jerome a écrit :Peut-être qu'ils peuvent nous dire, Mélanie, Pierre Paul ou JDB, s'il y a un style, ou des réccurences dans le style des anglo-saxons par rapport aux français. (Je n'y crois pas trop note bien)
J'aurais tendance à te retourner la question. Si tu lis quelques pages de plusieurs de mes traductions, est-ce que tu retrouves le même style? Est-ce que
Langues étrangères de Di Filippo parle de la même voix que
Le dit d'Aka d'Ursula Le Guin? Ou le Chevalier-Mage de Wolfe de la même que
Le poids de son regard de Tim Powers? Si oui, je suis un nul.
Bien sûr qu'il y a des récurrences. Dick, à quelques exceptions près, a un non-style volontaire, tout de mots et de phrases simples, qu'il ne faut pas "améliorer". Silverberg est assez littéraire, utilise souvent du flux de conscience sans l'identifier comme tel, bascule sans cesse, donc, de l'écrit au parlé. Wolfe est un impressionniste; il faut garder ses petites touches qui n'ont l'air de rien ou, quand on se recule pour voir l'ensemble, l'image a du mal à apparaître.
Je me considère, et je suis apparemment considéré, comme un traducteur fidèle. "Le texte, rien que le texte, tout le texte", telle est la formule que Gérard Klein a employée quand je lui ai demandé ce qu'il recherchait dans une traduction. Ceci dit, mon unité de comparaison, ce n'est pas toujours la phrase, mais plutôt le paragraphe. Il faut qu'il il y ait les mêmes informations, le même rythme, le même élan.
Je travaille donc beaucoup sur la taille du texte. Sans rien couper, je me débrouille pour obtenir une VF si possible égale en volume à la VO, alors que l'idée générale est qu'une traduction française prend 10-15% par rapport à l'original anglais. (Les vieilles traductions que je réécris ont donc tendance à fondre.)
Très empirique comme démarche, j'en conviens.
Par contre, effectivement, beaucoup d'auteurs anglo n'ont pas de "style" au sens où on l'entend -- ils produisent une prose efficace, transparente. Si la SF française a un défaut, c'est qu'elle est parfois surécrite alors que cela ne se justifie pas. Ou mal écrite (je ne peux pas lire
L'histrion, carrément bourré de fautes de style, voire de grammaire). Mais ça, c'est moins la faute des auteurs que celle de leurs éditeurs...