Personnellement, je ne pense pas qu'il y ait des critères objectifs permettant de dire qu'un style est bon ou pas. Par exemple:Soslan a écrit :Je pense que si, l'écriture est une technique, comme celle de la peinture ou de la musique, et il existe des critères objectifs de qualité qui tiennent à la musique, au rythme, à la fluidité. Quand on bute presque sur chaque mot, c'est un défaut, tout comme une incohérence ou un oubli décevant dans l'intrigue.Cachou a écrit : A analyser peut-être, mais pas à apprécier. Tu peux par exemple étudier les figures de styles récurrentes chez un auteur, sa manière d'utiliser les temps, des choses comme ça. Mais ce n'est pas ça qui permettra de dire qu'objectivement le style est bon ou mauvais (mais je peux me tromper, disons que c'est la philosophie que j'applique dans mes cours).
Et le relativisme, c'est utile avec des élèves, mais s'agirait pas d'en faire un argument de politiquement correct. Je précise que je vise essentiellement les messages d'Erion qui semble visiblement faire à une allergie perpétuelle à tout avis personnel contre une oeuvre.
- je le reprends encore, mais simplement parce qu'il me dépasse complètement, le cas des "Aventurêves". Je croyais pouvoir dire qu'objectivement, c'était mauvais, à cause de fautes de français, du manque de fluidité du récité, etc. Mais ces critères-ci ne sont pas partagés par tous et plusieurs personnes, dont le fondateur d'une revue littéraire de SF (parce que je n'ai appris qu'après coup que Tof n'était pas un enseignant qui avait fait une animation avec l'auteur mais un critique), ont trouvé le style de l'auteur bon, à ma plus grande surprise. Donc un coup pour mon impression qu'il était objectivement impossible de considérer son écriture bonne selon des critères qui étaient pour moi évidents.
- "Twilight" Ze movie. En sortant du film, je pensais aussi qu'il était impossible de le considérer comme bon parce que le style de la réalisatrice était "objectivement" mauvais selon des critères que je pensais eux aussi partagés (utilisation abusive de clichés, ralentis beaucoup trop récurrents, travail de l'image déplaisant). Et puis pour finir, ce film a été un succès, et il y a même eu des critiques reconnus qui l'ont apprécié. Comme quoi...
Donc non, impossible de réellement quantifier le bon ou le mauvais, parce que le bon de l'un sera toujours le mauvais de l'autre, et vice-versa. Et Oncle Joe donnait tantôt l'exemple très probant de musiciens critiqués puis appréciés. Si je ne m'abuse, Debussy a été considéré comme un mauvais compositeur à son époque, puis a été apprécié après (si ce n'est pas lui, ça doit être un autre compositeur dans le style et qui me plaît, mais alors je ne sais plus lequel). Pourtant, aujourd'hui, on considère souvent ce compositeur comme "bon". Donc cela démontre bien la temporalité, la subjectivité des critères d'appréciation.
Du coup, parler en termes subjectifs quand on en vient à l'appréciation d'une œuvre, je ne pense pas que ce soit un abus de "politiquement correct", juste une question d'exactitude et de bon sens. Et là c'est la personne qui n'a jamais eu le même avis artistique que les autres qui parle, entre autres... Parce que j'ai eu droit plus qu'à mon tour aux "tu te trompes, c'est mauvais/bon". Et j'aurais aimé que ces personnes utilisent plus de précautions oratoires avec moi (ce qu'elles auraient dû faire, d'autant plus que certains étaient mes profs) parce qu'à cause de ça, pendant toute une période de ma vie, j'ai complètement dévalorisé mon jugement et j'ai même cru que je ne pourrais jamais être critique parce que je n'avais pas le même avis que les autres et que les autres semblaient maîtriser des codes du "bon" et du "mauvais" qui m'échappaient. Jusqu'à ce que je réalise qu'un bon critique n'était pas quelqu'un qui partage la conception du "bon" et du "mauvais" des autres mais quelqu'un qui arrive à argumenter ses goûts de telle manière à donner envie aux autres de s'intéresser à ce qui lui a plu.