Lem a écrit :Lensman a écrit :Par contre, Farmer et cie, il n'y a pas spécialement de VRAIS dieux, ce n'est pas de la Fantasy, même si des problèmes religieux sont évoqués.
Je comprends mieux certaines difficultés du fil M.
Tu as une prémisse de base très simple : si Dieu ou les dieux de fiction ne sont pas exactement conformes à la tradition religieuse, alors, il ne s'agit pas de Dieu ou de dieux.
Quelle que soit la question posée, tout raisonnement aboutit donc à la même conclusion qui n'est en fait que ta prémisse placée à la fin.
C'est un peu comme si tu partais du principe qu'on n'a le droit d'employer le mot "amour" que dans le sens que lui donnaient les Grecs. Ainsi, dans une discussion sur le statut de l'amour dans la fiction moderne, tu ne pourrais que reprendre encore et toujours ta prémisse sur le registre : "on parle d'un univers où les sentiments sont des états cérébraux produits par des courants électriques et des échanges moléculaires… il ne s'agit pas VRAIMENT d'amour."
Ce qui me rappelle un point de ta préface qui, je crois, n'a pas été évoqué : il me semble bien que tu mets sur le même plan "dieu" et "les dieux" à un moment donné.
Et là, j'ai comme qui dirait l'impression que tu commets la même erreur d'appréciation, en mêlant le sacré (dieu) et la mythologie (les dieux), qui n'ont pas tout à fait le même statut dans l'esprit des gens de notre époque. Ni de ceux des années soixante, rappelle-toi
Toi l'immortel.
Est-il utile de rappeler que la religion est elle aussi une construction culturelle, et que les constructions cuturelles changent, évoluent, se délitent ? Et qu'on discerne quelque chose d'équivalent à la notion de “progrès” dans le passage de l'animisme puis au polythéisme, puis au monothéisme (je schématise) ? Les dieux, ce sont ces vieux trucs ringards avec lesquels on peut jouer comme on veut, personne ne va venir se plaindre d'un Jupiter scatophage ou d'un Wotan communiste, mais si tu files une grosse érection à Jésus-Christ, si tu mets en scène un Mahomet gay ou un Moïse défoncé aux champignons hallucinogènes, il est possible que tu suscites des réactions qui n'auront rien à voir avec la littérature.
La science-fiction à la Farmer ou à la Zelazny joue beaucoup avec les images des dieux, avec des icônes culturelles qui sont autant de cartes que l'on peut mélanger avant de les retourner. Non, ils ne mettent pas en scène de “VRAIS” dieux. Sauf peut-être Zelazny dans
L'Île des morts, quoique ce soit au bout du compte indécidable, si ma mémoire est bonne.
À présent, question subsidiaire : le Ganesh qui apparaît à plusieurs reprises dans les Futurs Mystères est-il un “VRAI” dieu ou pas ? Je précise que c'est incontestablement Ganesh et qu'il en a tous les attributs. Et qu'il est sans doute lui-même persuadé d'être Ganesh. Mais cela en fait-il une créature d'essence divine ou une simple icône culturelle que l'auteur manipule pour le plaisir — espère-t-il — de son lecteur ?
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)
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