Transhumain a écrit :Il semble néanmoins que le sexe en littérature (mais aussi au cinéma) soit perçu d'une très singulière façon. Peut-être parce que le sexe est éminemment intime, et que sa représentation échoue à retenir autre chose que sa trivialité, échoue à transmettre ne serait-ce qu'un peu de ce qu'il est vraiment, une intensité amoureuse. Montrer un personnage faire l'amour, c'est comme tomber nez à nez avec un couple en pleine action : de leur intensité amoureuse, nous ne retiendrons que le plus trivial. Rien de ce qui se noue véritablement ne nous parvient, parce que ce n'est pas de l'ordre du transmissible. Alors, si en théorie je suis d'accord avec toi, Erion, je me demande tout de même si l'on peut affirmer qu'une scène de cul est une scène comme une autre. A moins que baiser ou acheter du pain ça ne soit kif kif ?
Curieusement, je suis de l'avis d'Erion.
Après, tout dépend de ce que l'on met derrière "scène de cul". Un bon auteur nous transmet les émotions de ses personnages donc nous transmet ces émotions également quand ils font l'amour. Mais, justement, parfois, comme dans certains romans de bit-lit, cela devient trivial/accrocheur et on perd l'intérêt, à mon sens. Mais c'est que l'auteur préfère l'aspect porno-vendeur aux émotions, pas que ce ne soit pas possible.
Hier, je revoyais
le Soleil de Noël (Buffy, saison 3). Le dilemme du vampire Angel est que, s'il couche à nouveau avec Buffy, il reperdra son âme. Il y a donc une "scène de cul" quand Buffy et Angel font le même rêve. Ca n'a rien de trivial ni d'impudique car c'est exactement ce que les persos ressentent, ce qu'on veut nous montrer d'eux. En la visionnant, on ne pense pas "oh, de la sueur", mais on est partagés entre le fait que, romantiquement, on leur souhaite ce bonheur et, rationnellement, on sait que ça ne doit pas arriver.
Tout ça pour dire que tout peut être chiant quand ça n'apporte rien à l'histoire et tout peut être génial quand ça la sert. Que ce soit un dîner, un dialogue avec le micro-ondes ou deux adultes qui suent.
J'ajouterai qu'une scène de sexe et acheter du pain, ça n'est pas la même chose... parce que, si le héros achète du pain, je m'en fous. Mais, s'il fait l'amour, je vais apprendre des choses sur lui : de qui est-il amoureux ? quelle valeur accorde-t-il au sexe dans le processus amoureux ? etc.
Mais si tu pars de l'idée que les choses ne sont pas transmissibles, alors aucun sentiment ne l'est.