L'empire spatial des morts de Tsiolkovski à P. F. Hamilton

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Patrice
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Message par Patrice » dim. oct. 24, 2010 2:52 pm

Salut,
Propp a codifié les contes selon des schémas qui leur sont propre et ensuite Aarne et Thomson ont établi une classification.
C'est l'inverse. Antti Aarne est mort en 1925, et sa classification est parue en 1910. Alors que la Morphologie du Conte de Propp est parue en 1928.

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Patrice

Lem

Message par Lem » dim. oct. 24, 2010 3:48 pm

Erion a écrit :
Lem a écrit :Précisément la raison pour laquelle j'ai préféré ne pas utiliser le concept d'archétypes dans un texte théorique.
Et c'est pour ça que tu as utilisé un terme simple et clair et sans ambiguïté : métaphysique.
Le langage n'est pas transparent, grande découverte.

Mais on peut dire : "on retrouve un certain nombre d'images métaphysiques et religieuses dans la sf" sans impliquer un système critique. Et contrairement à ce que tu as l'air de croire, ça n'implique pas d'avoir soi-même une métaphysique ou une religion.

Par contre, dire : "un certain nombre d'archétypes de tel et tel type sont à l'œuvre dans la sf" suppose de prendre position par rapport à Jung et de dire quel usage on fait du concept.

Ça n'a rien de bien compliqué.

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Erion
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Message par Erion » dim. oct. 24, 2010 4:15 pm

Lem a écrit :
Erion a écrit :
Lem a écrit :Précisément la raison pour laquelle j'ai préféré ne pas utiliser le concept d'archétypes dans un texte théorique.
Et c'est pour ça que tu as utilisé un terme simple et clair et sans ambiguïté : métaphysique.
Le langage n'est pas transparent, grande découverte.

Mais on peut dire : "on retrouve un certain nombre d'images métaphysiques et religieuses dans la sf" sans impliquer un système critique. Et contrairement à ce que tu as l'air de croire, ça n'implique pas d'avoir soi-même une métaphysique ou une religion.
Ah ah. A chaque fois qu'on t'a dit que les formes qui apparaissaient n'avaient aucun rapport avec la métaphysique et la religion, tu as rétorqué que non, au nom de ton intuition.
Tu veux qu'on te rappelle Kirby ?
Par contre, dire : "un certain nombre d'archétypes de tel et tel type sont à l'œuvre dans la sf" suppose de prendre position par rapport à Jung et de dire quel usage on fait du concept.
On peut parfaitement utiliser les archétypes, et se situer par rapport à Jung est bien plus facile, pour étudier la science-fiction, que d'emprunter à la métaphysique. Y'a eu 750 pages pour te montrer à quel point le terme de métaphysique était loin d'être aussi évident que tu le pensais.

Que va-t-il se passer si on passe par les archétypes ?
On va trouver des éléments, des formes, et on va constater qu'il s'agit de formes vides. Du coup, on va pouvoir faire ce que j'appelle depuis très longtemps sur le fil précédent : s'intéresser au statut des contenus, ne pas s'arrêter aux symboles, mais à leur rôle narratif.
Une fois ceci fait, alors on peut commencer à discuter.

Avant, c'est juste stérile.

Les archétypes ne sont pas un but, mais un moyen pour s'intéresser au contenu fictionnel. Alors que pour l'instant, dans tous les exemples que tu as cité, tu as préféré dire, le plus souvent, que la forme était plus importante que le fond.

Si tu regardes l'archétype des tsundere, tu n'y verras aucune métaphysique, rien de transcendant, pourtant, c'est un élément narratif majeur et dynamique. Pas la peine d'invoquer Jung pour traiter ces archétypes.

Invoquer Dieu, la religion, les âmes, c'est un parti pris mystique, ce n'est pas un outil d'analyse. Que tu aies envie de voir de la mystique partout et quelque chose au-delà du monde, libre à toi, mais les âmes, ce n'est pas un concept scientifique utilisable par tout le monde.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
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Lem

Message par Lem » dim. oct. 24, 2010 4:25 pm

Comme les trois dernières pages le montrent, l'usage du concept d'archétype risque d'être tout aussi compliqué. Tu les qualifies de "formes vides". C'est un usage personnel ou bien l'as-tu trouvé quelque part, dans un corpus théorique qui fait autorité ? La page wikipédia, sous les réserves habituelles, ne mentionne pas une telle acception. Par contre, elle précise bien :
Le concept d'« archétype » est, avec celui d'inconscient collectif, le plus critiqué de la psychologie analytique de Jung et ce dès sa création. Si l'on met à part la critique de Freud, dès les débuts de la théorie élaborée par Jung (dès 1919)53, portant sur l'inadéquation de l'archétype avec le modèle freudien et sa dimension mystique, l'hypothèse des archétypes fait l'objet de critiques venant de tous les horizons scientifiques : « Son caractère essentialiste lui a valu des attaques de la part des constructionnistes sociaux, qui tiennent la nature humaine pour malléable à volonté et définie bien plus par les conditions matérielles et sociales que par des tendances innées. Elle est également en butte aux critiques des cliniciens pour qui le champ d'intervention thérapeutique se limite aux conflits personnels et aux traumatismes de l'enfance. »54.
Le concept d'« archétype » a formé l'originalité et la spécificité de la théorie de Carl Gustav Jung en psychologie. La notion souffre néanmoins d'une polysémie, en raison de l'expression elle-même, renvoyant à des concepts de la philosophie, ou aux images mythologiques, que Jung n'a eu de cesse d'évacuer de ses recherches. Cependant, le caractère vague de cette définition que Jung lui-même a entretenu est à l'origine des critiques contre son hypothèse. Le psychiatre américain Richard Noll, son principal détracteur, considère que Jung l'a inventé pour distinguer radicalement sa théorie de celles des autres psychanalystes. Pour ceux de tradition freudienne par ailleurs, le concept jungien n'apporte rien en termes d'opérabilité sur les plans méta-psychologiques, comme thérapeutiques.
De scientifique, la critique est devenue, avec Elisabeth Roudinesco, spécialiste française de l'histoire de la psychanalyse, plus définitive. En effet, Roudinesco dans Carl Gustav Jung, De l’archétype au nazisme. dérives d’une psychologie de la différence55 considère que la théorie jungienne confine au totalitarisme et au racisme, s'appuyant sur le fait que Jung a collaboré, dès 1932 avec le régime nazi.
Je ne suis pas hostile à l'usage de ce concept, au contraire. Mais le considérer comme "plus évident" est à mon avis très optimiste.
Erion a écrit :Invoquer Dieu, la religion, les âmes, c'est un parti pris mystique, ce n'est pas un outil d'analyse.
Pierre Christin, dans Métro Châtelet a écrit : CHATELARD (décalque de Bâchelard) – J'ai toujours soutenu que sous les formes apparemment irrationnelles de l'imaginaire, il fallait débusquer les enjeux bien réels des manipulateurs de symboles. On peut s'intéresser à l'alchimie, à l'histoire des religions et à d'autres vieilleries de ce genre tout en occupant des positions parfaitement matérialistes.
MONSIEUR ALBERT – Contra sensus ab sensibus repugnat.
Modifié en dernier par Lem le dim. oct. 24, 2010 4:31 pm, modifié 1 fois.

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Message par Erion » dim. oct. 24, 2010 4:27 pm

Lem a écrit :Comme les trois dernières pages le montrent, l'usage du concept d'archétype risque d'être tout aussi compliqué. Tu les qualifies de "formes vides". C'est un usage personnel ou bien l'as-tu trouvé quelque part, dans un corpus théorique qui fait autorité ?
Dans l'article de Le Guin, qui cite "Memories, Dreams, Reflections" de Jung.
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Lensman
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Message par Lensman » dim. oct. 24, 2010 4:32 pm

Lem a écrit :
Erion a écrit :
Lem a écrit :Précisément la raison pour laquelle j'ai préféré ne pas utiliser le concept d'archétypes dans un texte théorique.
Et c'est pour ça que tu as utilisé un terme simple et clair et sans ambiguïté : métaphysique.
Le langage n'est pas transparent, grande découverte.

Mais on peut dire : "on retrouve un certain nombre d'images métaphysiques et religieuses dans la sf" sans impliquer un système critique. Et contrairement à ce que tu as l'air de croire, ça n'implique pas d'avoir soi-même une métaphysique ou une religion.

Par contre, dire : "un certain nombre d'archétypes de tel et tel type sont à l'œuvre dans la sf" suppose de prendre position par rapport à Jung et de dire quel usage on fait du concept.

Ça n'a rien de bien compliqué.
C'est pour cette raison que j'ai posé la question de savoir comment on devait prendre le terme "archétype". Les réponses apportées par les uns et les autres m'ont paru assez claires.

Les "images métaphysiques et religieuses", ce n'est pas assez précis.
Si il est question de la nature du temps, par exemple, dans un texte, il n'y a pas forcément de raison d'y voir du métaphysique, la discussion sur la nature du temps faisant partie depuis... un certain temps de domaine de la physique (il suffit d'ouvrir les revues de vulgarisation scientifique).
Je ne pense pas qu'on puisse parler commodément d'"image métaphysique", cela demanderait trop d'analyses cas par cas, ce ne serait guère opérationnel. Faire ressortir clairement ce qui est métaphysique et ce qui ne l'est pas est beaucoup trop difficile, on a déjà eu l'occasion de s'en apercevoir dans les discussions (sauf peut-être pour un public hyper spécialisé dont je ne fait pas partie).
"Image religieuse", par contre, ça peut être plus flagrant, parce que nous sommes environnés d'images religieuses (ou de termes connoté religieux), que cela fait partie de notre héritage culturel. Cependant, restera aussi à voir si l'image renvoie effectivement à un concept religieux, ou si c'est utilisé de manière métaphorique. (Ou si, cas banal et courant en SF, il est bien question de religion, mais pour en parler d'un point de vue sociologique, psychologique, etc et non pour le contenu religieux intrinsèque supposé.

Ce qui pourrait être intéressant, c'est repérer les auteurs (il y a sans doute des courants) ayant des convictions religieuses et utilisant effectivement le support de la SF pour les faire ressortir.

Oncle Joe

Lem

Message par Lem » dim. oct. 24, 2010 4:43 pm

Si on cherche une notion a priori neutre, pour l'usage qu'Erion suggère, il me semble que le concept d'actant tel que Propp l'utilise dans morphologie du conte pourrait faire l'affaire. L'actant n'a pas de contenu propre, il n'est que la somme de ses fonctions dans le récit. Dans tel conte, un bûcheron apparaît au début pour entraîner le héros dans l'aventure. Dans tel autre, c'est un chasseur qui accomplit cette fonction. Dans le troisième un prince. Propp élimine "l'habillage" et en déduit l'existence d'un actant invariant qu'il re-nomme (genre : "l'incitateur"). Tu pensais à une chose de ce genre, Erion ?

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Message par Lensman » dim. oct. 24, 2010 4:44 pm

Pascal, ce passage que tu as cité (de Wiki) est ahurissant:

Le concept d'« archétype » a formé l'originalité et la spécificité de la théorie de Carl Gustav Jung en psychologie. La notion souffre néanmoins d'une polysémie, en raison de l'expression elle-même, renvoyant à des concepts de la philosophie, ou aux images mythologiques, que Jung n'a eu de cesse d'évacuer de ses recherches.


A moins que je fasse un contre sens (fatigue de début de vacances...) en lisant cet extrait, j'y lis que "Jung n'a eu de cesse d'évacuer [les images mythologiques] de ses recherches". Or, c'est exactement le contraire ! Il suffit d'ouvrir n'importe où Métamorphoses de l'âme et ses symboles, essai dont il a d'ailleurs fait plusieurs versions, constamment enrichies...

Oncle Joe

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Message par Erion » dim. oct. 24, 2010 4:55 pm

Lem a écrit :Si on cherche une notion a priori neutre, pour l'usage qu'Erion suggère, il me semble que le concept d'actant tel que Propp l'utilise dans morphologie du conte pourrait faire l'affaire. L'actant n'a pas de contenu propre, il n'est que la somme de ses fonctions dans le récit. Dans tel conte, un bûcheron apparaît au début pour entraîner le héros dans l'aventure. Dans tel autre, c'est un chasseur qui accomplit cette fonction. Dans le troisième un prince. Propp élimine "l'habillage" et en déduit l'existence d'un actant invariant qu'il re-nomme (genre : "l'incitateur"). Tu pensais à une chose de ce genre, Erion ?
En gros, c'est ça, mais quand je parle des tsundere, on parle bel et bien d'archétype dans ce cas (la page wikipedia traite bel et bien les tsundere comme un archétype de l'animation japonaise moderne).
Si vraiment le parrainage de Jung est un problème (mais il me semble, quand même que la notion d'archétype dans l'analyse littéraire est assez fort usité comme en témoigne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Arch%C3%A9 ... osophie%29 Et d'ailleurs, on y retrouve la notion de préforme vide), va pour actant, mais ça me semble très réducteur.
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Message par Lensman » dim. oct. 24, 2010 4:58 pm

Personnellement, le terme "archétype" ne me posait pas de problème... jusqu'à ce que je lise Jung !

Oncle Joe

Lem

Message par Lem » dim. oct. 24, 2010 5:03 pm

Lensman a écrit :A moins que je fasse un contre sens (fatigue de début de vacances...) en lisant cet extrait, j'y lis que "Jung n'a eu de cesse d'évacuer [les images mythologiques] de ses recherches". Or, c'est exactement le contraire ! Il suffit d'ouvrir n'importe où Métamorphoses de l'âme et ses symboles, essai dont il a d'ailleurs fait plusieurs versions, constamment enrichies...
Si je comprends bien, l'idée (telle qu'exprimée par la fiche wikipédia, en tout cas) est que les images mythologiques ne sont pas les archétypes mais les expriment. L'anima, l'ombre, la grande mère : ce ne sont pas des personnages de la mythologie mais le principe de ces personnages (on peut retrouver l'anima sous la silhouette d'Athéna, ou de la vierge, etc.) C'est en ce sens – c'est du moins ce que je crois comprendre – que la fiche dit que Jung veut évacuer les images mythologiques : il ne les mobilise que pour faire apparaître l'archétype qui se cache dessous. C'est (assez clairement) dit dans le passage ci-dessous de la même fiche :
Si la psychologie analytique a pu identifier l'expression de ces archétypes dans la culture et en a fait des catégories, cela ne signifie pas que les archétypes sont des motifs mythologiques présents en nous dont nous serions les héritiers. L'inconscient collectif a, dès le départ, nourri les spéculations les plus farfelues : nombre de personnes y voyaient une émanation psychique de la génétique, localisée dans le cerveau, et expliquant les vies antérieures ou l'atavisme, entre autres, or : « On croit souvent que le terme « archétype » désigne des images ou des motifs mythologiques définis. Mais ceux-ci ne sont rien d'autre que des représentations conscientes : il serait absurde de supposer que des représentations aussi variables puissent être transmises en héritage »
Il s'agit bien plutôt de catégorisations, de tendances en nous qui structurent la psyché individuelle, à partir d'un schéma valant pour toute l'espèce certes mais non transmis en héritage. Jung y insiste beaucoup à la fin de sa vie, soucieux de dissiper les malentendus du concept. C'est selon lui la capacité à retrouver ce schéma qui est héritée, non les archétypes, ce qui explique les variations des figurations à travers les époques, sans que le contenu émotionnel n'en soit altéré : « L'archétype réside dans la tendance à nous représenter de tels motifs, représentation qui peut varier considérablement dans les détails, sans perdre son schème fondamental.

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Message par Erion » dim. oct. 24, 2010 5:06 pm

Lensman a écrit :Personnellement, le terme "archétype" ne me posait pas de problème... jusqu'à ce que je lise Jung !

Oncle Joe
Encore une fois, tout dépend ce qu'on en fait. Si c'est le but de l'analyse, alors oui, on a un gros problème, si c'est juste un outil pratique pour traiter un corpus, ce n'est pas très grave.

Tu sais, j'ai fait ma thèse sur la question des minorités, et à côté, le concept d'archétype est d'une clarté limpide. A un moment, il a fallu que j'explique pourquoi je définissais les minorités de telle manière, pour tel but, parce que c'était le but qui m'intéressait. A partir du moment où on est clair sur les instruments qu'on utilise, et qu'on pose les limites, ça n'est pas un problème.

Ah tiens, d'ailleurs, il me semble que c'est un peu la méthode qu'on utilise en SF quand on se sert de la science :)
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Message par Lem » dim. oct. 24, 2010 5:13 pm

Erion a écrit :Si vraiment le parrainage de Jung est un problème (mais il me semble, quand même que la notion d'archétype dans l'analyse littéraire est assez fort usité comme en témoigne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Arch%C3%A9 ... osophie%29 Et d'ailleurs, on y retrouve la notion de préforme vide), va pour actant, mais ça me semble très réducteur.
Oh, moi, ça ne me pose pas de problème particulier. Mais d'une manière générale, archétype ne me semble pas utilisable dans une analyse littéraire sans une prise de position par rapport à Jung (chez lui, ce n'est pas une forme vide). Surtout s'il s'agit d'éliminer les à-côtés indésirables produits par l'emploi de "métaphysique" ou "religieux".

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Message par Lensman » dim. oct. 24, 2010 5:37 pm

Lem a écrit :
Lensman a écrit :A moins que je fasse un contre sens (fatigue de début de vacances...) en lisant cet extrait, j'y lis que "Jung n'a eu de cesse d'évacuer [les images mythologiques] de ses recherches". Or, c'est exactement le contraire ! Il suffit d'ouvrir n'importe où Métamorphoses de l'âme et ses symboles, essai dont il a d'ailleurs fait plusieurs versions, constamment enrichies...
Si je comprends bien, l'idée (telle qu'exprimée par la fiche wikipédia, en tout cas) est que les images mythologiques ne sont pas les archétypes mais les expriment. L'anima, l'ombre, la grande mère : ce ne sont pas des personnages de la mythologie mais le principe de ces personnages (on peut retrouver l'anima sous la silhouette d'Athéna, ou de la vierge, etc.) C'est en ce sens – c'est du moins ce que je crois comprendre – que la fiche dit que Jung veut évacuer les images mythologiques : il ne les mobilise que pour faire apparaître l'archétype qui se cache dessous.
Oui, mais si il commence par prendre des images mythologiques, c'est parce ce qu'elles sont mythologiques (des images de croyances religieuses). Il ne prend pas les images qu'il aurait pu trouver sur les boîtes de céréales (bon... c'est vrai, on pourrait peut-être retrouver des images mythologiques sur les boîtes de céréales...). Jung aimait bien citer l'exemple du rêve d'un patient reprenant une scène tirée d'une image mythologique, en s'esbaudissant sur sa précision (un truc avec une espèce de tube qui sort du soleil, si, si...). Encore une fois, les termes "anima", "ombre", "grande mère" ne sont pas choisis au hasard. Il s'agit de concepts fondamentalement religieux, dans leur essence même (comme tu le soulignes: l'anima, d'après lui, peut se manifester sous la forme de la Vierge, d'Athena, etc). Et pour Jung, ce n'est pas juste une façon de parler, une vue de l'esprit : d'après lui, tous les humains, qu'ils ressentent consciemment ou non le sentiment religieux, possèdent de manière inhérente cette composante religieuse.
(En passant, quand il s'intéresse aux soucoupes volantes, il les voit comme des "mandala", pas comme des sous-bock...)

Ce que je constate, que c'est que son concept d'"archétype" a été généralisé à des domaines qui n'avaient rien à voir avec le religieux.
Quand ceci est clairement exposé, OK.
Mais je suis d'accord avec toi pour éviter son emploi dans les discussions visant à la précision et la clarté...

Oncle Joe

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Message par Lem » dim. oct. 24, 2010 5:50 pm

On pourrait prendre un exemple pour se faire la main et essayer d'y voir clair.

1) Proposition de repérage d'un archétype ou d'un actant classique de la science-fiction : "la substance X".

2) inventaire de ses propriétés (de ses fonctions dans les récits) : elle provoque des changements, des événements imprévus, des métamorphoses, elle confère des pouvoirs à ceux qui la manipulent de la bonne manière mais peut détruire ceux qui ne le font pas, etc. (ce n'est qu'une improvisation pour montrer l'idée).

3) exemple de substances X : le serum de Jekyll & Hyde, le radium, la kryptonite, les nanotechs, etc.

Discussion possible : y a-t-il, en tant que différentes figures d'un actant unique, une différence entre les substances X existant dans la réalité (et auxquelles la fiction prête des propriétés imaginaires) comme le radium, et des substances X créées de toute pièce par l'auteur (comme la kryptonite). Y en a-t-il entre les substances "à l'état natif" (comme la kryptonite) et les substances créées en laboratoire (les nanotechs) etc.

En procédant ainsi, on peut espérer proposer une "grammaire" du récit de sf, un réptertoire de ses figures et, effectivement, distinguer si oui ou non ces figures se distinguent de figures qui leur ressemblent dans d'autres types de récit, par exemples mythologiques ou naturalistes, etc.

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