Nébal a écrit : Le "et en plus c'est bien écrit", c'est une plus-value non négligeable, qui peut faire la différence entre un bon bouquin et un chef-d'oeuvre. Ca n'a rien de hors-sujet. Ou alors ça revient à exclure la science-fiction du champ de la littérature. Ca se défend sans doute, mais je ne te suivrai pas sur ce terrain-là.
En général, quand, dans une critique, on dit d'un roman qu'il est bien écrit, c'est rarement un compliment. On voit souvent que le critique a trouvé que ça à dire pour sauver le texte.
Vu que "c'est bien écrit" n'est pas un critère objectif (et la notion de style étant une vaste blague entretenue aussi bien par les auteurs que par les universitaires), faudrait commencer à l'évacuer.
Comme je l'ai dit ailleurs, dire d'un livre qu'il est "bien écrit" ou "mal écrit", c'est empêcher toute discussion, tout dialogue. Selon les extraits choisis, n'importe quel texte, n'importe quel roman peut apparaître sublime ou ridicule.
Alors si on pouvait faire descendre de son piédestal, ce critère "stylistique", la critique SF aurait fait un grand pas. J'ai plutôt l'impression, depuis quelques années, que ce concept est une manière facile d'établir une sorte de mur infranchissable, un voile qu'on ne devrait pas soulever.
L'écriture est un outil. C'est tout. Quand on regarde un meuble boulle, est-ce qu'on s'extasie sur l'oeuvre ou sur les outils utilisés pour la créer ? "oh, quel beau marteau !", "hmm, superbe lime".
Certains auteurs ont besoin de style utilitaire pour dire ce qu'ils ont à dire, d'autres ont besoin de styles plus fouillés, mais l'important, c'est ce qu'ils disent.
Plus exactement, pour une part non négligeable des lecteurs, l'important, dans la littérature, c'est ce qui est ressenti, compris, éprouvé, pas la manière pour y arriver.
Ce qui fait que Van Vogt a ému des générations de lecteurs, c'est ce qu'il a transmis, qui n'était pas la même chose que ce que transmettait Asimov ou Bradbury, ou Egan. C'est pour ça que Van Vogt faisait de la littérature, et pas des petits pois en conserve.
Les propos sur le style me font le même effet que ceux qui cherchent à dévoiler les tours de magie. Comme tue-l'amour, y'a pas pire.