Je ne sais pas si le renouveau aux US d'une mouvance "wiccan" (voire les clubs de pseudo-vampires, dont j'ignore s'ils sont une réalité ou un fantasme) ne sont pas au "fantastique-fantasy" contemporain ce que les barjoteries sont, ou ont été, à la SF... ?Lem a écrit :Tu te trompes, je crois, dans l'usage du mot "enjeu".kemar a écrit :Ce n'est pas le cas d'une certaine partie de la science fiction. Il y a également une grosse part de la SF qui est sans autre enjeu que le divertissement, ce qui n'enlève rien à ses charmes.
La SF qui a nourri les prolongements barjo, c'est typiquement celle du divertissement pur : c'est elle qui est pleine de soucoupes volantes, terre creuse, conspiration, monstres cryptozoologiques, etc. Les auteurs n'ont pas écrit pour faire que croire que ces choses étaient réelles et escroquer des gogos. Mais dans leurs écrits, le rapport à la plausibilité (qui est celui de toute la SF) est tel que des escrocs ont pu s'emparer de ces objets.
C'est en ce sens que je dis que la fantasy est "sans enjeu" : aucun escroc ne créera jamais une secte pour attendre le retour des hobbits.
Je crois avoir mentionné cette (désespérante ?) croyance au surnaturel un peu plus haut dans ce fleuve (2-300 pages).Gérard Klein a écrit :Je pense que ce monsieur que je n'ai pas entendu et dont je ne sais rien avait loin d'avoir tort sur ce point précis. J'ai souvent été frappé par la dimension de croyance au surnaturel et au salut par la surnature que dégagent de nombreux textes de fantasy et que révèle plus encore la lecture qui en était faite telle qu'on me l'exposait. Au demeurant, Clute et consorts l'expriment très bien dans leur monumentale Encyclopedia of Fantasy.Sand a écrit :Juste pour dire qu'aujourd'hui, à la table ronde avec Jacques Baudou, un autre intervenant (que je n'ai pas identifié, ce n'etait pas Jean-Luc mais l'autre) a dit que ce qui diffenciait fondamentalement la fantasy de la SF, c'était le côté religieux et spirituel de la fantasy, contre le matérialisme de la SF.
Et que c'était pour ça que la fantasy se vendait mieux.
Au temps pour la métaphysique variable cachée du déni de la SF, selon ce monsieur, en fait la métaphysique fait vendre (quand c'est dans de la fantasy).
(oui, moi aussi, j'étais explosée de rire en entendant ce discours et en pensant à ce fil)
(mais bon ils ont dit pas mal de conneries à cette table ronde ^^)
À côté, la science-fiction, à bien des lecteurs et plus encore de lectrices, apparaît sèche et, oserai-je écrire, inhumaine.
Quant au matérialisme, faut-il rappeler que c'est une thèse métaphysique et rien d'autre?
Même dans la culture populaire "mainstream", (et je pensais aussi bien aux horoscopes qu'à la série "Médium") le surnaturel a une place troublante.
Pour prolonger sur les séries TV, il est intéressant de voir que les héros les plus matérialistes que sont Dr House ou Mentalist sont régulièrement "défiés" par un entourage qui veut croire au surnaturel. Est-ce que, 15 ans plus tôt, on n'aurait pas attendu l'inverse ?
D'ailleurs, j'attends toujours les références à des récits de quelque genre ou forme que ce soit qui présenteraient une prophétie ... totalement à côté de la plaque. Quand un personnage de blockbuster hollywoodien lit son horoscope, il s'avèrera curieusement juste. Quand une vieille folle prédit des trucs à un enquêteur de polar, elle aura raison d'une certaine manière. Et quand la prophétie promet un Elu qui apportera l'équilibre à la Force, il n'y a qu'une génération d'écart entre l'interprétation et l'avènement...
Ce spiritualisme, en reprenant le mot d'André Malraux, n'a à mon avis pas de prétention à expliquer le "Déni" séculaire discuté ici. Par contre, il joue peut-être un rôle sur la faiblesse relative de la SF dans les années 2000 par rapport aux années 80 - 90 ...
La métaphysique préférée du public est aujourd'hui plus spiritualiste que matérialiste, et même le brio d'un Greg Egan (que je suis en train de découvrir avec les premières nouvelles d'Axiomatique, c'est vraiment de la haute voltige !) n'y peut pas grand chose.