Lensman a écrit :"D'une certaine SF comme littérature post-métaphysique : spéculer fictivement sur des choses auxquelles nos ancêtres, voire nos parents croyaient mais auxquelles nous ne croyons plus."
Il y a, pour moi du moins, l'intérêt du jeu logique (déformation, ou formation de mathématicien?) qui pousse à s'amuser à pousser des hypothèses que l'on sait sans pertinence. Mais je parle pour moi… il y a l'intérêt de découvrir, ou redécouvrir des visions du mondes rigolotes, que l'auteur s'autorise à pousser et à tordre un peu, dans la fiction (des trucs à la Farmer fonctionnent comme ça…)
C'est une allusion à la science-fiction-fiction, j'imagine ?
Je comprends mais je trouve que tu réduis beaucoup trop le domaine dont on parle. Dans le cas de Farmer, on n'est pas dans le cadre d'une spéculation post-métaphysique mais post-géocentrique.
J'essaie d'être simple.
Dans beaucoup – beaucoup – d'œuvres SF, il y a selon moi une pulsion métaphysique visible à l'œil nu. Elle se manifeste au moment où l'auteur embrasse tout l'univers dans une théorie totalisante.
Je précise pour éviter les confusions et rappels inutiles : je
sais qu'on est dans une fiction. Je ne prétends
pas que l'auteur croit à sa théorie. Mais je dis qu'elle fait partie de l'économie normale de son roman, qu'elle y est à sa place. Et par extension, ce type de démarche est tout à fait banal dans la SF.
Ces théories peuvent avoir de multiples formes.
Elles peuvent être implicites, comme dans
Hyperion où les IA qui surplombent le récit à l'arrière-plan vise le contrôle de chaque état de l'espace-temps depuis l'origine jusqu'à la fin. Ou comme dans Le temps incertain où la plage de la Perte en Ruaba représente une sortie de l'espace-temps par accès à l'éternité subjective.
Elles peuvent être explicites, comme dans
Isher où le héros finit par devenir lui-même le créateur de l'univers (on rétablit donc la position du créateur). Ou dans presque tous les romans de Dick. Ou encore dans
Brazyl, que je n'ai pas lu mais dont Pascal avait donné un extrait aux alentours de la page 100 où l'univers était assimilé à un "état de conscience holographique", ou un truc comme ça (et où cette assimilation était justement présentée comme une spéculation métaphysique).
Tu comprends ce que je veux dire ?
En un mot comme en cent : si on arrivait à préciser cet aspect de la SF – en disant par exemple (mais ce n'est qu'un exemple improvisé, je ne sais pas si je pense ça ni si je le formulerais comme ça) : dans la SF, on a continué à
mimer ce à quoi la société scientifique avait renoncé : l'espoir métaphysique d'accéder à la réalité ultime – non pour y parvenir mais pour l'ivresse cognitive que cela procurait –, je crois qu'on aurait défini quelque chose de très important pour la compréhension du genre.
Mais sans doute ne seras-tu pas d'accord.