Lensman a écrit :Gérard Klein a écrit :> Lensman
Le cas de Schumann critiqué par Malher est intéressant. Mais il faudrait savoir si Malher précise pourquoi il considère que les symphonies de Schumann étaient mal orchestrées ou s'il se contente de le dire sans explicitation même s'il a par devers lui des raisons fortes et précises de le penser. Le fait qu'il aurait réorchestré Schumann comme l'Oncle le dit permettrait de comparer les deux orchestrations et de faire ressortir les critères de Malher.
(Totalement ignorant de la notation musicale, je n'ai aucune idée de ce qu'un changement d'orchestration peut signifier: changement de la composition de l'orchestre, du tempo?)
Il est d'autre part possible que nous ayons perdu aujourd'hui, même pour les professionnels de haut niveau, la sensibilité à des nuances que percevait Malher. Dans ce cas, l'hypothèse de la variation historique s'appliquerait mais elle ne signifierait pas que Malher avait tort dans l'absolu.
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Beaucoup plus simplement, que Malher avait une appréciation différente sur certaines nuances de celle que la critique musicale porte aujourd'hui. Mais pourquoi?
Sans rien connaître à la musique (comme moi, par exemple), on peut écouter et comparer grâce aux enregistrements. Je l'ai fait souvent, et mes oreilles (il doit y en avoir de meilleures) entendent bien des différences, extrêmement nettes. Mais selon quel critère dois-je décider que c'est mieux, ou moins bien, ou finalement que les deux sont également défendables?
Il y a des différences, ce que je ne vois pas, c'est quel critère objectif me dit que l'un est mieux que l'autre (bien orchestré, mai orchestré). Ce qui est un tout au problème que de constater que c'est DIFFEREMMENT orchestré,
Par ailleurs, Dukas et Debussy (deux musiciens prestigieux, pour ceux qui l'ignoreraient) considéraient que Mahler ne savait pas orchestrer... ça expliquerait tout, c'est à dire rien..
A qui se fier, dans ces conditions?
Oncle Joe
Pourquoi?
C'est de la métaphysique, ce qui m'étonne, pour dire le moins, de ta part.
Dire le mieux ou le moins bien, cela relève également de la métaphysique si on cherche un Kriter absolu.
Mais c'est le comment qui m'intéresse. Quelle différence Malher a-t-il introduite? Cela nous renseignerait sur ses critères à lui.
Pour quelles raisons, à eux propres, Dukas et Debussy considéraient-ils que Malher ne savait pas orchestrer? Cela nous renseignerait sur leurs critères.
Et ensuite on pourrait peser ces critères au trébuchet d'un jugement historique et leur donner une plus ou moins grande extension.
Mais sans doute pour cela faut-il lire les partitions plutôt qu'écouter des enregistrements.
Les exemples de Cachou ne me semblent pas très significatifs. D'abord, deux critiques, peut-être un rien fanzineux, ne font pas le printemps. Ensuite l'exemple fourni n'a rien de scandaleux sauf peut-être dans la ponctuation: j'aurais mis deux points au lieu d'un point-virgule et pas de majuscule après un point-virgule. Quant aux virgules au lieu d'un point, ça se discute.
Ensuite quand elle cite Nothomb, je ne comprends pas. J'en ai lu deux ou trois. Nothomb n'est pas ma tasse d'Islay mais elle écrit "bien", presque de façon académique, avec un ton personnel marqué d'humour. Rien à voir avec Guieu ou Celui…
Quant à ce dernier, ses trois premiers romans étaient tout à fait supportables, voire défendables. L'idée était originale (tout le monde n'a pas lu Rienzi), la documentation solide et le traitement classique, voire un rien scolaire.
C'est après que les choses se gâtent, plus ou moins lourdement mais souvent gravement. Idées pompées, informations douteuses (en particulier dans les ouvrages prétendument "encyclopédiques"), style au mieux inexistant donc suscitant la lassitude, personnages stéréotypés, rebondissements téléphonés, dialogues en bois naturel, très grande vulgarité dans le propos racoleur, rien que du médiocre.
Qu'un jeune lecteur ne s'en aperçoive pas, c'est compréhensible, voire normal.
Donc, même si Cachou a pu évoluer dans ses critères de lecture, c'est aussi l'auteur qui a changé en empirant, peut-être parce que sa vraie nature revient au galop, ou peut-être parce qu'il flatte consciemment les plus bas instincts de son public, en démagogue averti.
C'est du reste un point qu'il devrait prendre en considération quand il se plaint avec ses complices de la Ligue du peu d'attention critique portée à son (leur) œuvre: c'est simplement qu'elle est médiocre, ni assez nulle ou extravagante pour qu'on soit tenté de la stigmatiser, ni assez remarquable pour qu'elle force l'attention en dehors de son éventuel succès qui est un phénomène ou plutôt un symptôme de société, tout à fait extra-littéraire. Et du reste, quand il a une page dans Le Monde ou ailleurs, c'est à ce titre.
Mon immortalité est provisoire.