" auquel on assiste actuellement.

Pfiou. C'est un problème compliqué.
Je suis farpaitement d'accord ! Il est compliqué et non pas complexe ^^

Par contre, je me demande si, lorsque tu écris "science", tu ne te limites pas à ce que je vais appeler pour faire simple les "sciences expérimentales" et, en conséquence, si ce que tu appelles le "retour de la métaphysique", comme moyen d'explorer la limite R, n'est pas simplement une autre dénomination pour l'émergence et le foisonnement des "sciences sociales" ?
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
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Message par MF » lun. févr. 15, 2010 1:24 pm

Lem a écrit :
MF a écrit :Ce n'est rien d'autre que disent les fan quand ils critiquent Star Trek ou Matrix : le problème n'est pas celui de l'inexactitude scientifique mais celui de l'incohérence scientifique.
Je comprends ce que tu veux dire mais il faut aller au bout des choses. Si tu abordes le problème de cette manière, tu aboutis à des conclusions cauchemardesques du genre : quand on entend les vaisseaux dans l'espace, ce n'est pas de la vraie SF (donc pas de la SF). Tu es prêt à assumer ça ?
Pas de soucis.
Il suffit que je les entende tout le temps (du récit) pour que je puisse faire abstraction de l'incohérence entre l'univers de l'auteur (dans lequel le son se propage dans l'espace vide) et le mien (dans lequel il ne se propage pas) et que ce puisse être de la SF.
Pendant des décennies, les scientifiques ont bien théorisé l'ether (le cinquième élement) comme support de propagation des ondes. Dans cette théorie, on entend les vaisseaux dans l'espace.

Et tout cela n'a rien de cauchemardesque. Pas plus qu'un machine à coudre comme artefact permettant de voyager dans l'espace-temps...
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Erion
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Message par Erion » lun. févr. 15, 2010 1:39 pm

Lem a écrit :
Et on sait aussi que ça ne marche pas sur une échelle de temps humaine.
N'exagérons rien. A mon avis, c'est jouable en une dizaine d'années.
Même chez les amateurs de SF, c'est pas gagné. Alors chez les autres...

A mes étudiants, au premier cours (avant de parler de définition de la SF) je leur demande LEUR définition de la SF.

En gros, ça se résume à trois mots : futur, science, extrapolation. C'est ce qu'ils s'attendent à trouver dans de la SF. Pas "métaphysique" ni "métaphore réifiée".

Non, mais j'ai beau regarder comment tu tentes l'acrobatie qui consiste à dire que la SF ce sont des métaphores réifiées (mais qui ne sont pas des métaphores) et à diminuer l'impact du mot "science" dans un genre qui le comporte.

Et tu trouves que du coup, c'est plus simple ? (sans compter qu'ici, on est pas encore convaincu que ta vision est plus "juste". A titre personnel, elle me semble encore plus partielle et surtout très discriminante, en réduisant le genre comme peau de chagrin).

Ca me rappelle ce passage dans le dernier numéro d'Ansible :


Christopher Hitchens limbers up to admire J.G. Ballard: 'As one who has always disliked and distrusted so-called science fiction (the votaries of this cult disagreeing pointlessly about whether to refer to it as "SF" or "sci-fi"), I was prepared to be unimpressed [...] The natural universe is far too complex and frightening and impressive on its own to require the puerile add-ons of space aliens and super-weapons: the interplanetary genre made even C.S. Lewis write more falsely than he normally did.' (The Atlantic, January/February)

Et hop, le retour des aliens de l'espace et des fusils de la mort.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

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Message par Lem » lun. févr. 15, 2010 1:47 pm

Erion a écrit :A mes étudiants, au premier cours (avant de parler de définition de la SF) je leur demande LEUR définition de la SF.
En gros, ça se résume à trois mots : futur, science, extrapolation. C'est ce qu'ils s'attendent à trouver dans de la SF.
Ça s'appelle un horizon d'attente, effectivement. Et c'est ce qu'il s'agit de nuancer.
Pas "métaphysique"
C'est dommage. Parce qu'il y en a. Beaucoup. Et quand on scrute l'ensemble du champ litéraire, il n'y en a que là. Ça fait partie des nuances à introduire.
ni "métaphore réifiée".
Encore une fois, ne te braque pas : ceci n'intervient pas directement dans la nouvelle représentation : c'est un outil technique pour le travail en amont. Mais introduire l'idée que, du point de vue purement littéraire, la métaphore a dans le texte SF un statut particulier me semble intéressant. C'est une manière de désamorcer l'horizon d'attente SF par rapport à celui du mainstream. C'est une manière de dire : ce n'est pas écrit exactement de la même manière.
en réduisant le genre comme peau de chagrin.
Je t'assure que non mais je ne peux pas te forcer à me croire.

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MF
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Message par MF » lun. févr. 15, 2010 1:51 pm

Pour le plaisir, un extrait de la critique du Monde sur Nuigrave
Dépourvue de talent, de savoir-faire ou d'imagination, la science-fiction devient domaine du cliché, du récit "téléphoné" et du romanesque rebattu, au même titre qu'un polar routinier ou une romance dépourvue d'âme. Mais dotée de ces mêmes qualités, elle surprend, apprend et captive comme aucun autre genre, en brassant des problématiques beaucoup plus pointues qu'il ne pourrait y paraître au premier abord.
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
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Erion
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Message par Erion » lun. févr. 15, 2010 2:04 pm

Lem a écrit :
Pas "métaphysique"
C'est dommage. Parce qu'il y en a. Beaucoup. Et quand on scrute l'ensemble du champ litéraire, il n'y en a que là.
Non. On te l'a déjà répété, y'a de la métaphysique ailleurs. Le "QUE" est de trop. Et surtout, tu n'es pas en mesure de déterminer si l'aspect métaphysique vient de la science ou de la métaphysique. Ce qui est très différent.
en réduisant le genre comme peau de chagrin.
Je t'assure que non mais je ne peux pas te forcer à me croire.
En ce domaine, je suis parfaitement athée. La "vérité révélée" ne m'atteint pas vraiment. Quand mes étudiants déclarent lire de la SF parce que c'est découvrir un autre monde, de la détente et pour suivre une histoire, j'y vois des attentes basiques, celles d'un genre populaire. Leur vision de la SF me paraît tout aussi vraie que la tienne.
Ils ont des attentes, en tant que lecteurs, ils ont une préconception de la SF qui existe, et est bien ancrée. Je vois pas pourquoi la leur faire changer. Parce qu'ils n'ont pas lu Maurice Renard ? La belle affaire ! On peut sodomiser les diptères, entre nous, entre connaisseurs, c'est très joli, ça peut même avoir un certain aspect esthétique, mais ça reste un discours de spécialistes.

Dire que la SF c'est de la métaphysique n'est NI plus juste, NI plus séduisant. Ca élimine toute la SF qui n'est aucunement métaphysique, et ca accentue la réputation de la SF comme étant un genre "prise de tête" (compliqué). Bref, si, avec ça, tu veux produire un discours à destination du grand public, tu te fais de grosses illusions (Werber, lui, sait s'y prendre), et si c'est pour les "élites", elles sont suffisamment à faire avec la littérature générale pour ne pas devoir se fader des trucs compliqués qui font penser à Star Wars.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Lem

Message par Lem » lun. févr. 15, 2010 2:06 pm

Il n'est pas si mal, ce papier…

La clause liminaire citée par MF vaut pour tous les genres et s'achève par une recommandation agréable.

Et tout ce dont on parle depuis deux pages y est à l'œuvre.

Cliché 1 : la SF parle du futur (c'est pour ça que le critique emploie indifféremment sf et anticipation). Conséquence : quand un texte est situé dans le passé ou le présent (ou autre chose ; ça existe dans Notre Club), il sort.

Cliché 2 : dans la SF, il y a beaucoup de technologie (d'où surprise en lisant celui-ci). Conséquence : quand, dans un texte, il n'y a pas de technologie, il sort.

Représentation sous-jacente : la SF parle des sciences futures.

Mauvais point : la stratégie légitimante basique (le livre ne parle du futur que pour mieux parler du présent).

Bon point : intuition perceptive de l'intérêt du livre : par-delà les péripéties, c'est le monde dont on se souvient ; c'est le monde qui est le héros.

C'est une base sur laquelle on peut travailler.

Lem

Message par Lem » lun. févr. 15, 2010 2:19 pm

Erion a écrit :On te l'a déjà répété, y'a de la métaphysique ailleurs.
Ce n'est pas parce qu'on me l'a répété que c'est vrai. On m'a aussi répété qu'il n'y avait pas de déni. On m'a aussi répété que "transparence" et "zurgl" étaient équivalents.
Le "QUE" est de trop. Et surtout, tu n'es pas en mesure de déterminer si l'aspect métaphysique vient de la science ou de la métaphysique. Ce qui est très différent.
Ce n'est pas différent : en un siècle qui a répudié la métaphysique et ses objets, leur transfert vers la SF sous forme d'objets ou de scènes scientifiques-spéculatives a conféré à celle-ci un quasi-monopole de fait. J'attends toujours la preuve du contraire. J'attends la liste de textes mainstream avec tous ces immortels et ces scènes situées au commencement de l'univers, ces scénarios où la causalité se retourne, etc. J'attends.
Quand mes étudiants déclarent lire de la SF parce que c'est découvrir un autre monde, de la détente et pour suivre une histoire, j'y vois des attentes basiques, celles d'un genre populaire. Leur vision de la SF me paraît tout aussi vraie que la tienne.
Il y a une minute, tu me disais que tes étudiants attendaient de la science, du futur et de l'extrapolation. Maintenant, c'est découvrir un autre monde, se détendre, suivre une histoire. Il faudrait savoir. (Tu noteras que cette dernière triade marche aussi pour la fantasy ou le roman exotique.)
Dire que la SF c'est de la métaphysique n'est NI plus juste NI plus séduisant.
Je ne dis pas ça. Je dis qu'il y en a. Beaucoup. Et je te rappelle par ailleurs que si j'ai un élément définitionnel à ce stade, c'est le sense of wonder, l'émerveillement.
Ca élimine toute la SF qui n'est aucunement métaphysique
Tu élimines bien toute la SF qui n'a ni science ni futur, ce qui représente au moins la moitié des textes. Je pense arriver à une proportion bien meilleure.
Modifié en dernier par Lem le lun. févr. 15, 2010 2:58 pm, modifié 1 fois.

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Erion
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Message par Erion » lun. févr. 15, 2010 2:28 pm

Lem a écrit : Ce n'est pas parce qu'on me l'a répété que c'est vrai. On m'a aussi répété qu'il n'y avait pas de déni. On m'a aussi répété que "transparence" et "zurgl" était équivalent.
Et on a eu raison.
Ce n'est pas différent : en un siècle qui a répudié la métaphysique et ses objets, leur transfert vers la SF sous forme d'objets ou de scènes scientifiques-spéculatives a conféré à celle-ci un quasi-monopole de fait. J'attends toujours la preuve du contraire. J'attends la liste de textes mainstream avec tous ces immortels et ces scènes situées au commencement de l'univers, ces scénarios où la causalité se retourne, etc. J'attends.
Italo Calvino. Cosmicomics.
Il y a une minute, tu me disais que tes étudiants attendaient de la science, du futur et de l'extrapolation. Maintenant, c'est découvrir un autre monde, se détendre, suivre une histoire. Il faudrait savoir. (Tu noteras que cette dernière triade marche aussi pour la fantasy ou le roman exotique.)
Oui, dans le premier cas, c'est la DEFINITION de la SF. Dans l'autre cas, c'est ce qu'ils recherchent. Tu saisis la nuance ? C'est-à-dire qu'ils repèrent parfaitement les traits caractéristiques de la SF, et ils ont aussi des attentes spécifiques. Aucune contradiction.
Ca élimine toute la SF qui n'est aucunement métaphysique
Tu élimines bien toute la SF qui n'a ni science ni futur, ce qui représente au moins la moitié des textes. Je pense arriver à une proportion bien meilleure.
Non. En général, ce que tu élimines, ca tient à une conception étroite de la science. Dès que l'on considère les IMAGES de la science, on obtient 90 à 95% du genre. Evidemment, si pour toi, l'absence de science, c'est dès qu'on sort d'un laboratoire, bien sûr que tu élimines beaucoup de textes de SF.
On attend toujours que tu parviennes à une proportion équivalente à 90-95%.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Fabien Lyraud
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Message par Fabien Lyraud » lun. févr. 15, 2010 2:32 pm

Sur les blogs anglo saxons ça fait environ deux ans que l'on débat sur le thème : la SF parle plus de la philosophie que des sciences. Ce que je te reproche c'est de restreindre à la métaphysique. Il y a beaucoup d'autres domaines de la philosophie que la SF explore. Systar en parlerait mieux que moi (aller on tente une invocation du philosophe).
Bienvenu chez Pulp Factory :
http://pulp-factory.ovh


Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
http://propos-iconoclastes.blogspot.com

Lem

Message par Lem » lun. févr. 15, 2010 2:45 pm

Erion a écrit :Italo Calvino. Cosmicomics.
Merci de m'aider à prouver ma théorie :
Acadmon
Fiche de lecture sur le roman "Cosmicomics", qui appartient à l'univers de la science-fiction, dont l'originalité réside dans le fait que plutôt que d'envisager l'avenir humain, c'est le passé qui est réinventé de manière poétique.

DesLivres.com
Italo Calvino se partage alors entre réflexions sur le monde familier qui l'entoure (La journée d'un scrutateur), ?uvres critiques (la littérature et ses mécanismes dans La Machine littérature, et Pourquoi lire les classiques) au service desquelles il met sa vaste culture classique, et création de mondes fantastiques (Cosmicomics et sa science-fiction à rebours, ou Les Villes invisibles, merveilleux atlas imaginaires de cités rêvées par Marco Polo).

The Guardian
A young resistance fighter for the communists during the Nazi occupation of Italy, Calvino became and remained a consistently original writer of intellectual fantasy. And what is a cosmicomic, this form he invented midway through his career? Clearly a subspecies of science fiction, it consists typically of the statement of a scientific hypothesis (mostly genuine, though sometimes not currently accepted) which sets the stage for a narrative…

Books.com
A perfect exposition of science fiction, Italo Calvino's Cosmicomics is a tender and dreamlike weaving of stories that touch upon the sheer wonder both the universe and consciousness itself. Calvino begins each story with an established scientific conjecture, thereafter placing an anthropomorphic and wildly fictitious annotation of the universe at various stages or for lack of a better word, times.

Internet.culturale
En 1965 il publie Cosmicomics, un ouvrage qui s'inspire aux hypothèses scientifiques sur l'origine de l'univers. La science-fiction de Calvino est une science-fiction à l'envers, imprégnée d'ironie.

Kirkus Review
For science fiction devotees, in any case, clearly the most sophisticated item yet from that genre.
… et il y en a des dizaines comme ça. Et naturellement, le livre est cité dans le Clute & Nicholls et dans le Versins. C'est de la SF publiée hors label.
Un autre exemple ?

Lem

Message par Lem » lun. févr. 15, 2010 2:49 pm

Fabien Lyraud a écrit :Sur les blogs anglo saxons ça fait environ deux ans que l'on débat sur le thème : la SF parle plus de la philosophie que des sciences. Ce que je te reproche c'est de restreindre à la métaphysique. Il y a beaucoup d'autres domaines de la philosophie que la SF explore.
Bien sûr.
Mais on est à la recherche d'un élément définitionnel – un élément spécifique.
Il y a de la philosophie dans toute la littérature (y compris la SF). Il suffit de penser à l'existentialisme…
Mais il n'y a de métaphysique (réifiée) que dans la science-fiction. L'exemple de Calvino cité par Erion est excellent. Dès qu'un ouvrage mainstream s'approprie ce type de démarche, il tombe "naturellement" dans la SF – parce que c'est un des trademarks du genre. C'est exactement la même chose avec Borgès.

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marypop
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Message par marypop » lun. févr. 15, 2010 3:03 pm

MF a écrit :Pour le plaisir, un extrait de la critique du Monde sur Nuigrave
Dépourvue de talent, de savoir-faire ou d'imagination, la science-fiction devient domaine du cliché, du récit "téléphoné" et du romanesque rebattu, au même titre qu'un polar routinier ou une romance dépourvue d'âme. Mais dotée de ces mêmes qualités, elle surprend, apprend et captive comme aucun autre genre, en brassant des problématiques beaucoup plus pointues qu'il ne pourrait y paraître au premier abord.
Je note surtout le passage où la SF est comparée au policier ou à la romance dans un certain cliché.

Hors, il me semble, l'un des points de départ de l'analyse du déni était de dire que d'autres littératures de genre, en particulier le polar n'en souffrent pas (Cf. citations de Lem de dictionnaires ou encyclopédies où figure le policier mais pas la SF).

Ce qui corrobore plutôt l'hypothèse du point G comme genre. La littérature de genre est rejettée, la SF comme le reste.
si on commence à mélanger sf archaïque et proto-sf, personne ne s'y retrouvera plus.
Dieu.

Lem

Message par Lem » lun. févr. 15, 2010 3:07 pm

marypop a écrit :Je note surtout le passage où la SF est comparée au policier ou à la romance dans un certain cliché.
Or, il me semble, l'un des points de départ de l'analyse du déni était de dire que d'autres littératures de genre, en particulier le polar n'en souffrent pas (Cf. citations de Lem de dictionnaires ou encyclopédies où figure le policier mais pas la SF).
Ce qui corrobore plutôt l'hypothèse du point G comme genre. La littérature de genre est rejettée, la SF comme le reste.
Dans le cas de ce papier, je crois qu'on assiste à quelque chose qui s'apparente à un essai timide pour ne pas dénier.
La liquidation sera complète quand, au lieu de cet incipit, on trouvera une phrase comme :

"Dépourvue de talent, de savoir-faire ou d'imagination, la science-fiction devient domaine du cliché, du récit "téléphoné" et du romanesque rebattu, au même titre que n'importe quel roman dépourvu d'âme."

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