marc a écrit :Gilles dit qu'il a un taux de retour à 38%. C'est là le problème. DLE ne sait pas faire que des rééditions ou avoir la chance de tomber sur des livres du niveau de Spin. Même si c'était le cas, les lecteurs auraient aussi envie de lire des trucs moins sérieux ou plus épiques.
Dans les librairies, à prix égale pour un livre, je constate que les lecteurs sont plus souvent attirés par la concurrence (Mnémos, Belial, L'Atalante, Bragelonne, Moutons électriques, Laffont, etc.). C'est d'abord la couverture qui accroche. DLE reste trop sobre (même si ça colle tout à fait avec le sujet du livre). C'est pas chatoyant, c'est souvent sinistre (même si on fait appel à l'excellent Manchu). Et puis il y a la collection, plus souvent réservée à des aficionados du genre qu'à des lecteurs qui veulent gouter à l'imaginaire. Il manque une veine "grand public" chez DLE et surtout une ouverture vers la production francophone. J'entends souvent des lecteurs dirent que le côté aventure épique manque dans la collection. Je ne me mets pas dans le lot car les derniers DLE que j'ai achetés sont "Stalker" et "A travers temps".
Je sais, c'est plus facile à dire qu'à faire. Mais il faudra bien que DLE change légèrement de cap pour rester concurrentiel. Par contre les rééditions restent le points fort de DLE.
Oui, mais non...
Ce qui m'intéresse c'est de publier Robert Charles Wilson, Christopher Priest, Kelly Link, Hal Duncan... pas du "chatoyant".
Ce qui m'intéresse (en tant qu'éditeur) c'est la littérature (en SF), pas le divertissement (quand j'achète
Sandman Slim, je l'achète avant tout à cause du style coup de poing cradingue de Kadrey qui me laisse sur le cul), ou alors des trucs qui ont un lien avec l'histoire de la maison Denoël, comme
Dilvish le damné de Roger Zelazny qui arrivera en début d'année prochaine.
Si demain, il n'y a plus assez de lecteurs pour financer ça (je ne fais appel à aucun type de subventions), je ne vais pas changer (radicalement) la collection, mon patron l'arrêtera. C'est pas plus compliqué que ça. Je ne sais pas vendre de bouquins de divertissement, c'est pas faute d'avoir essayé, je ne sais pas faire.
Quand aux francophones, j'en ai signé beaucoup ces deux dernières années, non seulement je n'ai pas l'intention d'arrêter (je suis sur le point de signer un nouveau roman arrivé par la poste, qui "m'enthousiasme grave" comme dirait David Calvo et j'en ai exhumé un de plus des 400 manuscrits reçus depuis le début d'année qui serait très bien en jeunesse chez Gallimard).
Le test 2010-2011 va être très simple, c'est
Le Fleuve des dieux, si on n'en vend pas 3000 en grand format (en attendant au moins 6000 en poche), ça veut dire qu'il n'y a plus assez de public en France pour financer la traduction d'un gros livre de vraie SF qui contrairement à Spin, ne s'adresse qu'aux seuls lecteurs de SF.
Je l'ai déjà dit ailleurs, si ça devait s'arrêter, j'irai faire de la small press ou ouvrir un hotel-restaurant ou travailler dans le ciné, etc. Je vis avec cette idée depuis septembre 2008, je commence à y être habitué. On sent bien que les maisons généralistes n'ont pas la culture qui leur permet de faire de la SF aujourd'hui dans de bonnes conditions ; il faut être spécialisé pour survivre voire prospérer.
GD