Du sense of wonder à la SF métaphysique

Modérateurs : Eric, jerome, Jean, Travis, Charlotte, tom, marie.m

Giangi
Messages : 60
Enregistré le : lun. janv. 11, 2010 5:28 pm
Localisation : Aix-en-Provence
Contact :

Message par Giangi » lun. févr. 15, 2010 6:35 pm

Lem a écrit :
Giangi a écrit :Eh bien, précisément, que la SF soit un genre, c'est précisément ce dont je ne suis pas certain.
GK parle "d'espèce littéraire". Ça te conviendra peut-être mieux. De mon côté, j'ai écrit dans la préface que la SF débordait la question des genres pour devenir une forme de la sensibilité. Oncle parle d'état d'esprit. Il y a la question de la subculture… Ça fait beaucoup de formes et de points de vue disponibles. Mais il y a quand même, à la fois antérieur et au centre de toutes ces choses, un corpus de textes et un label éditorial. "Genre" est sans doute une facilité de langage mais il est difficile de s'en passer.
Ce qui m'a fait réagir là, c'est l'allusion qui a été faite au policier. À mes yeux, le policier est un véritable genre, transposable dans des univers très différent (monde contemporain standard, Californie des années trente, Dynastie Tang pour le juge Ti, mais aussi monde des télépathes de L'Homme démoli de Bester ou monde quasi contemorain du Bug Jack Barron de Spinrad, parmi 1000 autres exemples. La SF dans cette perspective, "accueille", "héberge" des genres, en les transformant, mais n'en est pas un...
Lem a écrit :
Giangi a écrit :Ce domaine, je l'ai dit, c'est celui de l'histoire potentielle de l'humanité. Y choisir un monde implique d'en décrire les tenants et aboutissants de toute nature, à commencer par ses substrats techniques et éventuellement scientifiques, mais aussi des aspects relevant des sciences humaines et sociales. Que cette description implique des références, implicites ou non, à la métaphysique, peut arriver, mais pas plus à mon sens que dans d'autres domaines d'exercice de la littérature, sauf à considérer qu'écrire l'histoire a inévitablement un côté métaphysique.
C'est cette activité de description, de création d'un univers d'histoire potentielle, qui est pour moi à la racine de ce qu'est la SF, et qui permet de la définir...
Si tu entends par là que le livre-univers est l'une des formes archétypales de la SF, je suis d'accord. Si tu veux dire que, même hors de ce cadre particulier, l'effort des auteurs pour embrasser tous les tenants et les aboutissants de leur arrière-plan a quelque chose de spécifique au "genre", je le suis aussi. On a évoqué plus haut, à un moment, la possibilité de décrire l'effet SF comme "effet-monde". Je sens qu'il y a quelque chose de cet ordre mais on trouve aussi beaucoup de textes qui ne répondent pas à cette description (tous les récits qui se passent aujourd'hui sur Terre, par exemple, et où l'élément SF est juste discret, comme chez Simak).
Pas seulement. Pour moi le terme "univers" doit être pris dans son sens le plus divers, de l'épique au minuscule. Ça va effectivement de Dune à Simak ou, pour être plus proche de nous, de Banks à Houellebecq, en fait de tout environnement historique où au moins un élément est "potentiel" par rapport au monde réel. L'"effet-monde" peut être très discret, et est d'ailleurs souvent d'autant plus efficace qu'il est discret...
Giangi

Avatar du membre
Erion
Messages : 5025
Enregistré le : sam. oct. 21, 2006 10:46 am

Message par Erion » lun. févr. 15, 2010 6:43 pm

Lem a écrit :
Pourtant, obtenir la reconnaissance de Werber comme faisant partie de la Littérature (avec un grand L), ça, ça serait un vrai défi, et ça ouvrirait plus de portes.
Mais ne vois-tu pas ?
Il a la reconnaissance.
Il a eu une pleine page du Monde (même pas des Livres) il y a quelques semaines. Il est invité partout chaque fois qu'il sort un livre. Ses "grands entretiens" sont publiés : "2h30 en compagnie de Bernard Werber, star incontestée de la littérature française. Avec la complicité d’Olivier Germain-Thomas, Kriss, Marie-Pierre Planchon, Brigitte Palchine, Stéphane Bern…
Et c'est ça qui me stupéfie. Rien ne me gène dans son succès, son audience, sa candeur – pour être gentil. Mais que les journalistes en face qualifient ça de littérature me laisse sans voix.
Non, il a la reconnaissance comme phénomène éditorial, mais pas comme Littérature (avec un grand L). Que les médias s'ouvrent à des oeuvres qui se vendent, c'est normal. J'arrête même pas de le répéter : on est reconnu, par les médias, à partir du moment où on existe, par des ventes. (d'où mes gros doutes sur la pertinence d'un discours critique pour obtenir la reconnaissance.)
Mais, comme l'avait fait remarquer Lensman, et de ce que j'en ai vu par ailleurs, personne ne prétend que c'est de la Grande Littérature. Y'a pas encore de colloque à la Sorbonne sur l'oeuvre de Werber (ça ne saurait tarder, on ne sait jamais).
Et puis, si jamais tu veux convaincre des prescripteurs, ça serait bien d'avoir un autre discours que dire "non, mais Werber, je veux pas en parler, parce que c'est mal écrit". Parce que des ouvrages SF mal écrits, y'en a quand même beaucoup, si ce n'est pas la majorité.
Tu peux chercher à éviter Werber, mais son patronyme rime avec Lagardère. Ce sera toujours la même chose, tu citeras Ballard, Dick, tu parleras de métaphysique et on te dira "et vous pensez quoi de Werber ?"
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Lem

Message par Lem » lun. févr. 15, 2010 7:17 pm

Erion a écrit :personne ne prétend que c'est de la Grande Littérature. Y'a pas encore de colloque à la Sorbonne sur l'oeuvre de Werber (ça ne saurait tarder, on ne sait jamais).
"Star incontestée de la littérature F" + grands entretiens + tas de trucs officiels (invité d'honneur des ambassades françaises en Asie, par exemple)… tout ça excède très largement le simple gros vendeur. Quelque chose m'échappe.
Enfin, peu importe.
Tu peux chercher à éviter Werber, mais son patronyme rime avec Lagardère. Ce sera toujours la même chose, tu citeras Ballard, Dick, tu parleras de métaphysique et on te dira "et vous pensez quoi de Werber ?"
Oh, je pense que je serai sincère sans la ramener : "désolé, je n'arrive pas à lire ses livres" (ce qui est vrai.) Mais si on me demande pourquoi, je vois pas pourquoi je devrais taire le fait que je les trouve vraiment mal écrits.

Avatar du membre
Erion
Messages : 5025
Enregistré le : sam. oct. 21, 2006 10:46 am

Message par Erion » lun. févr. 15, 2010 7:34 pm

Lem a écrit : Oh, je pense que je serai sincère sans la ramener : "désolé, je n'arrive pas à lire ses livres" (ce qui est vrai.) Mais si on me demande pourquoi, je vois pas pourquoi je devrais taire le fait que je les trouve vraiment mal écrits.
C'est précisément ce que font les "élites" vis-à-vis de la SF : "je n'arrive pas à en lire" et "je les trouve vraiment mal écrits".
C'est un peu vicieux d'utiliser les mêmes mécanismes pour inciter les prescripteurs à ne pas les utiliser.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Avatar du membre
dracosolis
Messages : 7417
Enregistré le : mar. févr. 07, 2006 8:08 pm
Contact :

Message par dracosolis » lun. févr. 15, 2010 7:41 pm

8) pourtant si on parle d'écriture "utilitaire" Werber écrit très BIEN (sorry promis je vais me laver la bouche au savon noir ensuite)
à savoir que :
1) son lecteur sait toujours où il en est (on pourrait presque dire que l'écriture de Werber est fractale parce que chaque paragraphe porterait l'essence du livre même)
2) elle atteint ses 150 000 cibles à chaque coup


oki je sors
Antéchrist N°4
Idéologue Relativiste à mi-temps
Antéchrist N°4 :

Lem

Message par Lem » lun. févr. 15, 2010 7:59 pm

Erion a écrit :C'est précisément ce que font les "élites" vis-à-vis de la SF : "je n'arrive pas à en lire" et "je les trouve vraiment mal écrits".
Et après ? WB écrit vraiment mal. Je ne vais pas mentir parce que c'est de la SF.
De toute façon, chacun fait ce qu'il veut. Jean-Claude Dunyach pense et dit autre chose ; ça ne me pose aucun problème. Mais si on me pose la question à moi, je dirai ça.
Allez, fin du sujet.

Avatar du membre
Erion
Messages : 5025
Enregistré le : sam. oct. 21, 2006 10:46 am

Message par Erion » lun. févr. 15, 2010 8:15 pm

Lem a écrit :
Erion a écrit :C'est précisément ce que font les "élites" vis-à-vis de la SF : "je n'arrive pas à en lire" et "je les trouve vraiment mal écrits".
Et après ? WB écrit vraiment mal. Je ne vais pas mentir parce que c'est de la SF.
De toute façon, chacun fait ce qu'il veut. Jean-Claude Dunyach pense et dit autre chose ; ça ne me pose aucun problème. Mais si on me pose la question à moi, je dirai ça.
Allez, fin du sujet.
Oui, c'est ce que disent ceux qui pensent que la SF c'est mal écrit : "pas la peine d'en parler".

Sauf que c'est de la SF, et c'est de la métaphysique.

Après, va prétendre que tu ne veux pas sélectionner dans le genre entre ce que toi tu trouves légitime et l'indigne. Si tu le fais pour Werber, comment ne pas imaginer que tu ne vas pas en faire de même pour toute oeuvre qui est "mal écrite". C'est bien ce qu'on suppose ici et là, ton entreprise, c'est bien de sélectionner ce qui est digne d'intérêt et d'écarter le reste, pas de défendre la SF dans son ensemble.

Tu en as le droit, tu peux très bien vouloir défendre et promouvoir un certain type de SF, mais n'essaie pas de faire croire que ton projet a pour ambition de travailler pour le bien de TOUTE la SF, et son entière reconnaissance.

Tu dois être capable de défendre Werber comme de défendre Ballard, si ton projet est global.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Avatar du membre
Aldaran
Messages : 1911
Enregistré le : dim. sept. 23, 2007 10:25 am

Message par Aldaran » lun. févr. 15, 2010 8:19 pm

Gérard Klein a écrit :Je ne suis pas d'accord sur ce point. Le critique précise "un polar routinier" et "une romance dépourvue d'âme" genre Harlequin. Ce ne sont donc ni le polar en général ni le roman psychologique qui sont stigmatisés. Ils font partie depuis bien longtemps, sauf exceptions signalées, des "genres" admis, sans rejet ni déni. Pour la Sf, cela semble être l'inverse, l'exception seule échappant au rejet et au déni, comme ici le roman de Lorris Murail, Nuigrave. Ce dont je ne saurais que me réjouir d'un point de vue mais que je trouve néanmoins inquiétant d'un autre.
Développir ? Sitoplé.

Avatar du membre
Aldaran
Messages : 1911
Enregistré le : dim. sept. 23, 2007 10:25 am

Message par Aldaran » lun. févr. 15, 2010 8:23 pm

Lem a écrit :
Erion a écrit :personne ne prétend que c'est de la Grande Littérature. Y'a pas encore de colloque à la Sorbonne sur l'œuvre de Werber (ça ne saurait tarder, on ne sait jamais).
"Star incontestée de la littérature F" + grands entretiens + tas de trucs officiels (invité d'honneur des ambassades françaises en Asie, par exemple)… tout ça excède très largement le simple gros vendeur. Quelque chose m'échappe.
Enfin, peu importe.
Ah non, peu importe pas : c'est la reconnaissance par L que tu vises, ou la reconnaissance par les journalistes et les tiroir-caisses ?
Aurait-on oublié de s'entendre sur le sens de "prescripteurs" ?

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » lun. févr. 15, 2010 8:26 pm

Lem a écrit :
Erion a écrit :Et "la nausée" de Sartre, tant qu'on y est.
Bam : à l'envers, encore une fois.
La nausée, c'est un roman philosophique – d'accord.
Mais la philosophie en question, c'est l'existentialisme. C'est à dire l'anti-métaphysique. L'affirmation que "l'existence précède l'essence" – que le monde est là, sans raison extérieure à lui-même, absurde, Que c'est l'homme qui, par son existence, donne le sens parce qu'il n'y a pas de sens à trouver.
Je ne vois pas, d'ailleurs, en quoi cette position empêche d'imaginer, à titre de fiction, que ce ne soit pas le cas. Cela fait de la "métaphysique fiction", un genre qui peut croiser SF sans problème.
Oncle Joe
(A part ça, comment fait-on pour distinguer l'essence de l'existence, je veux dire, dans la vraie métaphysique, pas dans la métaphysique-fiction?)
Modifié en dernier par Lensman le lun. févr. 15, 2010 9:21 pm, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Sand
Messages : 3529
Enregistré le : mer. avr. 16, 2008 3:17 pm
Localisation : IdF

Message par Sand » lun. févr. 15, 2010 8:47 pm

(je schématise ce que j'ai compris du bidule)

Caricaturalement, l'essence précède l'existence signifie qu'on "est" avant de vivre : les noirs ont le rythme dans la peau, les femmes ne savent pas conduire, les hommes sont infidèles... automatiquement : c'est leur essence. C'est ce qu'on est qui conditionne ce que l'on fait.

L'existence précède l'essence signifie que c'est ce qu'on vit qui fait ce qu'on est.

Ce serait presque du inné Vs acquis.

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » lun. févr. 15, 2010 9:02 pm

Tiens, une critique de "Nuigrave" de Murail (A&D)dans le Monde. Critique très positive, mais qui se termine par une phrase curieuse:

""Nuigrave" est un exemple réussi de ce que devrait être une littérature d'anticipation ambitieuse et néanmoins largement accessible."


Ce qui m'intrigue, c'est le "devrait", au lieu du simple "est". On se demande bien quel bizarre corpus SF le critique a en tête (je rappelle que c'est un critique professionnel, et que le livre est publié en A&D… coup de chance: cette collection publie ENFIN de la SF ambitieuse et largement accessible, il était temps!)
On a le choix, dans les poncifs, entre, "la SF, c'est trop compliqué" ou "la SF, c'est pour les adolescents attardés", "La SF, il y a trop de science", "la SF, c'est pas sérieux scientifiquement", "la SF, c'est pas sérieux (tout court)".
Quand la critique du livre est bonne, il s'agit de bien préciser au lecteur que ce livre échappe, lui, à tous ces innombrables défauts souvent contradictoires dont souffrirait la SF.
Mais c'est comme les têtes de l'Hydre de Lerne…

Oncle Joe

Avatar du membre
Lensman
Messages : 20391
Enregistré le : mer. janv. 24, 2007 10:46 am

Message par Lensman » lun. févr. 15, 2010 9:06 pm

Sand a écrit :(je schématise ce que j'ai compris du bidule)

Caricaturalement, l'essence précède l'existence signifie qu'on "est" avant de vivre : les noirs ont le rythme dans la peau, les femmes ne savent pas conduire, les hommes sont infidèles... automatiquement : c'est leur essence. C'est ce qu'on est qui conditionne ce que l'on fait.

L'existence précède l'essence signifie que c'est ce qu'on vit qui fait ce qu'on est.

Ce serait presque du inné Vs acquis.
Je vois mal la différence entre "les femmes ne savent pas conduire" et "les femmes", sauf que la première proposition ne décrit pas complètement le sujet.
Toujours pas claire, pour moi, la distinction…
Oncle Joe

Avatar du membre
Sylvaner
Messages : 642
Enregistré le : mer. janv. 28, 2009 10:15 pm
Localisation : Plein Centre

Message par Sylvaner » lun. févr. 15, 2010 10:22 pm

re- l'Existentialisme :

d'après Vian, l'existentialisme avait une chance en Allemagne parce que "Der Krug geht so lange zum Wasser, bis er bricht" : l'existence de la cruche précède son essence, qui est d'aller à l'eau. Alors qu'en français "Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse", la cruche est conditionnée à sa fonction ("va") qui la précède. Elle va (à l'eau) avant que d'être.
Mais bon, c'était de la pataphysique...

Sur le genre SF, je m'accroche un peu parce que je pense qu'on trouve là un point d'achoppement majeur, non pas au niveau du déni mais au niveau des perceptions différentes de la SF chez les fans.

Je lis de la littérature de genre. Que le genre soit très codifié comme le polar (unité d'intrigue, à la limite) ou qu'il soit défini par l'univers et la sensation du lecteur, comme la SF, l'historique ou la fantasy, ça reste du genre : il y a des codes qui parlent à l'amateur et désarment le profane (l'oeil bleu du bouton de porte si souvent évoqué ici), il y a des attentes qu'il faut savamment satisfaire ... ou non, et je crois qu'il y a souvent une distanciation plus importante entre l'auteur et son œuvre : écrire de la SF, ou du polar, est forcément un exercice plus étranger à soi que de raconter son idylle avec Doc Gynéco, un deuil ou le goût de la première gorgée de bière. J'irai jusqu'à penser d'ailleurs que ce côté artisan, cet aspect de savoir-faire qui distingue l'écrivain de genre de "l'Auteur de Littérature" (inspiré par sa muse) peut faire partie de ce qui agaçe tant Roland C. Wagner dans ce fleuve introspectif de la SF initié et voulu par Serge Lehman. Je m'avance sans doute beaucoup.

L'erreur communément répandue est de penser que la littérature de genre est "inférieure", d'une manière ou d'une autre, à la fameuse littérature "générale" dont le principal trait est qu'on ignore de quoi elle veut parler. Comparons au cinéma : Tarantino, John Woo font des films "de genre", et seuls les derniers des nigauds pensent encore qu'un film de genre ne peut pas être un film d'auteur ! le cinéma a de l'avance sur ce point : Metropolis, M le maudit, les Visiteurs du Soir, La Belle et la Bête, le Faucon Maltais, Les Oiseaux, Grease, Impitoyable, Titanic, Gladiator, Kill Bill, bienvenue chez les Ch'tis et Avatar sont des films de genre, ce qui ne gène pas grand-monde !
En littérature, c'est différent. Si le polar a su gagner une existence propre à côté de la Littérature Générale (ne dit-on pas "la blanche" et "la noire" ?); les autres genres continuent de sentir le soufre...
Ma remarque sur Lem qui voudrait liquider les genres était malvenue, et ne reposait que sur une phrase (la réécriture de la conclusion de la critique, où il regrettait qu'un roman de SF soit comparé à un polar ou une romance, plutôt qu'à n'importe quel autre roman). A contrario, la volonté de revoir l'histoire et les racines de la SF participe bien à la reconnaissance du genre en tant que tel... mais pas forcément tel que tous le voient ! En revanche, tout rapprochement de la littérature "générale" serait à mon sens une erreur, parce que ladite littérature est une aberration pour moi : tout est genre hormis un microcosme français du XXe siècle ... Balzac, Zola et Flaubert étaient feuilletonnistes et écrivaient bien plus comme des auteurs de SF contemporains que comme les mondains récidivistes des rentrées littéraires d'aujourd'hui !

Je ne pense pas non plus grand bien de l'aspect "transcendant" de la SF évoqué par giangi, même si l'idée est séduisante : c'est un genre, qu'on le veuille ou non. Qu'il puisse se mêler au polar, au western (Santiago) ou à n'importe quel autre genre n'empêche pas l'existence d'une unité, d'une appartenance commune, qu'elle soit divergente ou convergente.

Bouh, j'ai été bavard et confus... désolé !
---
"Il aura fallu des millions d'années à l'espèce humaine pour descendre des arbres et seulement dix de plus pour se mettre en vitrine." R. Powers

Giangi
Messages : 60
Enregistré le : lun. janv. 11, 2010 5:28 pm
Localisation : Aix-en-Provence
Contact :

Message par Giangi » lun. févr. 15, 2010 10:48 pm

Sylvaner a écrit : Je ne pense pas non plus grand bien de l'aspect "transcendant" de la SF évoqué par giangi
Moi non plus, vu que je n'ai pas employé ce terme :D
Sylvaner a écrit : , même si l'idée est séduisante : c'est un genre, qu'on le veuille ou non. Qu'il puisse se mêler au polar, au western (Santiago) ou à n'importe quel autre genre n'empêche pas l'existence d'une unité, d'une appartenance commune, qu'elle soit divergente ou convergente.
Bof, je veux bien qu'on appelle ça "genre", mais à mes yeux c'est plutôt un regard différent sur le monde pour y accueillir des genres au sens habituel.
Je ne suis pas sûr non plus de son "unité", c'est d'ailleurs en grande partie ça qui fait pour moi le charme de la SF. En fait, quand on ouvre un texte de SF, on ne sait jamais très bien à quel "genre" on va avoir à faire, et on a souvent des surprises... Peut-être est-cela aussi qui gêne les profanes, ne pas savoir sur quel pied on va danser (même si, dans une majorité de cas, on est dans le roman d'aventures).
Quant à l'appartenance commune, oui, on peut l'appliquer à ce que je décrivais. Mais alors "qu'elle soit divergente ou convergente", j'avoue ne pas bien suivre, là...
Giangi

Répondre

Retourner vers « Vos dernières lectures »