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Cordwainer
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Message par Cordwainer » jeu. févr. 08, 2007 4:49 pm

Je chronique des bouquins toute l'année, et quand je le fais je ne peux pas me contenter d'une simple question de feeling.
Je crois que tu as là toute l'explication.

Toi tu fais ça en professionel. Moi je prends un livre, je lis et soit j'aime soit je rejette. Je n'ai aucune raison de me poser des questions sur le pourquoi d'un rejet. Je n'aime pas, point barre.

Alors, en effet, il y a des textes US que je n'ai pas aimé non plus (ex: la trilogie "d'Helliconia") et je ne suis pas un inconditionel de la SF US. Mais, quand j'ai bien aimé un texte c'est à 90% un texte US ou anglais.

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Cordwainer
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Message par Cordwainer » jeu. févr. 08, 2007 5:00 pm

Les futurs lointains, les grands espace intersidéraux, les artéfacts qu'on trouve en orbite autour de Jupiter ou de la Terre, les portes distrans, les droïdes qui gèrent une Culture qui s'étend dans la galaxie, des chasseurs de prime qui court après les réplicants, l'épice, les complots derrière les complots, des capitaines chimériques rattachés à leurs vaisseau, la nanotechnologie, des poursuites dans une cité située dans un gouffre, des scientifiques qui se rendent dans la couronne solaire pour y découvrir des extraterrestres, des empires galactiques qui ressemblent à l'empire romain, des vaisseaux de la taille d'une planète, des milliards de personnes qui sont ressuscitées le long d'un gigantesque fleuve, des soldats qui subissent un décalage temporel lorsqu'ils reviennent sur Terre, des bibliothèques galactiques qui permettent l'élévation d'une civilisation, les immortels, le gritche, les amiraux qui se prennent pour Horatio Hornblower, les vers géants, etc.
Alors là, bravo ! :lol: Je n'aurais pas dis mieux ! C'est exactement TOUT ce que je recherche et que je trouve dans la SF US.

Moi aussi je ne demande qu'à me laisser convaincre. D'où mon idée de lire Bordage pour voir si j'accroche et si il est (AMHA) aussi bon que les anglo-saxons.

rmd
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Message par rmd » jeu. févr. 08, 2007 5:04 pm

Cordwainer a écrit :Car je pourrais, de même, te dire que je ne te comprends pas et te dire que tu es prisonnier d'une illusion d'optique de la SFF.
On va finir par croire que je trolle, mais pour moi, la SFF, ca n'existe pas. Je suis sur que si on faisait des blind tests avec des extraits de dufour, colin, egan, wagner ou wilson, on pourrait lire des chapitres entiers, voire des livres entiers sans que le public devine la nationalité de l'auteur.
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Papageno
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Message par Papageno » jeu. févr. 08, 2007 5:13 pm

Je me demande si le malentendu ne vient pas de la SF des années 70 qui a traumatisé bien des lecteurs de cette génération. Un certain nombre d’auteurs de cette époque ne juraient que par la SF politique. Ils avaient envers les auteurs qui ne partageaient pas leurs points de vue, une attitude limite agressive.(On parlait de terrorisme intellectuel). La SF devait être militante, se débarrasser de toutes imageries populaires, le fameux «Sense of wonder » etait considéré comme rétrograde. Cela se traduisait dans la dans le choix des thèmes(un futur proche) et dans une écriture provocante. Je me souviens plus très bien mais je me demande s’il n’y avait pas une collection qui s’appelé «Ici et maintenant» par opposition au «Ailleurs et demain» de Gerard Klein. Même les Essais s’en ressentaient «SF et capitalisme», «Pourquoi j’ai tué Jules Verne». Et les écrivains de plus grandes envergures ont sans doute préférés se taire plutôt que d’être taxé de réactionnaire. Il suffit de lire certains éditoriaux écrits par exemple par Michel Demuth pour mesurer leurs amertumes.
Bref, beaucoup de lecteurs se sont détournés de la SF française à cette époque, et chez certains de ces lecteurs la brisure perdure toujours. Les dégâts plus de 30 ans après ne sont toujours pas réparés
PS : attention tous les écrivains de cette époque ne sont pas Mauvais. Dominique Douay par exemple etait très bon.

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Virprudens
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Message par Virprudens » jeu. févr. 08, 2007 5:29 pm

J'ai donc bien fait de me contenter de Philippe Ebly dans les 80's... Pour le gamin de 10 ans que j'étais, ça en était plein du 'Sense of Wonder'.
Sauf qu'il est belge le Philippe... Ca compte ou pas ?
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kibu
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Message par kibu » jeu. févr. 08, 2007 5:29 pm

On va finir par croire que je trolle, mais pour moi, la SFF, ca n'existe pas. Je suis sur que si on faisait des blind tests avec des extraits de dufour, colin, egan, wagner ou wilson, on pourrait lire des chapitres entiers, voire des livres entiers sans que le public devine la nationalité de l'auteur.
Non non !
C'est l'affirmation la plus intéressante de ce thread.
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Virprudens
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Message par Virprudens » jeu. févr. 08, 2007 5:34 pm

kibu a écrit :
On va finir par croire que je trolle, mais pour moi, la SFF, ca n'existe pas. Je suis sur que si on faisait des blind tests avec des extraits de dufour, colin, egan, wagner ou wilson, on pourrait lire des chapitres entiers, voire des livres entiers sans que le public devine la nationalité de l'auteur.
Non non !
C'est l'affirmation la plus intéressante de ce thread.
Ca, c'est de l'idée!!
Pourquoi ne pas lancer un topic là dessus ? Prendre un extrait de bouquin et faire deviner de qui il s'agit ? Un peu dans l'esprit des Papoux dans la tête de France Culture (oui bon, désolé, j'avais besoin d'une référence, j'ai p'tet pas pris la meilleur, j'vais me faire cataloguer direct), mais orienté SF.
Qui s'y colle ?
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Eric
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Message par Eric » jeu. févr. 08, 2007 5:35 pm

kibu a écrit :
On va finir par croire que je trolle, mais pour moi, la SFF, ca n'existe pas. Je suis sur que si on faisait des blind tests avec des extraits de dufour, colin, egan, wagner ou wilson, on pourrait lire des chapitres entiers, voire des livres entiers sans que le public devine la nationalité de l'auteur.
Non non !
C'est l'affirmation la plus intéressante de ce thread.
Ouaip... Enfin pas dans la forme désagréablement cassante où c'est formulé, bine entendu (A.K. sors de ce coooooooooorps !), mais je suis d'accord dans l'esprit.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.

PierrePaul
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Message par PierrePaul » jeu. févr. 08, 2007 5:38 pm

jerome a écrit :Peut-être qu'ils peuvent nous dire, Mélanie, Pierre Paul ou JDB, s'il y a un style, ou des réccurences dans le style des anglo-saxons par rapport aux français. (Je n'y crois pas trop note bien)
J'aurais tendance à te retourner la question. Si tu lis quelques pages de plusieurs de mes traductions, est-ce que tu retrouves le même style? Est-ce que Langues étrangères de Di Filippo parle de la même voix que Le dit d'Aka d'Ursula Le Guin? Ou le Chevalier-Mage de Wolfe de la même que Le poids de son regard de Tim Powers? Si oui, je suis un nul. ;)

Bien sûr qu'il y a des récurrences. Dick, à quelques exceptions près, a un non-style volontaire, tout de mots et de phrases simples, qu'il ne faut pas "améliorer". Silverberg est assez littéraire, utilise souvent du flux de conscience sans l'identifier comme tel, bascule sans cesse, donc, de l'écrit au parlé. Wolfe est un impressionniste; il faut garder ses petites touches qui n'ont l'air de rien ou, quand on se recule pour voir l'ensemble, l'image a du mal à apparaître.

Je me considère, et je suis apparemment considéré, comme un traducteur fidèle. "Le texte, rien que le texte, tout le texte", telle est la formule que Gérard Klein a employée quand je lui ai demandé ce qu'il recherchait dans une traduction. Ceci dit, mon unité de comparaison, ce n'est pas toujours la phrase, mais plutôt le paragraphe. Il faut qu'il il y ait les mêmes informations, le même rythme, le même élan.

Je travaille donc beaucoup sur la taille du texte. Sans rien couper, je me débrouille pour obtenir une VF si possible égale en volume à la VO, alors que l'idée générale est qu'une traduction française prend 10-15% par rapport à l'original anglais. (Les vieilles traductions que je réécris ont donc tendance à fondre.)

Très empirique comme démarche, j'en conviens.

Par contre, effectivement, beaucoup d'auteurs anglo n'ont pas de "style" au sens où on l'entend -- ils produisent une prose efficace, transparente. Si la SF française a un défaut, c'est qu'elle est parfois surécrite alors que cela ne se justifie pas. Ou mal écrite (je ne peux pas lire L'histrion, carrément bourré de fautes de style, voire de grammaire). Mais ça, c'est moins la faute des auteurs que celle de leurs éditeurs...

rmd
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Message par rmd » jeu. févr. 08, 2007 5:55 pm

Eric a écrit :Ouaip... Enfin pas dans la forme désagréablement cassante où c'est formulé, bine entendu (A.K. sors de ce coooooooooorps !), mais je suis d'accord dans l'esprit.
Rho, je vois pas ce que j'avais de cassant.

Allez, un exemple: prend le gout de l'immortalité, enleve le premier paragraphe qui contient une référence à une affaire judiciaire francaise et à un héros débile, et hop, je pense qu'il est impossible de deviner la nationalité de l'auteur. Tout au plus certains (pas grand monde certainement) verront la ressemblance de style avec Yourcenar, mais c'est à peu près tout.

On pourrait aussi faire une étude auprès du lectorat de "bloodsilver", je suis sur que ce serait amusant de voir combien sont persuadés que c'est un bouquin américain.

Et au contraire, prend la nouvelle d'Egan dans axiomatique parlant de l'avocat défendant des immigrés, elle n'aurait pas dépareillé dans un recueil kesselring des années 70.
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Mélanie
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Message par Mélanie » jeu. févr. 08, 2007 5:56 pm

jerome a écrit :Peut-être qu'ils peuvent nous dire, Mélanie, Pierre Paul ou JDB, s'il y a un style, ou des réccurences dans le style des anglo-saxons par rapport aux français. (Je n'y crois pas trop note bien)
Je veux bien répondre, mais tu penses à quel type de récurrences ? Là, je viens de parcourir tout le sujet en diagonale, ayant tout juste récupéré ma connexion, donc je n'ai pas suivi toutes les subtilités. Faut que je relise tout ça à tête reposée. Mais a priori, à part quelques tics de langage récurrents, je vois plus de différences que de similitudes dans le style des auteurs que j'ai traduits.

Pour en revenir à la question de départ : j'ai commencé par "Le Seigneur des Anneaux" à 12 ans. J'avais lu quelque part le titre qui m'était resté en tête, et quand je suis tombée dessus en librairie, j'ai réussi à convaincre mes parents de me l'acheter. C'est le premier gros choc littéraire dont je me souvienne. Après ça, je crois que j'avais envie de lire d'autres bouquins comme celui-là mais je ne savais pas où chercher, donc je n'ai pas trop creusé (je me rappelle juste avoir dévoré les "Livres dont vous êtes le héros"). A 14 ans, j'ai commencé à emprunter plein de bouquins de Dick à la bibliothèque. Je ne sais plus quel a été le déclic exact, mais je me demande si ce n'était pas tout simplement la vision de "Blade Runner". J'ai continué sur ma lancée en lisant Asimov et d'autres classiques, et puis vers 16 ans, je suis tombée dans le fantastique en commençant par King et je n'en suis plus ressortie.

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kibu
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Message par kibu » jeu. févr. 08, 2007 5:56 pm

Est-ce que Langues étrangères de Di Filippo parle de la même voix que Le dit d'Aka d'Ursula Le Guin? Ou le Chevalier-Mage de Wolfe de la même que Le poids de son regard de Tim Powers? Si oui, je suis un nul.
Rhaaa lovely ! Que des livres que j'ai adoré (le traducteur a-t-il contribué à cela ?)
Et l'I.A. et son double.
(je flatte si je veux)
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Mélanie
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Message par Mélanie » jeu. févr. 08, 2007 6:07 pm

jerome a écrit :Chez les pêteux littéraires, il y en a certains qui se refusent à lire des traductions, sous prétexte que justement une autre personne est passée sur le texte.
Mais dans les faits, quand tu lis une traduction, tu ne lis pas tout à fait le même texte que la VO. Plutôt une interprétation qui sera plus ou moins fidèle, et qui dépendra en partie de l'identité du traducteur. Deux traducteurs planchant sur le même texte n'en donneront pas le même rendu.

Depuis que je travaille comme traductrice, j'ai de plus en plus de mal à lire des textes traduits. D'abord par déformation, parce que je ne peux pas m'empêcher d'essayer de "lire" la VO derrière les phrases, mais surtout parce que je sais d'expérience qu'il y a des pertes. On essaie de les minimiser, de rendre le texte le plus fidèlement possible, mais il y a toujours des pertes, même si elles sont parfois compensées ailleurs.
Attention, loin de moi l'idée de faire un procès aux traducteurs. On a plein de bons traducteurs en SF. Je me demande juste si une trad a un impact sur le style d'un auteur ou pas, et donc sur notre perception d'un livre. Comment font-ils pour conserver la patte de l'auteur ?
Ils essaient. Parfois, ils y arrivent, et parfois non. :P
Je pense effectivement, comme je le disais plus haut, que la trad a un impact.
Pour ce qui est de conserver la patte, je pense que ça aide déjà beaucoup quand on te confie un auteur avec lequel tu te sens "en phase". Je pense qu'il y a des affinités entre auteurs et traducteurs, et le succès d'une traduction repose peut-être en partie là.
Après, c'est difficile à expliquer. Je fonctionne de manière assez instinctive à ce niveau-là, j'essaie de m'imprégner du style de l'auteur pour écrire "à sa façon". Et j'essaie de me faire à ce paradoxe qui est que, souvent, pour réussir à rendre le style d'un auteur, il faut remanier la structure de ses phrases et apprendre à s'en éloigner.

Une de mes trouilles quand je traduis, en tout cas, c'est de finir par appliquer au livre une griffe qui soit la mienne plutôt que celle de l'auteur, au point où je n'arriverai plus à différencier le style de deux auteurs et à rendre leurs spécificités. C'est difficile à doser. Et c'est aussi pour ça que j'ai de plus en plus de mal à lire des ouvrages traduits : je ne sais jamais dans quelle mesure la voix que j'entends est celle de l'auteur ou celle du traducteur.

PierrePaul
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Message par PierrePaul » jeu. févr. 08, 2007 6:08 pm

kibu a écrit :(le traducteur a-t-il contribué à cela ?)
Le meilleur traducteur est invisible. ;)

PierrePaul
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Message par PierrePaul » jeu. févr. 08, 2007 6:11 pm

Mélanie a écrit :je ne sais jamais dans quelle mesure la voix que j'entends est celle de l'auteur ou celle du traducteur.
Oui, c'est toute la problématique. Même quand une traduction est techniquement irréprochable. A une époque, j'avais tendance à trouver que tous les bouquins traduits par Jean Bonnefoy se ressemblaient un peu trop.

Je le répète: le meilleur traducteur est invisible.

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