Polémique autour des frères Bogdanov

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Florent
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Message par Florent » lun. sept. 06, 2010 8:38 pm

Lensman a écrit :
Florent a écrit :
Comme quoi tout est question de point de vue, car j'ai plutôt l'impression, et je le dis sans ironie, que depuis la mort annoncée de Dieu par Nietzsche, c'est plutôt l'inverse. Le nihilisme règne, en tout cas dans le monde occidental, et les croyants sont souvent considérés comme des naïfs ayant besoin de croire en de belles histoires pour supporter la dureté de la vie.

Ce qui va peut-être me permettre d'amener un début de réponse à ta question, pourquoi mêler Dieu et la science. Et bien peut-être que des croyants veulent utiliser l'arme utilisée par les non-croyants pour démolir leurs croyances, à savoir la science. Je m'explique : on a utilisé la science comme icône absolue de la rationalité, du cartésianisme, et les croyants ont peut-être voulu retourner l'attaque en utilisant la même arme et que, si la science peut être utilisée pour démontrer la non-existence de Dieu, eux pouvaient l'utiliser pour démontrer l'existence de Dieu.
L'immense majorité de l'humanité n'a jamais entendu parler de Nietzsche, et la poignée de gens qui s'y intéressent disent à peu près tout et son contraire à ce sujet...
Non, vraiment, je suis frappé par le peu de personnes qui sont non croyantes au sens où je l'entends, c'est-à-dire qui ne ressentent pas consciemment (je ne vais pas parler de l'inconscient, qu'il existe ou non...) l'envie qu'il existe "Quelque Chose" au-dessus, qui fasse par exemple que l'on ne meure pas "vraiment" quand le corps est mort, que notre "esprit" ou notre "âme" survive d'un certaine manière, qu'il existe une sorte d'"ordre supérieur", etc.
Ce n'est pas le fait que telle ou telle religion voit son aspect rituel moins pratiqué ou en perte de vitesse qui change quoi que ce soit à ce ressenti très répandu. Le matérialisme est, par contre, peu répandu (ne pas se fier à certains qui prétendent l'être, mais dont la "non foi", si j'ose dire, est des plus fragiles).
Oncle Joe
Peu importe, les gens n'ont pas arrêté de croire en Dieu parce que Nietzsche l'a dit, au contraire : c'est un constat qu'a fait Nietzsche à un moment donné. De moins en moins de gens croient en Dieu, et par conséquent Dieu est mort.

C'est donc un point de non-retour incarné par la célèbre phrase de Nietzsche à partir duquel la religion chrétienne, et donc l'Eglise, perd peu à peu de son pouvoir en Occident. Donc je reviens sur tes propos :

On a l'impression, souvent, que l'on est toujours dans un monde dans lequel l'idée que l'on puisse ne pas croire en quelque chose de Transcendant, d'Autre, de Religieux, de Supérieur, de Surnaturel (on l'appelle comme on veut) est impossible à admettre; comme si cet état devait être un état naturel partagé par tous, et que, quelque part, ceux qui ne le ressentent pas seraient des sortes d'"anomalies" dans l'Ordre du Monde, ou plutôt, plus justement, des "égarés" ou des "handicapés" qu'il faudrait absolument, pour leur bien (et aussi parce que ça fait tâche au milieu d'une conviction qui devrait être universelle) amener à ressentir le "réenchantement" du monde...
C'est assez pénible.


Cela était peut-être vrai au 19ème siècle, mais depuis ce fameux point de non-retour, c'est le processus inverse qui s'opère (toujours en Occident). La norme n'est plus d'être chrétien mais athée, et on se fout joyeusement de la gueule des chrétiens. J'ai rarement vu un croyant traiter un athée avec condescendance ou mépris, j'ai souvent vu l'inverse. C'est quasiment devenu une mode, un jeu, on dégomme les chrétiens à tout va, et ils tendent l'autre joue.

Franchement, s'ériger contre la toute-puissance des chrétiens en France, ou contre le prosélytisme chrétien dont nous serions victimes, c'est du Cervantes. Ton discours correspond à des Etats où, en effet, on est obligé d'être croyant, mais je ne crois pas qu'ils se trouvent en Occident, au risque de faire bifurquer le sujet.

Mais chez nous, niveau prosélytisme, au pire, je me suis déjà fait accoster par 2 mormons américains en costard dans la rue. On a discuté, ils m'ont donné une carte avec un joli Jésus en m'invitant à une de leur réunion, et puis basta ! Je ne leur ai pas collé mon poing sur la gueule... Personne ne m'a collé un flingue sur la tempe pour croire en Dieu.
Modifié en dernier par Florent le lun. sept. 06, 2010 8:40 pm, modifié 2 fois.

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Lensman
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Message par Lensman » lun. sept. 06, 2010 8:39 pm

bormandg a écrit :
Lensman a écrit :On peut même se dire que les gens qui reçoivent réellement une révélation ne passent pas leur temps à casser les pieds à leur entourage. L'exhibitionnisme, dans ce domaine, me paraît hors de propos.
Oncle Joe
Là, tu omets le caractère prosélyte de certaines révélations. Si Gabrielle* vient te dire "Voila ce que tu dois faire savoir", l'exhibitionnisme est imposé par la révélation, non?
* Comme l'a révélé le RP Michael A Greeley dans Angel fire, les anges forment une espèce bisexuée.
Attention, ça, c'est après la révélation. Le choc a peut-être été un peu fort, l'esprit de l'"illuminé" a un peu grillé, ce qui peut se comprendre. Recevoir une révélation, c'est une chose. Il n'y a aucune raison de penser que cela donne la moindre capacité à transmettre quoi que ce soit aux pékins autour de soi. J'ai du mal à imaginer une divinité qui ne donnerait pas directement la révélation à tous ceux auxquels elle la destine effectivement. Un peu de sérieux, SVP! Dieu n'est pas un radin...
La meilleure preuve, c'est qu'il y a souvent contradiction dans les consignes données par les différents "illuminés" selon les religions, les époques, les lieux...
Oncle Joe
Modifié en dernier par Lensman le lun. sept. 06, 2010 9:18 pm, modifié 1 fois.

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Message par Lensman » lun. sept. 06, 2010 8:53 pm

Florent a écrit :
Peu importe, les gens n'ont pas arrêté de croire en Dieu parce que Nietzsche l'a dit, au contraire : c'est un constat qu'a fait Nietzsche à un moment donné. De moins en moins de gens croient en Dieu, et par conséquent Dieu est mort.

C'est donc un point de non-retour incarné par la célèbre phrase de Nietzsche à partir duquel la religion chrétienne, et donc l'Eglise, perd peu à peu de son pouvoir en Occident. Donc je reviens sur tes propos :

On a l'impression, souvent, que l'on est toujours dans un monde dans lequel l'idée que l'on puisse ne pas croire en quelque chose de Transcendant, d'Autre, de Religieux, de Supérieur, de Surnaturel (on l'appelle comme on veut) est impossible à admettre; comme si cet état devait être un état naturel partagé par tous, et que, quelque part, ceux qui ne le ressentent pas seraient des sortes d'"anomalies" dans l'Ordre du Monde, ou plutôt, plus justement, des "égarés" ou des "handicapés" qu'il faudrait absolument, pour leur bien (et aussi parce que ça fait tâche au milieu d'une conviction qui devrait être universelle) amener à ressentir le "réenchantement" du monde...
C'est assez pénible.


Cela était peut-être vrai au 19ème siècle, mais depuis ce fameux point de non-retour, c'est le processus inverse qui s'opère (toujours en Occident). La norme n'est plus d'être chrétien mais athée, et on se fout joyeusement de la gueule des chrétiens. J'ai rarement vu un croyant traiter un athée avec condescendance ou mépris, j'ai souvent vu l'inverse. C'est quasiment devenu une mode, un jeu, on dégomme les chrétiens à tout va, et ils tendent l'autre joue.

Franchement, s'ériger contre la toute-puissance des chrétiens en France, ou contre le prosélytisme chrétien dont nous serions victimes, c'est du Cervantes. Ton discours correspond à des Etats où, en effet, on est obligé d'être croyant, mais je ne crois pas qu'ils se trouvent en Occident, au risque de faire bifurquer le sujet.
Ce n'est certainement pas moi qui m'élève contre une prétendue "toute-puissance des chrétiens en France" !!! Ni même contre un prétendu "prosélytisme chrétien"!!! Je ne suis pas un adepte des théories du complot... (il y a des emmerdeurs sectaires, c'est sûr, mais c'est autre chose).
Je prétends juste qu'au fond, en France comme ailleurs, très peu de gens sont réellement non-croyants (au sens où je l'entends, à savoir n'ayant pas le besoin de croire à un état "supérieur", à une sorte de truc qu'on appelle "transcendance", à un "ordre universel harmonieux", à une forme d'"âme", à une "divinité", etc). La prétendue constatation de Nietzsche ne concerne qu'une religion constituée (le christianisme), laquelle avait sans doute tendance à tomber dans une certaine routine qui faisait que ses rituels perdaient leur aspect satisfaisant quant aux aspirations dont je parle. Les dites aspirations se portent toujours comme un charme, si j'ose dire. Ce n'est pas "Dieu est mort" qu'il fallait dire, mais "les rituels miteux de l'Eglise du temps de Nietzsche sont mort". Cela n'a vraiment rien à voir...
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Soslan
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Message par Soslan » lun. sept. 06, 2010 9:01 pm

Lensman a écrit :J'ai du mal à imaginer une divinité qui ne donnerait pas directement la révélation à tout ceux auxquels elle la destine effectivement. Un peu de sérieux, SVP! Dieu n'est pas un radin...
La meilleure preuve, c'est qu'il y a souvent contradiction dans les consignes données par les différents "illuminés" selon les religions, les époques, les lieux...
Oncle Joe
C'est peut-être un argument en faveur du polythéisme :twisted: .
"La Lune commence où avec le citron finit la cerise" (André Breton)

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Et pour ne pas faire que ma propre promo :
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Message par bormandg » lun. sept. 06, 2010 9:09 pm

Soslan a écrit :
Lensman a écrit :J'ai du mal à imaginer une divinité qui ne donnerait pas directement la révélation à tout ceux auxquels elle la destine effectivement. Un peu de sérieux, SVP! Dieu n'est pas un radin...
La meilleure preuve, c'est qu'il y a souvent contradiction dans les consignes données par les différents "illuminés" selon les religions, les époques, les lieux...
Oncle Joe
C'est peut-être un argument en faveur du polythéisme :twisted: .
C'est, en tout cas, un argument fort à l'encontre du monothéïsme: un seul dieu ne saurait susciter une telle floraison de sectes qui se contredisent et s'excluent. Que tous ces dieux différents prétendent tous être le dieu unique ne change rien au problème : si au moins un d'entre eux est vraiment un dieu, pourquoi pas tous? Pas unique, évidemment..... :twisted:
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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Message par Lensman » lun. sept. 06, 2010 9:20 pm

Soslan a écrit :
Lensman a écrit :J'ai du mal à imaginer une divinité qui ne donnerait pas directement la révélation à tout ceux auxquels elle la destine effectivement. Un peu de sérieux, SVP! Dieu n'est pas un radin...
La meilleure preuve, c'est qu'il y a souvent contradiction dans les consignes données par les différents "illuminés" selon les religions, les époques, les lieux...
Oncle Joe
C'est peut-être un argument en faveur du polythéisme :twisted: .
Hé ! Bonne remarque! Mais il faut croire que le message est souvent bien brouillé...
Oncle Joe

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Lensman
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Message par Lensman » lun. sept. 06, 2010 9:25 pm

Là, on en revient à des questions que je trouve intéressante (beaucoup plus intéressant, de mon point de vue, que le rapport science/religion, qui me semble une question sans objet), dont celle du pourquoi d'une telle "mode", aussi longue, du monothéisme (et du monothéisme "multiple", puisqu'il y a rivalité entre différents monothéismes, ce qui est ballot...)
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Message par bormandg » lun. sept. 06, 2010 9:53 pm

Lensman a écrit :Là, on en revient à des questions que je trouve intéressante (beaucoup plus intéressant, de mon point de vue, que le rapport science/religion, qui me semble une question sans objet), dont celle du pourquoi d'une telle "mode", aussi longue, du monothéisme (et du monothéisme "multiple", puisqu'il y a rivalité entre différents monothéismes, ce qui est ballot...)
Oncle Joe
Eh oui, autrefois on se contentait de régner sur une tribu et de négocier avec d'autres chefs de tribus; aujourd'hui on veut être LE Roi des Rois, Le Maître du monde (je vous laisse envisager la variété de "conducteurs" qui se sont affrontés depuis une centaine d'années).
Qui a écrit que politique et religion étaient des choses distinctes? :?: La corrélation entre concentration du pouvoir politique et concentration de la divinité est assez forte.
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Message par Le_navire » lun. sept. 06, 2010 10:00 pm

Les polythéistes sont encore fort nombreux dans le monde, tout de même... Ce qui ne les empêche pas d'être parfois sectaires...

Et pour répondre à Florent : non, ce n'est pas la foi que les athées moquent et parfois, méprisent. C'est l'église, ce qui n'est pas la même chose...

Et le fondamentalisme, où qu'il se niche.
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"

Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » lun. sept. 06, 2010 11:49 pm

Roland C. Wagner a écrit :
Priscille a écrit :Mais une fiction spéculative traitant de théologie, pour moi, ce n'est pas de la science-fiction, c'est de la fantasy.
+42
Dommage pour Olaf Stapledon, pour James Blish, pour P.J. Farmer, pour C.S. Lewis (bon d'accord, celui-là pousse un peu), parfois Robert Heinlein et A.C. Clarke, et pour beaucoup d'autres qui se trouveraient relégués dans la Fantasy, ce à quoi je m'oppose formellement.

Dieu
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Bull
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Message par Bull » mar. sept. 07, 2010 2:52 am

Priscille a écrit :
Bull a écrit :-Si oui, pourquoi ?
Pourquoi ? Je n'en sais rien.
Pourquoi je le pense ? parce que les textes m'assurent que l'Homme a été créé à l'image de Dieu...
Je ne te reponds que sur cette partie parce que pour le reste l'avenir tranchera (pour ET, vie en labo et autre).

Connaissant les aleas de l'Histoire et la confusion regant pendant les epoques concernees que de conclusions et d'interpretations d'une source qui a quand meme une probabilite non negligeable d'etre biaisee (differences existantes entre texte entre nos mains/ecrits initiaux)

Mais bon, admettons que les mots, le sens, le fond etc... aient ete conserves.

Un texte dont l'interpretation semble evoluer avec les connaissances scientifiques peut-il vraiment etre d'origine divine ?

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Lensman
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Message par Lensman » mar. sept. 07, 2010 8:48 am

Gérard Klein a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :
Priscille a écrit :Mais une fiction spéculative traitant de théologie, pour moi, ce n'est pas de la science-fiction, c'est de la fantasy.
+42
Dommage pour Olaf Stapledon, pour James Blish, pour P.J. Farmer, pour C.S. Lewis (bon d'accord, celui-là pousse un peu), parfois Robert Heinlein et A.C. Clarke, et pour beaucoup d'autres qui se trouveraient relégués dans la Fantasy, ce à quoi je m'oppose formellement.

Dieu
Tout dépend aussi ce que l'on met sous ... l'étiquette de théologie-fiction.
La théologie, ça existe dans notre monde normal. Cela ne préjuge en rien de l'existence de dieu ou des dieux (ou autres trucs "au-dessus du naturel" du même genre). On peut s'y intéresser et l'étudier sans être "croyant", que les dieux existent (au sens surnaturel) ou pas.
Maintenant, que se passe-t-il dans les oeuvres de fiction?
Dans Farmer par exemple (il faut cependant que je le relise massivement), de manière générale, les personnages parfois appelés "dieux" ne sont nullement de nature surnaturelle. Ils font tout à fait partie du monde et leur caractère "divin" vient juste de leur puissance, qui est relative et non surnaturelle. Il y a simplement "apparence", "imitation", éventuellement, de divinité, et justement, les héros farmériens découvrent généralement que tout n'est que du toc (du toc bien fichu, sans doute, mais du toc).
Dans Blish, pour Un cas de conscience, aucune surnature non plus. Ou plutôt, il n'y a de surnature, si l'on veut, que si l'on y croit soi-même; le personnage se retrouve avec un "cas de conscience", un peu comme lorsque les colons européens en Amérique se demandaient si les Indiens avaient une âme.
C'est différent dans Pâques noires, nettement "fantaisiste", qui penche un peu vers la parodie de ce que faisait C.S. Lewis.
Les questions religieuses peuvent se poser même dans un monde où dieu n'existe pas (le nôtre, peut-être?).
Bref, une bonne partie des cas évoqués relèvent tout simplement de la science-fiction, mais avec l'accent mis sur d'éventuels problèmes religieux.
Il faudrait essayer de mieux caractériser la théologie-fiction. Il y a celle qui concerne des spéculations sur de VRAIS dieux (c'est-à-dire dont le statut divin est posé dans le récit). Par exemple, je vois effectivement C.S. Lewis dans ce type de théologie-fiction. Farmer, non. Clarke, je ne vois pas non plus: ce n'est pas parce qu'un problème religieux est évoqué dans de la science-fiction qu'il y a automatiquement surnature.
Celle où il y a de VRAIS dieux peut être considérée comme de la Fantasy (C.S. Lewis, par exemple).
Par contre, Farmer et cie, il n'y a pas spécialement de VRAIS dieux, ce n'est pas de la Fantasy, même si des problèmes religieux sont évoqués.
Oncle Joe
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MF
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Message par MF » mar. sept. 07, 2010 8:52 am

Bull a écrit :Un texte dont l'interpretation semble evoluer avec les connaissances scientifiques peut-il vraiment etre d'origine divine ?
Pfff... fastoche !

Jean-Paul II l'a fait dans l'encyclique Fides et Ratio
94. Un premier élément problématique concerne le rapport entre le signifié et la vérité. Comme tout autre texte, les sources qu'interprète le théologien transmettent d'abord un signifié, qu'il faut saisir et exposer. Or ce signifié se présente comme la vérité sur Dieu, communiquée par Dieu lui-même à travers le texte sacré. Ainsi, dans le langage humain, prend corps le langage de Dieu, qui communique sa vérité avec la « condescendance » admirable qui est conforme à la logique de l'Incarnation. En interprétant les sources de la Révélation, il est donc nécessaire que la théologie se demande quelle est la vérité profonde et authentique que les textes entendent communiquer, compte tenu des limites du langage.

En ce qui concerne les textes bibliques, et les Evangiles en particulier, leur vérité ne se réduit assurément pas au récit d'événements purement historiques ou à la révélation de faits neutres, comme le voudrait le positivisme historiciste. Au contraire, ces textes exposent des événements dont la vérité se situe au-delà du simple fait historique: elle se trouve dans leur signification dans et pour l'histoire du salut. Cette vérité reçoit sa pleine explicitation dans la lecture que l'Église poursuit au long des siècles, en gardant immuable le sens originel. Il est donc urgent que l'on s'interroge également du point de vue philosophique sur le rapport qui existe entre le fait et sa signification, rapport qui constitue le sens spécifique de l'histoire.

95. La parole de Dieu ne s'adresse pas qu'à un seul peuple ou à une seule époque. De même, les énoncés dogmatiques, tout en dépendant parfois de la culture de la période où ils ont été adoptés, formulent une vérité stable et définitive. Il faut alors se demander comment on peut concilier l'absolu et l'universalité de la vérité avec l'inéluctable conditionnement historique et culturel des formules qui l'expriment. Comme je l'ai dit plus haut, les thèses de l'historicisme ne sont pas défendables. Par contre, l'application d'une herméneutique ouverte aux exigences de la métaphysique est susceptible de montrer comment, à partir des circonstances historiques et contingentes dans lesquelles les textes ont été conçus, s'opère le passage à la vérité qu'ils expriment, vérité qui va au-delà de ces conditionnements.

Par son langage historique et situé, l'homme peut exprimer des vérités qui transcendent l'événement linguistique La vérité ne peut en effet jamais être circonscrite dans le temps et dans la culture; elle est connue dans l'histoire, mais elle dépasse l'histoire elle-même..
En gros, pour résumer, on se secoue des connaissances scientifiques, il suffit de continuellement réinterpréter le texte pour faire coller le contexte socio-culto-linguistique (1) avec sa Vérité.

Ce qui nécessite, comme l'avait prescrit Le Concile Vatican II (mission confirmée par Jean-Paul II dans l'encyclique) que la théologie doive "renouveler ses méthodes en vue de servir plus efficacement l'évangélisation".
L'objectif (très mal) caché reste l'évangélisation.

(1) qui aura intégré les évolutions des connaissances scientifiques (c.f., par exemple, le cas du big-bang et l'interprétation erronée qu'en donnent les frères Bogdanov )
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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Lensman
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Message par Lensman » mar. sept. 07, 2010 9:03 am

MF a écrit : En gros, pour résumer, on se secoue des connaissances scientifiques, il suffit de continuellement réinterpréter le texte pour faire coller le contexte socio-culto-linguistique (1) avec sa Vérité.
Je ne vois pas d'autre attitude possible vraiment tenable. Ce pape n'était pas un imbécile.
Ce serait complètement idiot si les religions révélées se modifiaient en fonction des découvertes scientifiques... ou même donnaient seulement l'impression d'avoir à voir avec ces dernières. C'est très dangereux.
Il ne faut SURTOUT PAS les y assujettir, car c'est la porte ouverte à des remises en questions hors de propos, que les fidèles comprennent d'ailleurs souvent très mal, et qui ne peuvent amener que des ennuis (avec les non croyants, et surtout au sein même de la communauté des croyants).
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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mar. sept. 07, 2010 9:24 am

Lensman a écrit :
Gérard Klein a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :
Priscille a écrit :Mais une fiction spéculative traitant de théologie, pour moi, ce n'est pas de la science-fiction, c'est de la fantasy.
+42
Dommage pour Olaf Stapledon, pour James Blish, pour P.J. Farmer, pour C.S. Lewis (bon d'accord, celui-là pousse un peu), parfois Robert Heinlein et A.C. Clarke, et pour beaucoup d'autres qui se trouveraient relégués dans la Fantasy, ce à quoi je m'oppose formellement.

Dieu
Tout dépend aussi ce que l'on met sous ... l'étiquette de théologie-fiction.
La théologie, ça existe dans notre monde normal. Cela ne préjuge en rien de l'existence de dieu ou des dieux (ou autres trucs "au-dessus du naturel" du même genre). On peut s'y intéresser et l'étudier sans être "croyant", que les dieux existent (au sens surnaturel) ou pas.
Maintenant, que se passe-t-il dans les oeuvres de fiction?
Dans Farmer par exemple (il faut cependant que je le relise massivement), de manière générale, les personnages parfois appelés "dieux" ne sont nullement de nature surnaturelle. Ils font tout à fait partie du monde et leur caractère "divin" vient juste de leur puissance, qui est relative et non surnaturelle. Il y a simplement "apparence", "imitation", éventuellement, de divinité, et justement, les héros farmériens découvrent généralement que tout n'est que du toc (du toc bien fichu, sans doute, mais du toc).
Dans Blish, pour Un cas de conscience, aucune surnature non plus. Ou plutôt, il n'y a de surnature, si l'on veut, que si l'on y croit soi-même; le personnage se retrouve avec un "cas de conscience", un peu comme lorsque les colons européens en Amérique se demandaient si les Indiens avaient une âme.
C'est différent dans Pâques noires, nettement "fantaisiste", qui penche un peu vers la parodie de ce que faisait C.S. Lewis.
Les questions religieuses peuvent se poser même dans un monde où dieu n'existe pas (le nôtre, peut-être?).
Bref, une bonne partie des cas évoqués relèvent tout simplement de la science-fiction, mais avec l'accent mis sur d'éventuels problèmes religieux.
Il faudrait essayer de mieux caractériser la théologie-fiction. Il y a celle qui concerne des spéculations sur de VRAIS dieux (c'est-à-dire dont le statut divin est posé dans le récit). Par exemple, je vois effectivement C.S. Lewis dans ce type de théologie-fiction. Farmer, non. Clarke, je ne vois pas non plus: ce n'est pas parce qu'un problème religieux est évoqué dans de la science-fiction qu'il y a automatiquement surnature.
Celle où il y a de VRAIS dieux peut être considérée comme de la Fantasy (C.S. Lewis, par exemple).
Par contre, Farmer et cie, il n'y a pas spécialement de VRAIS dieux, ce n'est pas de la Fantasy, même si des problèmes religieux sont évoqués.
Oncle Joe
Onc' Joe, à qui je voue une gratitude éternelle, a fort bien répondu pour moi.

Je voudrais néanmoins prendre le cas de L'Étoile, de Clarke, en guise d'illustration supplémentaire.

SPOILER

En gros, l'étoile qui a guidé les rois mages était une nova qui a anéanti toute une civilisation au passage. Ce qui, on en conviendra, pose un problème lié à l'existence d'une divinité ayant donné un coup de briquet à l'étoile en question pour qu'elle puisse guider les rois mages. Et, je suppose, soulève des questions théologiques.

Peut-on parler d'une « fiction spéculative traitant de théologie » ?

L'existence du dieu des chrétiens est clairement le nœud du texte. S'il y a un dieu, et s'il a détruit une civilisation pour en éclairer une autre, quel est ce dieu en qui un chrétien a apparemment du mal à reconnaître le sien ?

Et s'il n'y a pas de dieu, eh bien l'univers est absurde et puis c'est tout.

J'imagine qu'on est dans la philosophie, et tout ça a un fort relent métaphysique, mais je n'ai pas l'impression que la spéculation s'étende à la théologie dans ce texte, ni chez Stapledon — contrairement à ce qu'on peut lire dans les bouquins de C.S. Lewis, qui représentent quand même des exemples isolés de spéculations théologiques se parant des oripeaux de la science-fiction.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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