Le salaire de la peur

[Pascal]

Pascal Godbineau, est beaucoup plus sceptique sur la question.

C'est Godbillon (mais c'est pas grave) et je suis sceptique sur un si grand nombre de questions que ça n'est plus tellement significatif.

En l'occurence, si je me suis montré sceptique sur cette question... ça me laisse sceptique.

Il n'y aura aucun inédit en 2007 en folio SF pour des raisons de délai (je suis arrivé mi-2006, le temps de trouver, négocier, signer, traduire, mettre en fabrication un inédit, hop ! on est en 2008).

Il devrait donc y en avoir au moins 2 en 2008 (Aaaahhh) mais je ne vous dirai pas lesquels (Oooohhh). Pas tout de suite en tout cas. Et seulement si vous êtes sages

Je suis donc convaincu que les inédits sont un vrai plus pour une collection de poche. Cela dit... Est-ce bien raisonnable pour ladite collection de sortir des inédits ? J'en suis moins sûr. Je me souviens des reproches incessants faits à PDF : "c'est scandaleux, des poches à ce prix là !!!" Publier un inédit a un coût. Publier un livre, quel qu'il soit, a un coût. Et si on le fait (poche ou grand format, inédit ou réédition) il faut savoir pourquoi ? Pour la gloire, pour se faire plaisir, pour l'art : facile, on peut se permettre à peu près tout... A condition de ne pas devoir en vivre.

Je suis déjà bien trop long et il me faudrait probablement l'être encore plus.

Une dernière question : combien y a-t-il d'inédits en poche par an dans le domaine du roman policier et/ou de la littérature générale et qui s'en plaint ?

Pascal Godbillon

[Eric]

Ooops ! Désolé de l'écorchage de nom... Mille pardons

Bienvenue à toi en tout cas, et merci de

1) ces précisions

2) ces bonnes nouvelles

Mais cela dit, n'hésite pas à t'attarder. Par exemple tu sous-entends que le poche SF offre un espace de liberté éditorial assez inédit ?

Sinon, pour répondre à ta question, Série Noire, ce n'est pas du poche avec de l'inédit ? La collection est repartie il me semble ? (cela dit je ne suis absolument pas l'actu polar, et je suis nul en polar)

[Bull]

J'arrive un peu après la bataille, car la discussion a depuis dévié, mais juste un mot pour vous signaler une autre catégorie, surement très minoritaire mais néanmoins réelle, de lecteurs intéressés par les grands formats :
Les lecteurs, qui comme moi ont vieilli, ont vu leur pouvoir d'achat augmenter, et ont donc laissé de côté les poches d'occasion des quais de la Seine, car ils peuvent désormais associer le plaisir de la lecture et une bibliothèque que "madame" trouve assez respectable pour être laissée dans le salon...

[Pascal]

Série Noire, ce n'est pas du poche avec de l'inédit ?

Non, ce n'est plus du poche mais du grand format. Et il y a vait le masque également. Et d'autres. Mais aujourd'hui, ça n'est plus le cas, je crois.

Je ne pense pas que la SF soit un espace de liberté éditoriale pour les inédits en poche. Il me semble que c'est historique : la SF était une littérature populaire dont les premières collections d'inédits étaient en poches (Rayon fantastique, Anticipation, PDF ; même si c'était du poche un peu plus grand que le poche d'aujourd'hui) et diffusées à des quantités qui contenteraient beaucoup d'éditeurs de grands formats aujourd'hui (mais je peux me tromper). Du coup, on s'est habitué aux inédits en poche et c'est dur d'en être sevré.

[Papageno]

Je trouve très courageux qu’un directeur de collection vienne s’expliquer comme ça, dans l’arène d’un forum.
Alors que c’est vrai, nous, lecteurs, on à souvent tendance à attaquer tout azimut.
En plus cela remet les pieds sur terre – et nous rappelle au passage, qu’a l’évidence, un éditeur pour éditer, doit d’abord pouvoir en vivre

[regis]

pour le polars,e les mankell,conolly, daeninck,leon ect ont été deja publiés en grand format
sauf exceptions: la collection"grands detectives chez 10-18 (et encore..pas tous)
quand au"masque" la proportion d'inedits est minime par rapport au fonds de collection sans cesse reedités (qui doivernt d'ailleurs permettre le "paiement" des inedits)

[Pascal]

Je trouve très courageux qu’un directeur de collection vienne s’expliquer comme ça, dans l’arène d’un forum.

Et moi qui n'avait même pas conscience d'être à ce point en danger

Jérome, Eric, ayant un sérieux handicap concernant l'informatique et tout ça , je ne sais pas si vous avez eu mes réponses à vos MP, mais bon... Merci à vous deux

Pascal

[Eric]

Euh... comment dire Pascal... c'est un peu embarassant... mais non, nous n'avons pas eu tes mp.

[pward]

Bonjour

Je rentre un peu dans le débat sur le prix des livres.

Concernant Rivière Blanche, le prix des livres est élevé, entre et 15 et 20 euros pour les livres normaux.

Notre problème est que nous éditons à la demande, c'est à dire que nous commençons par imprimer une petite quantité (50 exemplaires) et ensuite c'est une impression à la demande. Un imrpimeur anglais qui livre les livres chez moi.

Parmi les coûts outre l'imprimeur, il faut aussi savoir que nous envoyons entre 10 et 20 services de presse, quand on regarde nos chiffres de vente, c'est assez important.

En plus si un roman Rivière Blanche est réédité en poche, Rivière Blanche ne touchera rien, c'est l'auteur qui reste propriétaire de son oeuvre, cela fait partie du contrat que nous avons.

Nous essayons quand même à publier de beaux et de bons livres et surtout des inédits.

Mais le prix restera un frein. J'en suis bien conscient, mais là je n'y peux pas grand chose.

Philippe c'est dur de vendre un roman de SF Ward

[Pascal]

Oui... Bon... Et j'ai tout effacé (psychopathe du rangement, en plus d'être une nouille en forum...). Bon, je rééssaye. Sinon, Jérome a mon adresse mail, ce sera plus simple (enfin, c'est à dire que ça, normalement, je devrais arriver à y répondre).

Désolé de cette digression qui mériterait un sujet à lui tout seul : "Un éditeur de SF doit-il savoir se servir des fonctionnalités d'un forum ?"

[Eric]

Je serais assez tenter de te dire "oui".

Mais pour revenir au débat, Philippe a des contingences qui ne sont pas tout à fait les mêmes que celles d'un grand groupe. R.B a en outre toujours eu une politique très claire vis-à-vis des auteurs et de leur rétribution. C'est presque du bio.

D'ailleurs, est-ce que les lecteurs (donc vous pour ainsi dire), sont conscients des difficultés que peut avoir à affronter un petit éditeur, et du coup rechignent mions à débourser un peu plus ? Presque à faire un achat militant en somme.

[sandrine.f]

D'ailleurs, est-ce que les lecteurs (donc vous pour ainsi dire), sont conscients des difficultés que peut avoir à affronter un petit éditeur, et du coup rechignent mions à débourser un peu plus ? Presque à faire un achat militant en somme.

oui.

Cela peut aller jusqu'à passer commande directement chez l'éditeur au lieu de passer par un site de vente en ligne ou une librairie de façon à maximiser le benéfice de celui-ci sur cet exemplaire.

[Papageno]

Pour ma part, oui je peux faire des achats militants, (et je le fais pour certaine revue)
A chaque fois qu’une collection (ou pire un éditeur) disparaît – on se sent un peu coupable de n’avoir pas acheté plus de livres de cette collection. Toutefois, bien sur, les limites sont celles du budget disponible pour les loisirs et malheureusement, aujourd’hui, la part du budget loisir tant à diminuer pour la majorité des personnes que je connais.
Et puis, est-ce que le nombre de lecteurs potentiels de SF (même militants) est suffisant en France, pour assurer la rentabilité de toutes les collections ?

[Eric]

Et puis, est-ce que le nombre de lecteurs potentiels de SF (même militants) est suffisant en France, pour assurer la rentabilité de toutes les collections ?

Ça c'est une bonne question.

J'ai un peu l'impression qu'il y a un peu deux écoles chez les éditeurs qui créent de nouvelles collections. Ceux qui vont rechercher la spécialisation, et se consacrent à l'édition de niche. Et ceux, au contraire, qui tentent l'ouverture (je pense par exemple à la nouvelle collection Interstices de Calmann-Lévy).

Maintenant quelle est la bonne approche ? Y'en a-t-il seulement une qui soit meilleure qu'une autre d'ailleurs ?

[pward]

Bonjour

Je ne sais pas quelle est la meilleure politique pour un éditeur. Surtout en Mauvais genre.

Je sais que pour Rivière Blanche, nous avons choisi la politique du on ne gagne pas d'argent, on n'en perd pas, on continue pour se faire plaisir et par passion. Mais ce serait impossible pour les grands groupes qui doivent payer les employés et tous les frais.

En tant que "directeur de collection" tout petit, à mon niveau, je n'ai aucune contrainte, c'est un avantage, je n'ai pas à trop regarder les comptes. Donc je peux me permettre certaines publications qui seraient refusées par les autres éditeurs. Aussi bien des romans d'auteurs des années 60, que des jeunes auteurs, que l'anthologie espagnole.

Quel éditeur aurait pris le risque de publier aujourd'hui, Louis Thririon, Thomas Geha ou Dimension Espagne ? C'est un choix que je peux me permettre parce que j'ai un métier à côté pour payer les factures. Parce que cela me plait. Nous allons arriver à la fin d'années à 30 ouvrages ce qui est pas mal en 2 ans. Mais je sais pertinament où se trouve ma place au sein du monde de l'édition et cela ne me gêne pas.

Et si un jour on peut baisser les prix, on le fera.

Philippe qui s'amuse sérieusement avec Rivière Blanche Ward