Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Lem

Message par Lem » lun. mars 01, 2010 4:56 am

bormandg a écrit :Ta preuve est certainement beaucoup plus rhétorique que valide, parce que
1 tu ne peux trouver de référence métaphysique en SF que en lui enlevant( toute sa méta-ité puisque la n'accepte un sujet autrefois métaphysique qu'après l'avoir rendu physique
C'est aussi l'argument de Joseph : un dieu extraterrestre n'est pas un dieu ; c'est juste un extraterrestre. C'est ce débat qui se poursuit sur la question la continuité des concepts : immortalité, etc.
Je maintiens de mon côté mon analyse : un dieu extraterrestre, c'est… un dieu extraterrestre. Les deux termes sont importants. Surtout si l'extraterrestre se manifeste sous des formes relevant classiquement du divin. Et je rappelle que j'ai posté il y a quelques jours un papier de Jean-Guy Nadeau de la Faculté de théologie de Montréal (un bon connaisseur de la question, donc), qui semble partager cet avis puisque sa conclusion pose, de manière interrogative, la possibilité de considérer la SF comme une littérature religieuse. Il y a longtemps, j'avais aussi signalé cet autre article de Dominique Doucet (faculté de théologie d'Angers illustrant également le caractère non-problématique (en tout cas non absurde) d'une continuité conceptuelle possible.
Bref, la réification des concepts MR par la science-fiction ne les prive aucunement de leur "méta-ité" pour reprendre ton cool néologisme. L'apparition de Cthulhu est apocalyptique et entraîne la folie de ses contemplateurs ; la résurrection de Gosseyn sur Vénus ébahit ; le caractère incompréhensible de Solaris et d'Ubik est canonique ; l'issue ultime que représente la Perte en Ruaba est classiquement disjonctive. Ce n'est pas parce que ces êtres, ces entités, ces objets sont potentiellement rationalisables qu'ils n'excèdent pas l'humain, avec tout ce que cela implique sur le plan cognitif. Je pense même profondément que c'est le contraire : c'est parce qu'ils conservent ce caractère qu'il est intéressant de les rationaliser : c'est la contribution de la SF au réenchantement du monde.

Reste, comme toujours, à essayer de vérifier l'hypothèse – qui est que la France des années 50-90 a mal réagi à cette partie du projet de la SF pour lequel elle n'avait pas de catégorie positive (MF a rappelé à juste titre à quel point une telle perception peut vite basculer du côté de l'ésotérisme et des trucs barjos).

Je viens dans cette perspective de tomber sur quelque chose d'intéressant. Un article d'un philosophe, Wolfgang Sauré, à propos du peintre français Michel Henricot.
Je ne connaissais pas ce peintre. Voici la mini-bio que j'ai trouvée sur son site :
Michel Henricot est né en 1940 à Douai, d’un père d’origine italienne et d’une mère du Nord de la France. Ses parents viennent s’établir à Paris quand il a deux ans. Après des études rapides et distraites dans une pension de la région parisienne, il abandonne le lycée à quinze ans pour travailler comme graveur de musique dans une maison d’édition. Parallèlement, il étudie le piano et peint chaque soir après son travail. Il fréquente assidûment les musées, particulièrement celui de Gustave Moreau, dont les sombres splendeurs le fascinent, et aussi le Musée d’Histoire Naturelle, où il se rend chaque semaine afin de dessiner les magnifiques reptiles du Crétacé.

Ses premières admirations vont à la civilisation égyptienne et ses idoles momiformes, puis aux peintres de la Renaissance italienne, pour le vertige de leur perspective et leur fascinante virtuosité. Après un rapide intérêt pour les surréalistes, « la rencontre d’une machine à coudre et d’un parapluie sur une table d’opération » ne lui ayant pas semblé le comble de la félicité, il découvre l’oeuvre de Max Klinger et particulièrement la série Le Gant, qui déclenche chez lui tout un processus de création.

Il admire beaucoup Max Ernst, surtout l’époque des forêts pétrifiées, Leonor Fini, qu’il aura la chance de rencontrer plus tard, et aussi Richard Lindner, Fabrizio Clerici…

Il expose pour la première fois à l’âge de 21 ans, puis s’interrompt deux ans durant pour le service militaire en Algérie. Son colonel lui trouvant des dispositions pour la photo le nomme reporter, afin de faire les clichés de cadavres trouvés sur les terrains d’opérations… Il continue à peindre en Algérie, pratiquemment enfermé dans une chambre, afin de satisfaire la voracité picturale des officiers.

De retour à la vie civile, il abandonne définitivement tout autre travail pour se livrer entièrement à la peinture. Il rencontre alors Leonor Fini et Stanislao Lepri avec qui il travaillera de nombreux étés dans leur monastère de Corse.

Il partage sa vie entre la peinture et la musique, qui a pour lui autant d’importance, bien que n’étant pas créateur en ce domaine. Il se tient le plus possible à l’écart du monde. Son rêve est d’habiter une crypte…
Peut-être quelques-uns d'entre vous connaissent-ils son œuvre ? Pour les autres qui, comme moi, le découvrent, voici quel en est le ton :

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Ça semble assez familier, n'est-ce pas ?

Le papier de Sauré est intéressant. Il commence par ce petit cours d'histoire de l'art :
Dès lors que Gauguin eut découvert dans les créations exotiques des îles des mers du sud la valeur esthétique de l'art primitif, et que Picasso eut transposé dans ses tableaux et ses sculptures la démonie de l'art africain, les créateurs européens découvrirent les civilisations archaïques et les cultures des autres continents. On recherchera en dehors de ses propres traditions des couleurs, des formes et des motifs nouveaux, d'une forte expressivité.
Des peintres comme Max Kirchner, Max Ernst, Brauner, Masson ou Pechstein crurent découvrir dans l'archaïsme de civilisations étrangères l'unité mythique perdue entre l'homme et l'univers. Du point de vue de l'histoire de l'art, ce fut le début d'une nouvelle époque qui fit apparaître des formes picturales et des archétypes codés au travers desquels l'homme primitif s'assurait l'unité religieuse avec le monde et ses dieux. Nombreux furent ceux qui virent dans l'Egypte ancienne le modèle de cet univers du sacré et de l'esthétique, contraire de la modernité.
Les surréalistes en particulier, empreints d'une conception métaphysique du monde, considèrent ce pays des pyramides, avec les momies et le culte des morts, comme une « terre sainte ».
Il insiste ensuite sur l'expérience fondatrice du peintre : la contemplation d'une gravure d'un certain Max Klinger :
Henricot est très marqué par le peintre, graveur et sculpteur Max Klinger ( 1857 - 1920 ) qui associe à un dessin linéaire, classique, précis, des sujets de la peinture fantastique pour représenter l'absurde, le paradoxe de la beauté et de l'horreur du destin, la contradiction entre les désirs et les espoirs déçus. Henricot décrit lui-même l'impression profonde que lui a faite une gravure de Max Klinger : « Un jour, feuilletant négligemment une revue d'art allemande, je tombai sur la reproduction d'une estampe de Max Klinger intitulée 'Der Handschuh' (le gant). Encore aujourd'hui, je ne saurais dire pourquoi cette œuvre m'a si profondément impressionné. Elle montre un énorme oiseau, ou plus exactement un animal fossile mi-reptile, mi-oiseau, s'envolant par une fenêtre abîmée. Il tient dans son bec démesuré un gant. Par la fenêtre, à travers les vitres brisées, se tendent précipitamment deux bras qui tentent de le retenir. Au-dessous de l'oiseau, jusqu'à hauteur de la maison, serpente un buisson couvert de fleurs pâles figées dans une immobilité effroyable. Ce tableau est le premier que j'ai consciemment vu et ressenti au sens propre. Je le considère aujourd'hui encore avec une sorte de frisson sacré ! ».
Voici la gravure en question :

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Si Oncle n'a pas le cœur serré par cet hommage inconscient au professeur Challenger, je mange le gant. Mais "le cœur serré", ce n'est pas assez précis. Ce qui compte, c'est l'impression telle que l'a vécue Henricot et la façon dont il en parle : "frisson sacré".
Ou encore : Awe. Sense of wonder. Sidération cognitive. Comme vous voudrez. On est en terre de connaissance, de toute façon : "un dessin linéaire, classique, précis," appliqué à "des sujets de la peinture fantastique", voilà qui rappelle ce que j'avais suggéré à propos de Goya et Doré : le choc provoqué par le traitement réaliste de thèmes classiquement symboliques ou allégoriques. Fait significatif, Henricot souligne lui-même où passe la ligne de partage quand il précise : "un énorme oiseau, ou plus exactement un animal fossile mi-reptile, mi-oiseau". Ah… réification. On a l'impression de voir à l'œil nu comment la bestiola du Loch Ness est devenue un dinosaure. Mais passons.

Nous voilà donc avec un peintre dont l'expérience fondatrice est familière, qui a cru trouver dans les Surréalistes un cousinage avant de bifurquer vers quelque chose de différent, quelque chose qui ressemble beaucoup à la SF visuelle telle que nous la connaissons. Voici comment Sauré l'analyse (je souligne ce qui me semble important) :
Henricot ne transpose pas des idées en images, il transpose ses propres expériences, ses impressions et ses émotions. Sa peinture est individualiste et sans concession. Elle est le produit de longues années de travail, dans la solitude de l'atelier, à l'écart des modes, des écoles, des courants artistiques et des chapelles.??A notre réalité quotidienne, Henricot oppose l'artifice de ses personnages fantasmagoriques, produisant un effet d'étrangeté, de surprise et de choc. Il souligne délibérément l'aspect irréel et fantomatique de ses larves humaines translucides et exprime ainsi son opposition aux variétés de l'art d'avant-garde en même temps qu'aux visions bourgeoises conventionnelles de la bonne et de la mauvaise vie. Henricot exploite de façon tout aussi systématique l'expressivité immanente des formes géométriques.

Les crânes de ses mannequins rappellent les têtes sculptées de Brancusi avec leur forme de base en ellipse ; ils servent d'enveloppe à une pensée lointaine et cachée. La disposition scénique de ces marionnettes humaines qui se déplacent les unes vers les autres à quatre pattes, en rampant, en marchant ou en flottant, a quelque chose de solennel et de mystérieux ; elles évoquent un tourment caché qui suscite le malaise et le sentiment d'étrangeté. Elles vivent dans un univers fermé sur lui-même, selon des lois qui leur sont propres ou reposent sans mouvement, dans une somnolence éternelle, dans des cercueils ou des sortes de baignoires en forme de sarcophages. Elles sont prisonnières de courroies, subissent des irradiations ou végètent, poursuivant une existence insondable dans un domaine intermédiaire entre la vie et la mort. Henricot associe dans son œuvre l'expression de l'étrangeté, de l'excentricité et du paradoxe aux formes de l'harmonie et du calme classiques. Et c'est précisément à cause de cette réunion d'aspects contradictoires que nous pouvons le considérer comme un des rares maniéristes du monde de l'art actuel. L'une des caractéristiques du maniérisme est la réunion de l'inconciliable, la Discordia concors, l'association de caractères esthétiques opposés. Comme chacun sait, Giorgio Vasari (1511-1574) qualifiait de maniera l'expression artistique tardive de Michel-Ange, parce qu'elle s'écartait de l'harmonie classique. Emanuele Tesauro, théoricien du maniérisme, enseignait en 1656, qu'il n'était de véritable artiste que celui qui « associait entre eux les éléments les plus éloignés ». Le principe artistique de Henricot consiste de la même manière à unir dans une métaphore picturale des éléments hétéroclites et étrangers. ??La meraviglia ( l'étrange ), l'étonnant, le merveilleux fait partie des désirs les plus élémentaires des peintres maniéristes. Nous nous contenterons d'évoquer ici Giuseppe Arcimboldo (1527-1593), peintre de la cour de Rodophe II à Prague, avec ses portraits de fruits et de légumes. Ou Hieronymus Bosch (1450-1516) et sa démonologie fantastique, ou encore Pieper Brueghels (1564-1638) et ses visions de la damnation et de l'enfer. On peut penser aussi à Venise obscure et dramatique du Tintoret, ou à l'extase religieuse du Greco avec ses personnages pâles, étirés en longueur. Vasari reprochait aux Toscans ( Becafumi, Bronzino, Pontormo et Rosso ) de peindre tous « alla maniera di Michelangelo ». ?
On retrouve aussi chez Henricot, dans ses peintures de torses masculins, quelque chose de cette facture sensuelle, à la Michel-Ange. Il modèle les corps comme un sculpteur selon l'anatomie classique et les plonge ( le plus souvent sous forme de fragments ) dans une lumière crépusculaire opalescente qui leur donne un reflet nacré. Ses portraits cadavériques et lointains, têtes, crânes ou visages, portent des titres signifiants comme « Hypnos » ou « Thanatos ». Henricot les peint avec une somptuosité inquiétante, dans une matière colorée sombre, ardente - ce sont les reflets picturaux d'une existence fragile entre l'éveil et la disparition. Federico Zuccari (1542-1609), énonçant la théorie du maniérisme, recommandait aux peintres de la Renaissance tardive de ne représenter que des figures de leur imagination, donnant à l'artifice la priorité sur tout naturel. En ce sens, les têtes stéréotypées des personnages de Michel Henricot deviennent elles aussi des symboles paradigmatiques de l'esprit, les corps représentent métaphoriquement la dématérialisation et la sublimation. C'est la provocation de Michel Henricot à l'adresse de la conscience anti-métaphysique du rationalisme moderne, et il pose à nouveau la question apparemment anachronique du sens de la mort, de l'immortalité et de l'art.
Une œuvre née devant des gravures mi-fantastiques, mi-scientifiques, influencée par les surréalistes, visant "la merveille, l'étonnement" par "l'union de l'inconciliable" : voilà un discours qui me paraît d'autant plus transposable à toute une partie de la SF que l'œuvre en question en semble l'expression visuelle.
Je trouve ça intéressant. Car si une telle œuvre est perçue par un philosophe comme doublement opposée "aux variétés de l'art d'avant-garde en même temps qu'aux visions bourgeoises conventionnelles" (c'est à dire située nulle part en termes esthétiques) ; si d'autre part elle est perçue comme "provocation à la conscience anti-métaphysique du rationalisme moderne" et si les questions qu'elle soulève (le sens de la mort et de l'immortalité, en particulier) sont réputées "anachroniques" – alors l'hypothèse prend corps.

Edité : le premier tableau posté plus haut semble d'ailleurs avoir été utilisé par l'édition US d'un roman ou recueil de Zelazny, d'après ce site.
Modifié en dernier par Lem le lun. mars 01, 2010 6:59 am, modifié 5 fois.

Lem

Message par Lem » lun. mars 01, 2010 6:01 am

… Et pour en revenir au vif du débat ces derniers jours, je trouve un blog consacré à la SF que j'ignorais et qui dit beaucoup de choses très intéressantes. A vrai dire, tout y est, y compris la citation inaugurale de Nietzsche extraite d'Humain trop humain (et pourtant, je ne suis pas l'auteur).
Car là est le carrefour paradoxal : l'homme imparfait, incapable de répondre entièrement aux ambitions démesurées qu'il s'est fixé, crée une machine pour le prolonger, pour le rendre parfait, mais, ce faisant, il lui injecte ses propres attributs, il le calque sur lui-même en gommant certains de ses défauts et en accentuant certaines qualités. Mais peut-on rendre quelque chose de parfait si on le fait hériter de soi-même, être imparfait ?

On voit bien que c'est un rapport métaphysique qui s'insinue entre ce sujet, l'homme, et ce qui semble être l'objet, le robot. Un flux entre deux matières opposées, entre le vivant et l'inerte, le souffle organique instillé dans la matière métallique inanimée. Un rêve, on ne peut plus démiurgique bien sûr, alchimique pour le moins ! L'homme assis sur le trône divin donne vie à la matière, le fantasme n'est pas nouveau : le dieu chrétien façonne l'homme à même la terre glaise, le rabin donne vie au Golem en inscrivant EMETH (vérité en hébreu) sur son front, Frankenstein insuffle l'étincelle de vie à sa créature, Geppetto taille un morceau de bois qui s'anime pour devenir Pinocchio, etc.
(…)
Jean-François Lyotard [1] avance que notre obsession, notre fascination pour les voyages intergalactiques, notre désir de nous transposer ailleurs, de tout refaire depuis le début (le fantasme de la seconde chance en quelque sorte) serait en relation directe avec la disparition programmée de notre espèce. Les hommes savent, inconsciemment ou non, que, quoiqu'il advienne, l'humanité est absolument éphémère et vouée à disparaître. Tôt ou tard. Au mieux, notre soleil a encore entre 5 et 7 milliards d'années à vivre et finira par s'éteindre, inexorablement, nous entraînant dans sa mort. Cette lubie de l'expatriation planétaire serait donc intrinsèquement liée à notre instinct de survie (argument que l'on peut bien sûr réfuter quand on observe le peu d'intérêt que suscite réellement la préservation de notre écosystème). Les robots dans ce cadre là ont tout à fait leur place. Si nous-mêmes, pour des raisons physiques, économiques ou autres, nous ne pouvons pas migrer corporellement vers d'autres lieux alors nous enverrions nos copies mécaniques immortelles, capables de nous représenter dans notre humanité, dont la mission serait le témoignage culturel et intellectuel de notre existence, la preuve historique de notre place dans l'histoire cosmique.
(…)
Quoiqu'on en dise et qu'on voudrait nous faire croire, la problématique concernant les robots n'est pas restreinte aux seuls champs technologiques et scientifiques. La promiscuité et la relation que nous entretenons et continuerons de tisser à l'avenir avec les robots posent également d'autres questions (abordées finalement par la science fiction avant tout le monde) d'ordre éthique, eschatologique, anthropologique, psychologique, social. Il serait parfaitement irraisonné de les occulter car répondre à ces questions revient à fixer et à définir les limites, les rôles et les relations entre le créateur et sa création.
Texte intégral àl lire ici

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Lensman
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Message par Lensman » lun. mars 01, 2010 9:07 am

Lem a écrit :
bormandg a écrit :Ta preuve est certainement beaucoup plus rhétorique que valide, parce que
1 tu ne peux trouver de référence métaphysique en SF que en lui enlevant( toute sa méta-ité puisque la n'accepte un sujet autrefois métaphysique qu'après l'avoir rendu physique
C'est aussi l'argument de Joseph : un dieu extraterrestre n'est pas un dieu ; c'est juste un extraterrestre. C'est ce débat qui se poursuit sur la question la continuité des concepts : immortalité, etc.
Je maintiens de mon côté mon analyse : un dieu extraterrestre, c'est… un dieu extraterrestre. Les deux termes sont importants. Surtout si l'extraterrestre se manifeste sous des formes relevant classiquement du divin. Et je rappelle que j'ai posté il y a quelques jours un papier de Jean-Guy Nadeau de la Faculté de théologie de Montréal (un bon connaisseur de la question, donc), qui semble partager cet avis puisque sa conclusion pose, de manière interrogative, la possibilité de considérer la SF comme une littérature religieuse. Il y a longtemps, j'avais aussi signalé cet autre article de Dominique Doucet (faculté de théologie d'Angers illustrant également le caractère non-problématique (en tout cas non absurde) d'une continuité conceptuelle possible.
Bref, la réification des concepts MR par la science-fiction ne les prive aucunement de leur "méta-ité" pour reprendre ton cool néologisme. L'apparition de Cthulhu est apocalyptique et entraîne la folie de ses contemplateurs ; la résurrection de Gosseyn sur Vénus ébahit ; le caractère incompréhensible de Solaris et d'Ubik est canonique ; l'issue ultime que représente la Perte en Ruaba est classiquement disjonctive. Ce n'est pas parce que ces êtres, ces entités, ces objets sont potentiellement rationalisables qu'ils n'excèdent pas l'humain, avec tout ce que cela implique sur le plan cognitif. Je pense même profondément que c'est le contraire : c'est parce qu'ils conservent ce caractère qu'il est intéressant de les rationaliser : c'est la contribution de la SF au réenchantement du monde.
C'est plutôt souvent l'inverse: la SF supprime la notion même d'enchantement du monde. Tout ce qui arrive dans le monde EST le monde, est naturel, et l'homme n'est là que comme un élément modeste, à la compréhension relative et limitée. Que l'on ne comprenne pas tout, ça peut être bien embêtant, même inquiétant, voire terrifiant, mais c'est à prendre ou à laisser. La leçon est souvent qu'il faut se méfier autant de l'émerveillement que de l'épouvantement créé par tel ou tel phénomène: le phénomène en question n'a aucune raison particulière d'entretenir une relation décryptable avec l'humain.
Cela dit, on n'aura pas de mal à trouver des textes de SF qui vont dans ton sens, pas plus que l'on aura de mal à trouver des textes de SF qui fonctionnent différemment, s'occupant davantage de l'homme lui-même que de son rapport au monde (par exemple dans le domaine sociologique, de la prospective, etc…).

D'ailleurs, on peut trouver dans cet aspect de la SF une des raisons de la méfiance, voire de la répulsion qu'elle provoque de la part de beaucoup d'esprits: la SF non seulement n'est pas rassurante, mais encore elle dit (souvent) que la notion de "rassurant", de rapport apaisé et harmonieux au monde, ne veut simplement rien dire. Exit la consolation de la religion, exit la belle harmonie universelle. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes, et ce n'est pas gagné. Ce qui n'empêche pas le paysage de mériter le coup d'œil, et le voyage de valoir le déplacement!

Enfin, tout ceci est dit, on se le rappelle, sous forme de fiction, de manière ludique, destinée à distraire…

Oncle Joe

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Message par Lensman » lun. mars 01, 2010 9:23 am

Lem a écrit : Si Oncle n'a pas le cœur serré par cet hommage inconscient au professeur Challenger, je mange le gant. Mais "le cœur serré", ce n'est pas assez précis. Ce qui compte, c'est l'impression telle que l'a vécue Henricot et la façon dont il en parle : "frisson sacré".
Ou encore : Awe. Sense of wonder. Sidération cognitive. Comme vous voudrez. On est en terre de connaissance, de toute façon : "un dessin linéaire, classique, précis," appliqué à "des sujets de la peinture fantastique", voilà qui rappelle ce que j'avais suggéré à propos de Goya et Doré : le choc provoqué par le traitement réaliste de thèmes classiquement symboliques ou allégoriques. Fait significatif, Henricot souligne lui-même où passe la ligne de partage quand il précise : "un énorme oiseau, ou plus exactement un animal fossile mi-reptile, mi-oiseau". Ah… réification. On a l'impression de voir à l'œil nu comment la bestiola du Loch Ness est devenue un dinosaure. Mais passons.
Et non, il ne faut pas passer… C'est justement là où un chercheur comme Michel Meurger montre comment les iimages de ces légendes se fabriquent à partir de notre fond culturel, et de son caractère mouvant et évolutif. Pas réification, mais invention, à partir du fond culturel, plus ou moins compris et conscient, que nous possédons. Et le "frisson sacré" des uns est l'amusement, ou l'indifférence des autres.
Oncle Joe

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Erion
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Message par Erion » lun. mars 01, 2010 9:32 am

Lensman a écrit : C'est plutôt souvent l'inverse: la SF supprime la notion même d'enchantement du monde. Tout ce qui arrive dans le monde EST le monde, est naturel, et l'homme n'est là que comme un élément modeste, à la compréhension relative et limitée. Que l'on ne comprenne pas tout, ça peut être bien embêtant, même inquiétant, voire terrifiant, mais c'est à prendre ou à laisser. La leçon est souvent qu'il faut se méfier autant de l'émerveillement que de l'épouvantement créé par tel ou tel phénomène: le phénomène en question n'a aucune raison particulière d'entretenir une relation décryptable avec l'humain.
D'ailleurs, dans l'extrait de l'article sur judaïsme et SF, que Lem a zappé, l'un des arguments pour effectuer un rapprochement, c'est que le judaïsme partage avec la SF l'absence d'un "autre monde". Il n'y a qu'un seul monde, le nôtre. Contrairement au catholicisme.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

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Message par Lensman » lun. mars 01, 2010 9:39 am

"Réenchantement du monde"… Lem, c'est le type d'expression qui demanderait une explicitation plus poussée (pour les lecteurs du fil…)
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » lun. mars 01, 2010 10:55 am

Lensman a écrit :C'est plutôt souvent l'inverse: la SF supprime la notion même d'enchantement du monde.
Quelle étrange affirmation.
"L'enchantement" n'est pas une donnée objective – une chose qu'on pourrait observer au microscope. C'est une expérience subjective.
Qu'on fasse remonter la SF moderne au merveilleux-scientifique de Renard ou à la première génération de pulps – Amazing, Astournding, Wonder, Miracle, Marvel, etc – c'est bien cette expérience qui est promise.
Ré-enchanter le monde, ce n'est pas restaurer un surnaturel "à l'ancienne" ; c'est discerner dans l'univers scientifiquement plausible (éventuellement projeté dans le futur) tous les "au-delà", les "autres mondes", les entités god-like et les surhommes immortels dont l'esprit a besoin pour s'émerveiller.
C'est justement là où un chercheur comme Michel Meurger montre comment les iimages de ces légendes se fabriquent à partir de notre fond culturel, et de son caractère mouvant et évolutif. Pas réification, mais invention, à partir du fond culturel, plus ou moins compris et conscient, que nous possédons.
Je n'ai pas relu Michel depuis plusieurs années mais si je me souviens bien, le noyau de son argumentation est (dans le cas du Loch Ness comme celui du dragon danois ou norvégien – le Lindorm, non ?) : a. il y a une tradition préexistante, classique – légendaire ou mythique ; b. cette tradition est menacée par la scientificisation des savoirs (ici, je tente un retour au lexique ci-dessus : risque de désenchantement) ; c. la menace est conjurée, c'est à dire que la légende est sauvée par insertion dans une catégorie scientifique qui la rend, au moins formellement, compatible avec le monde moderne – dans ces deux cas, la catégorie des dinosaures récemment popularisée (réenchantement). D'où la requalification de la bestiola en saurien survivant.
C'est le rôle décisif de l'imaginaire scientifique et il n'opère pas (seulement, toujours) ex nihilo.

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Message par Roland C. Wagner » lun. mars 01, 2010 11:06 am

Lem a écrit :"L'enchantement" n'est pas une donnée objective – une chose qu'on pourrait observer au microscope. C'est une expérience subjective.
Donc, tu admets qu'on puisse ne pas la partager ?
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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Message par MF » lun. mars 01, 2010 11:10 am

Lem a écrit :
Lensman a écrit :C'est plutôt souvent l'inverse: la SF supprime la notion même d'enchantement du monde.
Quelle étrange affirmation.
"L'enchantement" n'est pas une donnée objective – une chose qu'on pourrait observer au microscope. C'est une expérience subjective.
Qu'on fasse remonter la SF moderne au merveilleux-scientifique de Renard ou à la première génération de pulps – Amazing, Astournding, Wonder, Miracle, Marvel, etc – c'est bien cette expérience qui est promise.
Ne confondrais tu pas l'enchantement du monde et l'enchantement du lecteur ?
La promesse est faite au lecteur, et je ne suis pas certain que la promesse soit celle d'un enchantement.
Bien plus d'un dépaysement ?
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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silramil
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Message par silramil » lun. mars 01, 2010 11:12 am

Lem a écrit :[
Je maintiens de mon côté mon analyse : un dieu extraterrestre, c'est… un dieu extraterrestre. Les deux termes sont importants. Surtout si l'extraterrestre se manifeste sous des formes relevant classiquement du divin.
Je souscris en partie.

Le concept de dieu peut être très relatif : il ne faut pas se laisser abuser par les excès de certaines religions monothéistes. Un dieu, au départ, n'a rien de transcendant, il fait partie du monde réel, et on ne lui doit de respect que dans le cadre d'un contrat.
Donc, le fait qu'un dieu soit rationnalisable n'est pas forcément incompatible avec le fait qu'il s'agit d'un dieu. D'ailleurs, dans la fantasy, il n'y a pas de conflit - les dieux sont des êtres du monde.
Il y a néanmoins un petit paradoxe à supposer rationnalisable un dieu, qui est que le dieu est un être surnaturel, magique, inexplicable à partir de seules données humaines. Même dans le cas des dieux faisant partie du monde, c'est un problème de situation par rapport à l'homme : le divin, c'est ce qui excède pour l'éternité la compréhension humaine.

Le paradoxe est amplifié lorsque, comme dans le cas du dieu extraterrestre, le divin n'est pas seulement rationnalisable, mais en cours de rationnalisation. Quand, de plus, vu qu'on est dans de la SF, le processus de rationnalisation est susceptible d'être complété : un jour, les humains seront capables de tout comprendre du dieu en question.
Cela implique que le dieu extraterrestre n'est dieu que de manière transitoire, du fait d'une sorte de malentendu. Sa divinité est un effet de réception, de perception, non d'une nature quelconque.

C'est donc de cet effet de perception que tu parles ensuite, quand tu écris :
Bref, la réification des concepts MR par la science-fiction ne les prive aucunement de leur "méta-ité" pour reprendre ton cool néologisme. L'apparition de Cthulhu est apocalyptique et entraîne la folie de ses contemplateurs ; la résurrection de Gosseyn sur Vénus ébahit ; le caractère incompréhensible de Solaris et d'Ubik est canonique ; l'issue ultime que représente la Perte en Ruaba est classiquement disjonctive. Ce n'est pas parce que ces êtres, ces entités, ces objets sont potentiellement rationalisables qu'ils n'excèdent pas l'humain, avec tout ce que cela implique sur le plan cognitif. Je pense même profondément que c'est le contraire : c'est parce qu'ils conservent ce caractère qu'il est intéressant de les rationaliser : c'est la contribution de la SF au réenchantement du monde.
ça me paraît cohérent et défendable
sauf que tu ne décris qu'un aspect.
On est ébahi quand Gosseyn renaît. Mais on s'en remet.
Solaris et Ubik sont des textes atypiques, qui refusent délibérément une résolution donnée la plupart du temps en SF. Et personnellement, je n'ai guère été impressionné par l'impression d'excès donné par Solaris. Ce n'est que par manque de moyens techniques et financiers que les savants de Lem n'aboutissent à rien.

Ainsi, j'accepte volontiers que le sense of wonder soit apparenté à un sens du divin, et que par un effet de réception il n'y ait pas beaucoup de différence entre un dieu extraterrestre et un dieu de panthéon.
Mais les objets divins ne conservent pas ce caractère longtemps dans la SF : ils sont vite chassés de leur piédestal. Tout en restant cools.

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MF
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Message par MF » lun. mars 01, 2010 11:16 am

silramil a écrit :
Lem a écrit :Je maintiens de mon côté mon analyse : un dieu extraterrestre, c'est… un dieu extraterrestre. Les deux termes sont importants. Surtout si l'extraterrestre se manifeste sous des formes relevant classiquement du divin.
Je souscris en partie.

Le concept de dieu peut être très relatif : il ne faut pas se laisser abuser par les excès de certaines religions monothéistes. Un dieu, au départ, n'a rien de transcendant, il fait partie du monde réel, et on ne lui doit de respect que dans le cadre d'un contrat.
Donc, le fait qu'un dieu soit rationnalisable n'est pas forcément incompatible avec le fait qu'il s'agit d'un dieu. D'ailleurs, dans la fantasy, il n'y a pas de conflit - les dieux sont des êtres du monde.
Excusez moi, mais c'est quoi un dieu qui N'EST PAS extraterrestre ?
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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marypop
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Message par marypop » lun. mars 01, 2010 11:17 am

MF a écrit :
silramil a écrit :
Lem a écrit :Je maintiens de mon côté mon analyse : un dieu extraterrestre, c'est… un dieu extraterrestre. Les deux termes sont importants. Surtout si l'extraterrestre se manifeste sous des formes relevant classiquement du divin.
Je souscris en partie.

Le concept de dieu peut être très relatif : il ne faut pas se laisser abuser par les excès de certaines religions monothéistes. Un dieu, au départ, n'a rien de transcendant, il fait partie du monde réel, et on ne lui doit de respect que dans le cadre d'un contrat.
Donc, le fait qu'un dieu soit rationnalisable n'est pas forcément incompatible avec le fait qu'il s'agit d'un dieu. D'ailleurs, dans la fantasy, il n'y a pas de conflit - les dieux sont des êtres du monde.
Excusez moi, mais c'est quoi un dieu qui N'EST PAS extraterrestre ?
Les dieux de l'antiquité ?
si on commence à mélanger sf archaïque et proto-sf, personne ne s'y retrouvera plus.
Dieu.

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Erion
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Message par Erion » lun. mars 01, 2010 11:20 am

Hm, "Réenchantement du monde". Décidément, vous voulez vraiment faire intervenir Michel Maffesoli dans ce débat.

http://lodel.irevues.inist.fr/cahiersps ... php?id=845
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

Lem

Message par Lem » lun. mars 01, 2010 11:22 am

Roland C. Wagner a écrit :Donc, tu admets qu'on puisse ne pas la partager ?
Allons… On peut me reprocher bien des choses mais certainement pas de vouloir obliger qui que ce soit à quoi que ce soit. Des tas de gens sont insensibles à la SF. Pas parce qu'ils se trompent ; parce qu'ils n'aiment pas ça, en connaissance de cause ou à peu près et personne ne va les forcer à lire en leur mettant en flingue sur la tempe.
D'autre part, j'ai dit plusieurs fois qu'à partir du moment où l'analyse impliquait une expérience subjective, je n'avais d'autre choix que de mettre sur la table la mienne – charge à ceux qui y reconnaissaient tout ou partie de leur propre expérience de dire dans quelle mesure on peut généraliser.
Ceci étant dit et ces précautions prises, j'ai le droit d'aller chercher dans l'histoire du genre des expériences dans lesquelles, moi aussi, je reconnais tout ou partie de la mienne – par exemple celles des premiers fans des années 30. Ou, pour prendre l'exemple du jour, celle d'Henricot devant la gravure de Klinger. J'ai le droit de dire : dans cette expérience, le sense of wonder, il y a un élément constitutif de la SF telle que je l'entends.
Mais on peut évidemment ne pas être d'accord. On peut dire : je n'éprouve pas ça Rien ne me gêne.

A part ça, je crois qu'il faut absolument lire ce texte.

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silramil
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Message par silramil » lun. mars 01, 2010 11:27 am

marypop a écrit :
MF a écrit :
silramil a écrit :
Lem a écrit :Je maintiens de mon côté mon analyse : un dieu extraterrestre, c'est… un dieu extraterrestre. Les deux termes sont importants. Surtout si l'extraterrestre se manifeste sous des formes relevant classiquement du divin.
Je souscris en partie.

Le concept de dieu peut être très relatif : il ne faut pas se laisser abuser par les excès de certaines religions monothéistes. Un dieu, au départ, n'a rien de transcendant, il fait partie du monde réel, et on ne lui doit de respect que dans le cadre d'un contrat.
Donc, le fait qu'un dieu soit rationnalisable n'est pas forcément incompatible avec le fait qu'il s'agit d'un dieu. D'ailleurs, dans la fantasy, il n'y a pas de conflit - les dieux sont des êtres du monde.
Excusez moi, mais c'est quoi un dieu qui N'EST PAS extraterrestre ?

Les dieux de l'antiquité ?
indeed.

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