Lensman a écrit :Le son plus "naturel" ?
Je ne sais pas trop ce que ça veut dire. Il y a le son au concert, c'est une chose (et j'en fréquente, des concerts). Et il y a les enregistrements. Un autre monde, sans grand rapport, si ce n'est que le concert peu évoquer un enregistrement, ou que l'enregistrement peut évoquer un concert. Notre beau cerveau reconstitue, en faisant appel à beaucoup d'autres éléments que le "son".
(Je rappelle que je ne parle ici que de musique "classique", la seule que je connais un peu. Pour l'électro-acoustico et tous ces machins, c'est tout à fait autre chose...)
Oncle Joe
Plus naturel, ça veut dire que pendant les cinq à dix premières années des CD, les puristes mélomanes amateurs de musique classique leur reprochaient non sans raison un son "électronique", sec et criard dans l'aigu qui ne se manifestait pas avec les galettes analogiques pourvu que celle-ci soient très bien pressées et quasi neuves.
Ce n'est plus vrai depuis des années voire plutôt des décennies.
Sur la différence entre enregistrement et concert, elle est évidente sur les grandes formations et même avec les CD qui conservent à peu près la dynamique (ce qui pose d'autres problèmes), écrasée sur les disques noirs: un disque vinyle peut avoir au grand maximum 30 db de dynamique; un CD jusqu'à 60 db et un SACD, il n'y a pas de limite. Mais une chaîne d'appartement même excellente et puissante dans une salle avec de bonnes caractéristiques acoustiques, ce qui est le plus difficile à obtenir, ne peut pas rivaliser en puissance avec un grand orchestre. Cela dit, ce n'est pas si important.
Sue les petites formations (pianiste seul, trio, quatuor, voix (le plus difficile)) c'est beaucoup moins évident. La reproduction peut être quasiment parfaite: un des grands sports de certains fabricants d'enceintes (Cabasse en particulier si je me souviens bien) était de faire jouer derrière un rideau tantôt une petite formation tantôt un enregistrement (généralement sur bande master à l'époque) et de demander à un public de professionnels du son et de la musique de décider ce qui jouait.
Je ne me souviens pas d'avoir jamais vu personne capable de faire réellement et de façon constante la différence.
Karajan, je crois, a dit quelque part qu'il préférait entendre quelques uns de ses propres enregistrements à ce qu'il avait entendu au moment des prises. Mais c'était un fou technophile. Et peut-être que le chef d'orchestre est mal placé.
Il existe bien une discipline qui s'appelle la psychoacoustique et qui essaie de comprendre comment le cerveau interprète les sons. Il y a des choses extrêmement bizarres. De très bons spécialistes, devenus presque sourds avec l'âge, demeurent capables d'indiquer ce qui ne va pas dans une chaîne alors qu'ils ne perçoivent plus, en principe, les fréquences responsables. Sans aller jusque là et bien que je n'entende presque plus rien au dessus de 3khz, je peux très bien faire la différence entre des enceintes voire des systèmes complets.
Cette discipline a du reste d'autres applications, comme le claquement d'une porte de voiture ou le réglage du bruit ambiant d'un lieu public, gare ou aérogare.
Pour revenir au disque noir, sans épuiser le sujet, outre une dynamique défaillante, un bruit de fond très important et une usure rapide qui l'augmente, il souffre d'une très mauvaise séparation des canaux en stéréophonie (diaphonie) qui rend assez imprécise la spatialisation des instruments. Aux débuts de la stéréo, les ingénieurs du son ont essayé d'y remédier en exagérant la différence entre les canaux. C'est parfois assez comique: on a soit l'impression de deux orchestres jouant simultanément soit celle d'un piano de dix mètres de large.
J'ai même connu des gens qui considéraient que le passage du 78 tours au 33 1/3 avait été une catastrophe avec perte des aigus. Techniquement, ils n'avaient pas tort mais…
Au fond, rien ne vaut un bon vieux cylindre.
Mon immortalité est provisoire.