Littérature et technologie

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Lensman
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Message par Lensman » dim. févr. 06, 2011 8:30 pm

bormandg a écrit : Si on commence, toute fiction non nombriliste ou propagandiste relève de l'"escapism".
C'est peut-être un peu "radical" comme commencement de discussion sur le terme... il va recouvrir tellement de chose que ça ne sert plus à rien...
Je parlais d'éclaircissement, pas d'annihilation...
Oncle Joe

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Eons
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Message par Eons » lun. févr. 07, 2011 7:27 am

« escapism » ne désigne-t-il pas tout simplement la littérature d'évasion ?
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr

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Lensman
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Message par Lensman » lun. févr. 07, 2011 8:47 am

Eons a écrit :« escapism » ne désigne-t-il pas tout simplement la littérature d'évasion ?
Je crois que ce que c'est le terme "évasion" qui pose problème.Evasion de quoi? Faut-il le distinguer de "plaisir"?
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » lun. févr. 07, 2011 9:46 am

Comme toujours, il s'agit moins d'accéder à l'hypothétique sens profond d'un terme que de se mettre d'accord sur une convention pour pouvoir discuter. Disons que j'ai parlé d'escapism pour désigner, de manière intuitive, large, floue, la littérature d'évasion vs celle qui prétend dire tenir un discours délibéré sur le réel, éventuellement faire réfléchir sur lui (1). Par curiosité, j'ai jeté un coup d'œil à la fiche wikipedia sur le sujet. La notion semble plus articulée que je ne le pensais mais je n'ai pas l'impression qu'elle contrevient à l'usage que j'en ai fait (par ailleurs, un splendide tableau métaphysique illustre ce petit papier).

Sinon, j'ai surtout signalé le papier de de la Porte parce qu'au-delà de son incidente sur la SF et sa position éternellement problématique vis à vis de la littérature, il me semble dire, en creux, quelque chose d'intéressant sur la crise du domaine-en-tant-que-truc-techno-et-futur. Particulièrement ici :
Plus la littérature est conduite vers les faubourgs de la culture, plus elle est chérie comme un sanctuaire, loin de tout ce qu'il y a de vulgaire, de superficiel et factice dans cette culture. La littérature devient alors le lieu où l'on se retire quand on est fatigué des divorces de stars, des intrigues de bureau, des procès du siècle, des derniers produits Apple, des engueulades par mail, et du sexting – bref, quand on lassé de ce qui occupe l'esprit et les conversations de tout autre que nous-mêmes.

Si ces deux missions semblent incompatibles, c'est parce qu'elles le sont vraiment. Pour les accomplir toutes les deux ensemble, il faut être capable de dériver de l'atemporel à une série de frivoles maintenant, et il faut persuader les lecteurs que vous leur avez donné ce qu'ils voulaient en leur présentant ce qu'ils essayaient de fuir en venant vous voir.




(1) J'imagine que quelqu'un va demander qiu'on s'entende maintenant sur "sens profond", "évasion", "discours", "délibéré", "réel" et "réfléchir". Le même ou un autre signalera qu'il existe aussi des œuvres où escapism et discours sur le réel sont compatibles.

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Lensman
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Message par Lensman » lun. févr. 07, 2011 10:09 am

Lem a écrit :Comme toujours, il s'agit moins d'accéder à l'hypothétique sens profond d'un terme que de se mettre d'accord sur une convention pour pouvoir discuter. Disons que j'ai parlé d'escapism pour désigner, de manière intuitive, large, floue, la littérature d'évasion vs celle qui prétend dire tenir un discours délibéré sur le réel, éventuellement faire réfléchir sur lui]
Voilà, c'est le "prétend dire tenir" qui m'intéresse. Il faut que le lecteur soit au courant de la volonté de l'auteur dans ce domaine. En littérature générale, est-ce qu'il y a des auteurs importants immédiatement contemporains que l'on pourrait (en gros) considérer comme escapistes, et d'autres non-escapistes?
Oncle Joe

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Message par Lensman » lun. févr. 07, 2011 10:19 am

La citation:

Plus la littérature est conduite vers les faubourgs de la culture, plus elle est chérie comme un sanctuaire, loin de tout ce qu'il y a de vulgaire, de superficiel et factice dans cette culture. La littérature devient alors le lieu où l'on se retire quand on est fatigué des divorces de stars, des intrigues de bureau, des procès du siècle, des derniers produits Apple, des engueulades par mail, et du sexting – bref, quand on lassé de ce qui occupe l'esprit et les conversations de tout autre que nous-mêmes.

c'est à peu près ce que disaient mes profs de lettres (hormis les produits Apple et le mail, mais en ajoutant le sport, c'est redoutable, ça, le sport), ce qui ne nous rajeuntit pas...
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Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » mar. févr. 08, 2011 2:18 am

Lensman a écrit :L'emploi du bon vieux terme "anticipation", à la place de "science-fiction", est assez amusant, aussi... ça donne un air un peu "vieillot", ou comme si l'article était écrit dans un monde parallèle où le mot "science-fiction" ne se serait jamais imposé...

A part ça, j'ai une hypothèse sérieuse: le monde littéraire pense que le Net est une mode éphémère (comme les SITU), et attend que ça passe, espérant éviter d'avoir à en parler...

Oncle Joe
Dans le mille.
Comme la bombe atomique, la vaccination, la roue, peut-être le feu (enfin, je veux dire la pierrafeu) .
Ah, j'allais oublier l'imprimerie.
Une mode en train de passer, grâce à Dieu.

Bon, j'ai réagi trop vite et trop tard, avant d'avoir lu la suite. Tant pis.
Mon immortalité est provisoire.

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Message par bormandg » mar. févr. 08, 2011 11:27 pm

Gérard Klein a écrit : Une mode en train de passer, grâce à Dieu.
Pas Toi, mais il y a effectivement des concurrents qui oeuvrent en ce sens...
"If there is anything that can divert the land of my birth from its current stampede into the Stone Age, it is the widespread dissemination of the thoughts and perceptions that Robert Heinlein has been selling as entertainment since 1939."

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