Transhumain a écrit :Les livres de Houellebecq ne condamnent personne, ni ne visent à nous convertir à je ne sais quelle doctrine ; ils traduisent seulement, comme tu l'as d'ailleurs écrit, sa vision du monde, et que je sache, on peut ne pas être sur la même longueur d'ondes, et néanmoins trouver de l'intérêt, voire du plaisir, à la partager un moment, cette vision. Détachement, affèterie ? Je ne comprends pas. Ses personnages ne sont pas détachés, ils n'y parviennent pas, ils se prennent la réalité de leur petit monde postmoderne dans la gueule, et ne le supportent pas : leur corps qui décline, leur sexualité minable, les rapports sociaux artificiels, etc. Il faut adhérer à cette vision, pendant la lecture, se mettre dans la peau de ses personnages, voir avec leurs yeux désabusés, sentir avec leur corps décrépi.
Arrête, on croirait presque que tu parles d'Angot.
Plus sérieusement, tu as, sans doute, raison.
Ce qui ne marche pas avec moi chez MH, c'est justement la SVI. L'adhésion à la vision.
Ces personnages sont, pour moi, des E.T. et, en ce sens, MH écrit de la SF. Sauf qu'il n'arrive pas à m'immerger dans sa "vision", dans son "projet littéraire".
Sans doute -et ce n'est pas de la fausse modestie de ma part mais un simple constat- parce qu'il me manque les capacités d'appréciation du travail littéraire, de l'apport esthétique, que tu (ou Lem) mets en avant.
Je trouve vraiment bizarre cette conception de la littérature comme projet non esthétique, mais idéologique, comme manifeste, comme tract politique.
Si tu veux, le problème, c'est que quand j'achète un livre, c'est pour le lire.
Pour en tirer un plaisir solitaire et momentané.
Pas pour en faire une analyse littéraire.
Donc le projet esthétique de l'auteur n'a qu'un apport très partiel à mon adhésion au texte.
Je privilégie le contenu sur le contenant.
Pardon, ce que je conçois comme contenu sur ce que je conçois comme contenant.